Les enfants de Regueb, perdus à jamais ?
Il a fallu qu’une émission télévisée prenne des risques, s’aventure dans une école illégale aux pratiques plus que douteuses et dénonce les traitements que subissent des dizaines d’enfants, pour que la machine se mette en marche. Décidément, ces journalistes, ils se sentent obligés de fourrer leur nez partout…
L’école de Regueb est rapidement fermée, son directeur est mis en prison pour une année, dans une première affaire, le ministre de l’Intérieur est auditionné au parlement et révèle l’existence de 15 autres écoles, les enfants sont pris en charge et le cas de plusieurs autres écoles est révélé petit à petit par la société civile et les citoyens. Décidément, ces journalistes, il fallait qu’ils se mêlent de tout…
Le tristement célèbre Farouk Zribi a été condamné hier à un an de prison ferme et à une amende pour « mariage illégal ». Mais ce n’est que la première affaire – et la plus simple – dans laquelle il est accusé et qui est la plus facile à juger à l’heure actuelle. Des investigations sont menées pour clore les autres dossiers et rendre des jugements satisfaisants. Surtout que l’homme est influent, jouit d’une situation financière plus que confortable, est soutenu par certaines personnalités influentes, et est représenté par un bataillon d’avocats.
En attendant le dénouement de la justice, le plus important dans cette histoire est de savoir ce que deviennent les enfants retrouvés dans cette école ? Ces enfants ont été malmenés dans une école aux conditions plus que déplorables, après avoir fait l’objet de nombreux tests, après s’être transformés en bêtes de foire subissant les nombreuses visites de députés, acteurs de la société civile et autres venus s’enquérir de leur situation ou avoir, tout simplement, quelque chose à raconter. Hier, ils ont été remis à leurs parents.
Ces mêmes parents qui ont manifesté pour que l’école ne ferme pas ses portes et que les enfants restent là où ils étaient, niant de ce fait les abus sexuels avérés, l’exploitation économique et les violences physiques. Ces mêmes parents qui les ont déscolarisés, qui ont voulu en faire des enfants « déconnectés du système », pour intégrer un autre système d’embrigadement et d’endoctrinement. Aurait-il mieux fallu placer ces enfants en familles d’accueil ou les garder dans un centre qui les prenne en charge ? Rien n’est moins sûr. Faut-il ajouter à leur traumatisme subi au sein de l’école un autre causé par la séparation avec leurs parents et familles ? Que faut-il faire lorsque ces mêmes parents représentent un danger pour eux et que, eux-mêmes, n’en sont pas conscients ?
Ces enfants sont-ils « irrécupérables » et perdus à jamais, tel que commente l’un des médias de la place ? Il est encore trop tôt pour les condamner. Ces enfants ont échappé au pire, ils ont échappé à une institution d’embrigadement qui leur faisait subir un lavage de cerveau et les avait isolés totalement du monde extérieur. S’il y a de grands risques que leurs familles leurs fassent subir la même chose, ces enfants ne sont cependant pas irrécupérables si un suivi est assuré en parallèle.
Les enfants sont faciles à manipuler, à convaincre et à faire changer d’avis. Ils souhaitent être appréciés, reconnus, acceptés et suivre une cause dans laquelle ils croient. Ce genre d’écoles ne diffère en rien des réseaux d’embrigadement sur la toile et dans les mosquées, qui ont permis d’envoyer des centaines de combattants terroristes suivant une cause qui leur a été insufflée.
Ces écoles sont encore plus pernicieuses puisqu’elles s’y prennent plus tôt en ciblant des enfants à l’esprit encore vierge en leur inculquant des notions antisociales, un conditionnement et une déconnection totale avec leur environnement afin d’en faire des soldats dociles et obéissants.
Certaines de ces écoles étaient connues, opéraient sans même avoir besoin de se cacher, des rapports ont été rédigés et les autorités ont été averties. Aucune mesure n’a été prise avant que l’opinion publique ne s’en mêle et qu’il devienne urgent d’y trouver une solution. Livrer ces enfants à leurs familles sans assurer le moindre suivi nous ramène finalement au point de départ. D’autres opèrent encore aujourd’hui et ces enfants finiront par être embrigadés ailleurs…