La 84e session de la Convention d’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes (Cedaw), se tient du 6 au 24 février 2023, à Genève. Le Comité Cedaw doit examiner, ce vendredi 10 février, le rapport officiel de la Tunisie faisant l’état des lieux des droits des femmes dans le pays.

La cheffe du gouvernement Najla Bouden y était attendue mais a préféré communiquer, à distance, sur le sujet. Des membres de la société civile, de différents organismes tunisiens, sont, eux, sur place.

Depuis plus d’une demi-heure, le Comité Cedaw attend désespérément que Najla Bouden donne son allocution au nom du gouvernement tunisien, mais elle n'y parvient pas à cause d’une « panne technique ». La présidente de la séance a suspendu les travaux et demandé au gouvernement tunisien de trouver une salle équipée pour la réunion en ligne.

Sabri Bachtobji, ministre plénipotentiaire hors classe ambassadeur représentant permanent de la Tunisie auprès de l'Office des Nations unies à Genève, refuse d’assumer la prise de parole au nom du gouvernement, nous précise une source présente sur place.

Des organisations tunisiennes ont dénoncé ce qu’elles ont qualifié de « désinvolture manifeste du gouvernement Bouden », dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux. Les organisations féministes et de défense des droits humains attendent depuis 2020 l'examen du septième rapport périodique de l’État tunisien sur la mise en œuvre de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (Cedaw), indique le communiqué.

« Il était attendu que la cheffe du gouvernement prenne la parole à l'ouverture de cette session à 10h00 mais l'ensemble des participants y compris les membres du Comité Cedaw, ont été surpris par le fait que cette intervention n'ait pas eu lieu. La délégation des ONG tunisiennes présentes à Genève, ayant soumis nos rapports alternatifs et ayant rencontré hier les membres du Comité Cedaw pour échanger avec elles sur la plupart des problématiques des droits des femmes en Tunisie » précisent les signataires.

Ils ont condamné une « désinvolture officielle manifeste à l'encontre des droits des femmes et des engagements internationaux » et l’absence de la cheffe du gouvernement « qui confirme que les questions de lutte contre toutes les formes de violence et de discrimination à l'égard des femmes tunisiennes ne constituent pas une priorité pour ce gouvernement ».

Le communiqué est signé par l’Association tunisienne des femmes démocrates, Aswat Nissa, l’Observatoire pour la défense du droit à la différence en Tunisie et la Coalition tunisienne contre la peine de mort. 

M.B.Z