Sara Chaouachi, fille de l’avocat, ancien ministre et ancien secrétaire général d’Attayar Ghazi Chaouachi, a publié un statut sur sa page Facebook, vendredi 26 janvier 2024, exprimant sa souffrance loin de son père en détention depuis presque un an dans le cadre d’une investigation sur une affaire de complot contre l’État. 

« En faisant le tour de Facebook, j’ai vu les gens se plaindre du fait que le mois de janvier soit sans fin. Vous dites donc que janvier vous semble lent ? Cela est vrai. Le mois qui arrive juste après le réveillon s’agrippe et est toujours long. Je vous laisse, cependant, imaginer la longueur des jours alors que vous êtes, et ceux qui vous sont chers (que Dieu vous en garde), privés de votre père, votre frère, votre époux, ou un ami, injustement en plus. Onze mois sans audience, sans procès, sans élément à charge et sans possibilité de visite directe, sans être en mesure de le saluer, de l’embrasser, de le prendre entre vos bras et sentir son odeur. J’ajoute, qu’après la prolongation par le juge de la période de détention en décembre dernier et quand l’investigation n’a pas abouti et que le dossier est resté vide, mon père a décidé de s’isoler en signe de protestation contre le traitement inhumain qu’il subit en prison après que la direction a refusé de lui accorder un médecin traitant. Durant ces jours, mon père a refusé de nous recevoir et de rencontrer ses avocats. Il a refusé le couffin. Je vous laisse imaginer notre préoccupation sans information sur son état alors qu’il est malade, seul et déprimé. Quand il en a eu conscience, il nous a écrit pour nous rassurer et nous expliquer le motif qui l’a poussé à s’isoler. La missive a été expédiée depuis 25 jours et elle ne nous est toujours pas parvenue. Sommes-nous même privés de lettres ? Sommes-nous même privés de voir son écriture ? Ses mots ? A chaque fois que je me rappelle que janvier est long, j’en ris. Qu’elles sont longues ces soixante ans papa alors que tu as vu se succéder un dictateur après l’autre, une répression après l’autre, une injustice après l’autre. Ce que la vie s’est rallongée à cause de vous ! Ce que les efforts doivent être de longue haleine pour vous faire face ! », a écrit Sara Chaouachi. 

En décembre dernier, la famille de Ghazi Chaouachi, a annoncé qu’il avait décidé l’isolement dans sa cellule et la désobéissance, refusant la parole et se contentant de se nourrir d’eau et de quelques morceaux de pain. 

Elle a expliqué, également, que l’avocat n’avait pas pu rendre visite à Ghazi Chaouachi, soulignant la dégradation de son état de santé. Me Chaouachi marche avec beaucoup de difficulté, ne dort pas de la nuit à cause de ses maux de dos et porte un collier cervical. En dépit de son état de santé, il n’a pas été transféré à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires.

Ghazi Chaouachi et plusieurs autres personnalités, dont le dirigeant du Front de salut national, Jaouhar Ben Mbarek, l'activiste et ancien responsable du parti Ettakatol Khayam Turki, l’ancien dirigeant nahdhaoui Abdelhamid Jlassi, le secrétaire général d’Al Joumhouri Issam Chebbi, ont été incarcérés en février 2023 en vertu d’une ordonnance de placement en détention provisoire pour une durée de six mois qui ne cesse d’être renouvelée. Ils sont tous visés par une enquête sur un complot contre la sûreté de l’État.

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N.J