Non, ce n’est pas le gouvernement du président. Loin de s’en faut. C’est le chef de l’Etat en personne qui a insisté dessus le jour de la désignation d’Elyes Fakhfakh pour la formation du gouvernement.
Kaïs Saïed nous lisait son communiqué, avec sa diction détonante, en nous disant que le gouvernement ne sera pas le sien, qu’il en est totalement détaché et qu’il agissait ainsi en total respect de la volonté des électeurs aux législatives et celle des partis ayant proposé des candidats à la Primature. Etrange façon de respecter toutes ces volontés, surtout que l’heureux élu et son parti, qu’il a quitté cette semaine, avaient essuyé un échec cuisant aux dernières élections ; surtout que ce même heureux élu n’a en aucun cas été proposé par les partis vainqueurs. Seulement Tahya Tounes, parti du chef du gouvernement sortant, avait glissé son nom sur sa liste.
Pour argumenter son énoncé, le chef de l’Etat avance que puisque ce sont les députés qui accorderont la confiance au gouvernement, on ne pourrait dire que c’est le sien ! Question logique, il faudra chercher ailleurs. Et puis en même temps, il relève qu’une minorité de députés a proposé Elyes Fakhfakh et que le dernier mot reviendra donc au parlement.
Non, ce n’est pas le gouvernement du président, mais Elyes Fakhfakh, au moment de sa désignation, a annoncé que son gouvernement travaillera en étroite collaboration avec la présidence de la République et refusera d’entrer dans les tiraillements politiques. Une manière de dire aux autres partis « attention, je suis sous la protection du président qui aura son mot à dire tout au long du processus de formation du gouvernement ». Une implication du chef de l’Etat qui n’est pas explicitée par le fameux article 89 de la constitution. Le texte dispose que le président choisisse la personnalité la plus apte et que celle-ci composera un gouvernement, ni plus ni moins.
Elyes Fakhfakh a entamé dans l’après-midi de jeudi, les consultations pour s’assurer une ceinture politique. Dans la liste des rencontres distribuées aux journalistes, on a pu constater l’absence du deuxième parti représenté au parlement Qalb Tounes et celle du Parti destourien libre de Abir Moussi, cinquième en nombre de sièges. Dès lors, il était clair qu’Elyes Fakhfakh ne comptait pas inclure ces deux partis dans le cercle des consultations et qu’il était question de les exclure.
La confirmation est venue ce vendredi. Conférence de presse millimétrée du nouveau désigné pour présenter sa démarche et ses choix. Exit Qalb Tounes. Exit le PDL. La raison est toute simple, Elyes Fakhfakh a choisi comme critère, la légitimité des résultats et la symbolique du deuxième tour de l’élection présidentielle, cette volonté exprimée massivement par le peuple, comme il le dit avec emphase. Du coup, pour sa ceinture politique Elyes Fakhfakh a décidé, tout seul, sans que personne ne le lui demande, de se mettre d’accord uniquement avec les partis qui ont soutenu le président de la République lors du deuxième tour qui l’opposait à Nabil Karoui.
Non, ce n’est pas le gouvernement du président, c’est juste que Kaïs Saïed a donné un blanc-seing au candidat qu’il a choisi, en évinçant tous les favoris au poste, afin qu’il s’entoure de ses alliés du deuxième tour. C’est important de nuancer. Il ne faut pas chercher des poux là où ils ne se trouvent pas.
Donc, la logique d’Elyes Fakhfakh est que le gouvernement tirera sa légitimité des résultats de l’élection présidentielle. Mais qu’en est-il de la légitimité des résultats du scrutin législatif ? Et s’il se base sur les soutiens de Kaïs Saïed à la présidentielle, dans quelle mesure pourra-t-il les réunir autour d’un programme commun ? Les jours à venir, Elyes Fakhfakh devra jongler entre ses aspirations à mettre en place une équipe restreinte, avec un programme qui contentera tout le monde, et l’avidité des partis qui composent sa ceinture politique.
Voilà donc la constitution bafoué,la démocratie bafouée par ceux là même qui devaient les protéger.
" La politique a sa source dans la perversité plus que dans la grandeur de l'esprit humain". ( Voltaire )
Telle est la situation aujourd'hui des partis politiques représentés à l'assemblée.
Malin comme il est, le président a mis ces partis devant leurs responsabilités.
Soit ils votent la confiance au nouveau chef du gouvernement, soit ils déposent les armes.
Ainsi, ils iront de force quemader à nouveau auprès de l'électeur une petite place ho combien indispensable pour leur survie politique.
Donc, le risque est potentiel.
Et, cette fois-ci l'épée de Damoclès frappera san pitié au sein de cette myriade de politiciens arrogants et non reconnaissants envers un peuple qui n'en peut plus.
Ce malin de président a bien compris le problème et il cherche à s'en debarrasser au plus vite car à ce rythme le pays, déjà en rade, ne pourra plus se remettre sur les rails.
En fait, c'est cela le charme de la démocratie où chacun aspire à un idéal mais pas à n'importe quel prix car si on transgresse le contrat tout l'édifice s'écroule et la sentence ne tarde pas.
Pour servir quel peuple ?
Ils commettent par voie de conséquence, des violences voire des crimes.