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La course vers Carthage est-elle lancée ?
26/01/2024 | 13:00
6 min
La course vers Carthage est-elle lancée ?


2024 est une année électorale par excellence. Si peu de gens s’intéressent aux locales, c’est la présidentielle que tout le monde attend. Si en théorie, la course vers Carthage devrait se tenir avant fin 2024, le Président lui, reste muet sur la question et refuse de fixer une date. Ceci n’empêche pas les spéculations de fuser…et les candidatures même déguisées. 

 

Il est encore prématuré aujourd’hui de parler de présidentielle et pourtant, ce débat agite la scène politique. Entre ceux qui estiment qu’un scrutin n’a pas lieu d’être, ceux qui sont sceptiques et ceux qui présentent leur candidature, le doute est de mise.

« La présidentielle aura lieu dans les délais légaux, à savoir en 2024 », a déclaré Ahmed Chaftar, membre de la campagne explicative du président de la République. Hier, sur radio IFM, il avait affirmé : « Nous soutenons la candidature de Kaïs Saïed. Nous appartenons au même projet et nous voyons en lui une personne sincère. Il est en train de réaliser les revendications du peuple exprimées lors de la révolution ». 

Pour l’instant, la date de la prochaine élection présidentielle n’est pas encore fixée. Pour qu’une date soit fixée, le chef de l’État doit convoquer les électeurs trois mois avant la date du scrutin. Si la présentielle sera tenue avant la fin d’année, c’est à la rentrée que Kaïs Saïed devra convoquer les électeurs au vote. Il reste encore du temps, mais pour qu’un tel rendez-vous soit fixé, la loi électorale devra être amendée afin de clarifier les conditions dans lesquelles se déroulera le scrutin. 

 

En août dernier, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) avait annoncé que la présidentielle aura lieu à l’automne de 2024, conformément à l’agenda de l’Isie et à la loi électorale de 2014. Sauf que la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le Président suivra la loi de 2014 ou en proposera une nouvelle.

Toujours en théorie, et si l’on suit le calendrier de l’Isie, après l’élection des conseils locaux en décembre 2023, et celle des conseils régionaux, prévue en mars 2024, le chemin sera libre à la présidentielle. D’ailleurs, les proches du Président affirment que la loi électorale sera finalisée et les électeurs convoqués vers le mois de mars 2024. En l’absence d’une date claire et d’une déclaration du Président qui garantirait la tenue du scrutin, chacun y va de sa théorie.

Même si l’Isie affirme suivre son calendrier, la confiance n’est en effet pas au rendez-vous. L’avocat et membre du Front de salut, Samir Dilou, avait estimé, en décembre dernier, que Farouk Bouasker, président de l’Isie, n’avait pas à se prononcer au sujet de la tenue ou non d’une élection présidentielle, car « il n’était pas maître de ses décisions ».  Me Dilou argumente en affirmant que la tenue de la présidentielle n’est pas garantie face à un président qui « assure qu’il ne cédera pas le pays aux traîtres ». Selon lui, « une élection présidentielle n’aura lieu qu’en l’absence de véritable concurrence ».

 

En matière de concurrence justement, la scène est aujourd’hui plutôt vierge. Abir Moussi, présidente du Parti Destourien libre (PDL) et concurrente sérieuse de Kaïs Saïed, selon les derniers sondages, est aujourd’hui en prison. Son comité de défense estime que c’est pour lui barrer la route vers Carthage qu’on a décidé de porter plainte contre elle. « Nous avons considéré les plaintes contre Abir Moussi comme étant une tentative de l’exclure de l’élection présidentielle de 2024… Cette instance cherche à exclure tous ceux présentant leur candidature pour 2024… Cette instance a porté atteinte à la présidentielle avant même sa tenue ! Où sont passées l’intégrité et l’indépendance ? », avait déclaré l’avocat et dirigeant du PDL, Karim Krifa, dans une précédente conférence de presse.

En effet, même s’ils n’ont pas publiquement annoncé leur candidature pour une éventuelle présidentielle en 2024, de nombreux opposants politiques sont aujourd’hui derrière les barreaux, accusés de complot contre la sûreté de l’État ou de délits financiers. Les autres, encore libres, font l’objet d’affaires leur barrant la route vers Carthage.

 

De leur côté, les aficionados de Kaïs Saïed estiment qu’une élection n’a aucun intérêt et n’a pas lieu d’être, puisque, le pays a déjà trouvé son Sauveur.

Le 22 janvier, sur Radio IFM, Mahmoud Ben Mabrouk, secrétaire général du parti « Processus du 25-Juillet » a estimé qu’il n’y avait pas lieu de parler de la tenue d’une élection présidentielle en 2024. « On gouverne selon la constitution de 2022... Malgré ce nouveau texte, Kaïs Saïed est encore président », a-t-il dit.

Quelques jours auparavant, le même Mahmoud Ben Mabrouk avait appelé au report de la présidentielle jusqu’à 2025. Sur Express Fm, il avait affirmé : « Aujourd’hui, nous avons un Parlement élu sur la base de la Constitution de 2022, nous avons organisé des élections locales conformément à cette Constitution. Ainsi, et par souci de cohérence, il faut que l’élection présidentielle soit faite sur la base de cette même Constitution. Elle doit, donc, être reportée à 2025, sinon cela serait considéré comme étant une reconnaissance implicite de la Constitution de 2014 ».

 

Les seuls à avoir publiquement annoncé leur candidature à la présidence de la République sont aujourd’hui, Nizar Chaari, président du mouvement New Carthage, et Olfa Hamdi, ancienne PDG de Tunisair et présidente du parti la Troisième République.

Dans une vidéo datant du 24 janvier courant, Nizar Chaari a appelé le président de la République tunisienne « à fixer rapidement une date pour la tenue de la prochaine élection présidentielle et à accélérer la promulgation de la loi électorale afin de mettre fin à un débat stérile… ».

Difficile de savoir, pour l’heure si la candidature de Nizar Chaâri est une candidature sérieuse ou une position factice qui lui permettra, à la dernière minute, de se retirer pour soutenir le Président Saïed. Rappelez-vous en 2019, il avait entrepris la même manœuvre, en annulant sa candidature au dernier jour du dépôt, en faveur de Kaïs Saïed, alors candidat.

Quant à Olfa hamdi, elle se présente comme « arbitre », affirmant que son projet ira dans la continuité du processus entamé par le Président. Confiante quant à ses chances de se faire élire présidente, elle a assuré que Kaïs Saïed n’était pas capable d’être réélu dès le premier tour. 

 

Nombreux sont ceux qui pensent que Kaïs Saïed ne compte pas céder sa place en 2024. Dans l’autre camp, en revanche, aucun programme n’a été présenté, aucune proposition de réforme ni orientation quelconque pour les candidats officiels ou ceux, non encore déclarés. Comment commencer un soupçon de campagne alors que la tenue même du scrutin n’est pas encore garantie ?...

 

 

Synda Tajine

26/01/2024 | 13:00
6 min
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Commentaires
BOUSS KHOUK
ZAGHRTI HE M'BARKA ZAGHRTI
a posté le 29-01-2024 à 04:57
Ham jou wou ha ham jou LAHLALIF , hadhri rohik LIDHBIHA .
cito
commentaire
a posté le 28-01-2024 à 19:20
Avec quelle constitution va-t-on organiser les élections ? A qui compte t-il céder ces pouvoirs pharaoniques ? Qui est le vrai propriétaire de ces pouvoirs ? Je ne vois que des hyènes et des affamés, et des lobbies derrière eux. Saied a-t-il perdu la mémoire, l'homme qu'il a rencontré en 23 octobre 2019, lui a confié ce poste selon la constitution de 2014 !
Un article sur ce site de BN :
« Kaïs Saïed : Mohamed Ennaceur sera toujours le bienvenu à Carthage »
AMMAR TOUNSI
Par désespoir profond ...
a posté le 28-01-2024 à 18:45
Si même uniquement un vieux balai (Msal7è) s'oppose à Kaiis Saieb pour les prochaines élections, je voterai pour lui.
AN
Ma Question parce que je suis vraiment dépassée.
a posté le 28-01-2024 à 18:37
Je n'ai pas beaucoup de connaissances sur la politique du cirque tunisien, mais j'aimerais savoir s'il y a des partis politiques, même à ce qu´on appelle l'ARP ?
Wa3lech
Pourquoi
a posté le 27-01-2024 à 21:15
Pourquoi dire que personne n'a présenter de réforme ou de projet alors que Olfa Hamdi l'a fait ? Soyons objectif

Elle est l'une des seul à innover en terme d'image et de contenu,

Je pense qu'elle fera un bon score derrière KS et qu'il n'aura pas le choix que de lui donner sa chance à la tête d'un gouvernement. Sa ne sera pas compliquer pour elle de faire + que Bouden ou Hannachi (quelqu'un les a t'il déjà entendu?
Juan
pensez aux grosses entreprises US ...
a posté le à 17:21
que vont devenir les grosses entreprises US, dans Olfa ....
Abir
Pour quelle raison mérite t-il un deuxième mandat!?
a posté le 27-01-2024 à 13:37
Qu'est ce qu'il a fait pour ce pays et pour ce peuple pour qu'il mériterait un deuxième mandat!?! Au contraire , mon Dieu qu'il finisse cette période et qu'il parte , on ne veut plus d'avantage des catastrophes et des dégâts ! Il a mis notre pays en bas de l'échelle , plus personne nous respecte! S'il ose encore se présenter, ce qu'il s'en foutait de ce pays !
Juan
plus fort que Qwayes , tu meurs ....
a posté le à 17:23
il a réussi l'impossible: un tank au parlement !!
Nabil
Tout pour barrer la route à Saïed
a posté le 27-01-2024 à 11:09
Même si un jahaich se présente pour les présidentielles, alors je voterai pour lui. Il faudra barrer la route à Saied et empêcher le retour des islamistes au pouvoir. Ses deux sont responsables de tous les malheurs que nous vivons. Voter intelligent pour une fois.
Hamza Nouira
Et bien...
a posté le 26-01-2024 à 23:40
Je suis prêt a voter pour n'importe quel alternative!

Meme si le diable en personne (a.k.a Shaytan pour les intimes ) se présente aux élections et bien je voterai pour lui, juste pour avoir un changement !!!

Chelbi
Rever debout
a posté le 26-01-2024 à 22:25
Après tout ce qu'il a fait et dit, il y a encore des naïfs qui croient qu'il va céder le pouvoir pacifiquement et dans la loi?!!! Ou qu'il va risquer se jeter dans une élection libre?!! Hhhhhh
Oubliez ce terme « élections ». Ca sera une auto reconduction indéfinie au pouvoir embellie par une mascarade que ce Chaftar va appeler « élections ».

Si seulement le peuple savait dans quel gouffre il s'est lancé un certain octobre 2019!!!
soupiquet
Degage dictateur
a posté le 26-01-2024 à 21:18
Tout candidat et candidate est bon a prendre contre le dictateur, ont en a marre de se sinistre personnage incompétent et démagogique avec c'est mensonges et fausse promesse .
Tunisino
La course vers Carthage!
a posté le 26-01-2024 à 17:47
La course vers Carthage est-elle pour se honorer ou pour servir? Est-elle pour s'emmerder et emmerder ou pour contribuer au développement durable du pays? Tout est connu à l'avance, si on n'est pas assez intelligent, assez scientifiquement formé, assez administrativement expérimenté, assez équilibré, et assez honnête, il faut fuir la présidence (et toute responsabilité) pour ne pas mettre des innocents sur le dos, sauf que nos littéraires et illettrés sont des irresponsables, aventuriers et suicidaires.