
L’écrivain et intellectuel Abdelhalim El Messaoudi, directeur de l'Institut supérieur d'art dramatique (Isad), a annoncé, dans une publication postée hier, mercredi 26 juin 2024, sur les réseaux sociaux, l’annulation de la représentation de la pièce « Le bout de la mer » de Fadhel Jaîbi au Festival international de Hammamet.
Abdelhalim El Messaoudi s’est indigné de cette annulation justifiée par des considérations « morales », affirmant que la partie à l’origine de la censure n’a pas sa place dans une institution culturelle de l’envergure du Centre International Méditerranéen d'Hammamet.
« Cette pratique est une insulte aux artistes et aux intellectuels, ainsi qu'aux dramaturges eux-mêmes, et une insulte au ministère de tutelle et au théâtre national tunisien, qui ont contribué à la production de cette œuvre monumentale (…) cet esprit prouve l’obscène et le régressif déguisé au nom de la moralité au détriment de la sensibilisation du public de manière critique et déconstructive à travers l’art sérieux, et l’extrême pauvreté intellectuelle pour comprendre les transformations intellectuelles et esthétiques que la Tunisie a connues depuis la révolution » a-t-il écrit.
Dans « Le bout de la mer », Fadhel Jaîbi adapte le mythe de Médée et de Jason où l’histoire, de la Grèce antique se transpose sur la terre des Arabes, ici et maintenant.
« Et si jamais Médée s’était abstenue de prendre la fuite et se présenta devant les institutions judiciaires et ses lois strictes … Devant les défenseurs/ses, de cette criminelle … Les psychologues, avec leurs propres contradictions et différents courants … Face à un public installé dans la tranquillité de ses idées et préjugés … Qui jugera Médée pour tous ses crimes ? A qui revient la légitimité de proclamer le droit à la vie et à la mort, face aux massacres quotidiens dont nous sommes témoins, commis par un homme qui se prétend humain ? Médée, aujourd’hui présente parmi nous, a-t-elle pu affronter le monstre qui nous habite, sans culpabilité aucune, bravant tous les interdits ? Qui juge qui… ? » peut-on lire dans la présentation de la pièce jouée aux JTC en décembre dernier.
M.B.Z