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Chroniques
La violence dans les stades est un prélude à la violence dans les rues
Par Marouen Achouri
05/06/2024 | 15:59
4 min
La violence dans les stades est un prélude à la violence dans les rues

 

On aura beau tenter de se laver les mains de ce qui se passe dans les gradins de nos stades et prétendre qu’il s’agit d’agissements isolés de supporters fanatisés, on ne pourra pas nier qu’il s’agit, quand même, d’un reflet assez fidèle de ce qui se passe dans notre société. Dernier clash en date, les affrontements entre les supporters du Club Africain et les forces de l’ordre lors du derby contre l’Espérance sportive de Tunis.

 

Le ras-le-bol est évident et les agissements des policiers ne font que mettre de l’huile sur le feu. Tous ceux qui ont vu la vidéo du jeune supporter jeté dans la fosse au péril de sa vie par des policiers en ont été choqués. Le jeune garçon s’en sortira avec plusieurs fractures. Tout le monde garde à l’esprit l’affaire Omar Laâbidi où l’impunité le dispute au ridicule. Les accusés dans cette affaire, des policiers, n’ont pas fait un seul jour de prison et certains d’entre eux ont même obtenu des promotions. A tort ou à raison l’accumulation de ce genre de péripéties alimente un sentiment d’injustice et de mépris qui explose au stade et qui pousse à l’affrontement avec les représentants de ce système injuste, et pour beaucoup ses principaux bénéficiaires : les policiers. Par incompétence, par manque de formation ou par volonté d’en découdre, ces derniers ne sont pas en reste. Le 10 avril 2023 lors d’un match de basket-ball opposant le Club Africain à l’Etoile sportive de Radès, la police a tiré du gaz lacrymogène en plein milieu d’une salle fermée ! Leur charge dans les tribunes a provoqué une bousculade dont les conséquences auraient pu être dramatiques. Le 29 avril lors du match entre l’Espérance sportive de Tunis (EST) et la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) comptant pour la Champion’s League africaine, nous avions assisté à un départ de feu au sein du stade de Radès avec des affrontements d’une violence inédite entre supporters et policiers. La scène d’un supporter muni d’une tronçonneuse est restée dans toutes les mémoires.

Toutefois, aucune réponse sérieuse et judicieuse n’a été fournie par les différents gouvernements à cette violence. Les autorités actuelles font preuve de la même naïveté devant ces phénomènes que leurs prédécesseurs et ne se rendent pas compte que les affrontements au stade avec la police sont annonciateurs d’une grogne sociale qui ne tardera pas à se déverser dans les rues. En plus, l’espace naturel d’administration des différends et où une certaine violence a également été observée, l’Assemblée des Représentants du Peuple, ne joue plus ce rôle et ils s’inscrivent tous dans le sillon présidentiel. Non pas que la violence au sein du parlement soit une bonne chose, mais il faut bien avouer que ce genre de choses s’observe partout dans le monde et que cela participe, à un certain degré, à absorber la violence latente dans la société. Depuis un certain 25-Juillet, le parlement, sous sa forme pluraliste du moins, a été fermé avec le concours de l’Armée nationale. Les problèmes vécus par les Tunisiens en relation avec l’autorité, mais aussi consécutifs à la dégradation de leur pouvoir d’achat et aux difficultés à joindre les deux bouts, à l’insécurité ressentie par rapport à l’avenir de leurs enfants, à l’incertitude concernant l’avenir du pays… Tout cela s’exprime, d’une manière ou d’une autre, dans les travées des stades de football.

 

Face à tout cela, la seule réponse fournie par les autorités est de serrer encore plus la vis. Une réunion a eu lien entre le ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Deguiche, et les dirigeants du football en Tunisie ainsi que des représentants du ministère de l’Intérieur suite aux évènements observés lors du derby. A l’issue de cette réunion, il a été décidé d’appliquer la loi avec toute la sévérité nécessaire contre ceux qui se seraient rendus coupables d’actes de violence et de vandalisme.

Le gouvernement va accélérer la mise en œuvre d’une loi contre les violences dans les stades. Une réunion est prévue avec le ministère de la Justice pour insister sur la nécessité d’appliquer les punitions nécessaires. Une commission nationale de sensibilisation comprenant des hommes de médias sera mise en place et le ministère de l’Intérieur a bien voulu ouvrir une enquête judiciaire et administrative pour déterminer les responsabilités dans ce qui s’est passé ce jour-là. On aura beau s’égosiller à dire que ce n’est pas la bonne méthode, que depuis tout temps des punitions chaque fois plus dures ont été appliquées et que cela n’a pas résolu le problème, les autorités semblent déterminées à perpétuer les mêmes pratiques en espérant des résultats différents.

 

Faisons un petit saut dans le passé. Nous sommes jeudi 8 avril 2010 au stade d’El Menzah, l’Espérance sportive de Tunis affronte le Club sportif de Hammam Lif (CSHL). Le match en lui-même n’avait que peu d’intérêt, l’action se déroulait dans les tribunes. De violents affrontements ont eu lieu entre les supporters de l’EST et les forces de l’ordre. C’était à l’apogée d’une période de répression ayant pris pour cible le public sportif. Quelques mois plus tard, la révolution a éclaté et plusieurs spécialistes n’hésitent pas à faire le lien entre ce qui s’est passé dans le stade et le fait que le ras-le-bol se soit exprimé dans les rues. Comme quoi, les mêmes causes conduisent aux mêmes résultats.

Par Marouen Achouri
05/06/2024 | 15:59
4 min
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Commentaires
Hassine
Mr M.A
a posté le 07-06-2024 à 12:24
Ils n'ont rien dans le ventre,que pouvez vous leurs demander, sec comme un désert à la foie myope et hypermetrope (vision de prêt nul,de loin idem)
Subir subir en attente du jour du grand jugement
Jean Neymar
Pas d'accord Mr MA.
a posté le 07-06-2024 à 09:06
"La violence dans les stades est un prélude à la violence dans les rues ."
Je ne suis pas d'accord avec vous,Mr MA, regardez le phénomène du Hooliganisme dans les stades anglais durant les années 80,il a été éradiqué grâce à une volonté politique,et des mesures concrètes (que vous pouvez consulter facilement sur le NET) et aujourd'hui la Premier League est un véritable spectacle que l'on a la chance de suivre avec plaisir à la TV:
Pour autant et comme vous le prétendez,jamais la Grande-Bretagne n'a connu des violences dans les rues ayant un rapport de près ou de loin avec ce phénomène du Hooliganisme disparu chez les Anglo-Saxons.
En France ,c'est même tout le contraire qui se passe aujourd'hui,la Chienlit est dans la rue et les casses de mobilier urbain, Brûler les voitures et agresser les personnes âgées,les rodéos sont des phénomènes courants que les Autorités peinent à juguler,et cela a débordé dans les stades et à l'entrée de ces stades avec les batailles rangées et le caillassage systématique des Bus à tel point que leur Fédération en est amenée à interdire le déplacement des supporters de certains clubs...
Revenons en Tunisie: à mes yeux cette VIOLENCE a un nom:le CA;
Enfant pourri gâté des Instances de Football depuis que ce club a été dirigé par les Trabelsia et un certain Slim Riahi,notez bien la différence avec l'EST de Slim Chiboub de la même époque,l'un SC était un sportif accompli joueur de Volley-Ball et les autres ci-dessus nommés n'avaient de sportifs que leurs mandibules s'exerçant tout au long de la journée,témoin la Bedaine qu'ils traînaient devant eux.....
Le CA paie aujourd'hui le prix de cette direction greffée parachutée étrangère au sport et à toutes ses valeurs et qui nous a fait regretter l'âge d'or qu'a connu ce grand club il n' y a pas si longtemps du temps des Lasram,Bellamine et j'en oublie;aujourd'hui "Dar blèch ommmèli"!
C'est pour cela Mr MA que je ne veux pas généraliser votre titre pour tous les clubs de Tunisie mais si vous le permettez le reformuler ainsi:
"Les joueurs du CA s'entraînent au Parc A pour la compétition à Radès tandis qu'une certaine catégorie de leurs pseudo-supporters Ultra s'entraînent à Radès pour de futures compétitions dans la rue".....
Nephentes
'?tat policier et autiste
a posté le 06-06-2024 à 12:38
Tant que les indispensables réformes structurelles ne se feront pas
Le pays est a la merci d affrontements majeurs
Bab Ezzira
Deux poids deux mesures : Tout est question de RELATIONS.
a posté le 06-06-2024 à 10:03
Le fait générateur de la violence est une provocation policière non innocente ponctué par des enquêtes ridicules pour étouffer les affaires et porter la responsabilité à autrui.
Pour rappel de quelques-unes de ces graves bavures qui resteront à jamais gravée dans les anales de ce MI et qui concerne que le Club Africain :
L'affaire de l'assassinat de Omar Laabidi ; Le jeune était traqué en dehors du stade et ne présentait aucun danger. On le poussait dans les marécages d'un oued et malgré ses supplices qu'il ne savait pas nager, le policier lui lançait la fameuse phrase « Apprend à Nager. t3allem 3oum» PIRE ENCORE, un témoin présent voulant porter secours à la victime avait été empêché à coups de matraques . PIRE ENCORE, l'enquête du fameux MI qui s'ensuivra sous la pressions de ce corporatisme MAFIEUX de ces syndicats des policiers PIRE ENCORE, d'honnêtes policiers étaient empêchés d'apporter leurs témoignages dans cette affaire. PIRE ENCORE la position des magistrats qui malgré les faits n'ont jamais arrêté ni inquiété les coupables.
L'affaire du match de basket CA-USMO au stade d'El Gorjani : Le match se déroulait normalement lorsqu'un policier SEUL contre toute attente et sans aucun motif tirait à bout portant sur la foule une bombe lacrymogène qui causa le suffoquèrent des supporters et des joueurs. Une charge policière d'une rare violence entreinera la chute d'une partie des gradins et la chute et l'entassement des spectateurs. Ce jour-là on a frôlé la catastrophe grâce à nos braves policiers. Il s'en suit une enquête ridicule bête et méchante du même MI qui précisait que le policier auteur du coup de feu s'amusait avec son collègue, que la charge policière était dans le but de vider la salle et préserver la vie des supporter. Aucun policier ne sera inquiété, on dira qu'ils sont jeunes et inexpérimentés.
L'affaire du derby CA-EST : Les supporters du CA répondait au craquage des supporter de l'EST qui a été salué par tous les medias Tunisiens ! malgré l'arrêt du match lors de l'aller . Quelques policiers se dirigeaient vers le virage pour enlever et déchirer une affiche provoquant ainsi gratuitement la colère des supporters clubistes. Il s'en suit des scènes de violence et une course poursuite à quelques kilomètres du stade contre des innocents qui cherchent à regagner leurs domiciles. Le policier filmait entrain de jeter un spectateur des gradins ne sera jamais inquiété. Ne me parlait jamais d'une tentative de meurtre.
Comme d'habitude, la responsabilité sera porté aux supporter et NI LE GOUVERNEUR, NI LE MINISTE DE L'INTERIEUR, NI LES RESPONSABLES DU MI COMMANDITAIRES DE CES CRIMES NE SERONT INQUIETES.
Deux poids deux mesures tout est affaire de relations, de commanditaires maçonniques voulant faire taire des supporters clubistes connu pour le soutien à la cause Palestinienne.
Je partage l'avis du Président Beji Kaied Essebsi losqu'il disait que les securitaires sont dans leurs majorités honnêtes et patriotes mais les 4 % qu'ils qualifiait de je n'ose pas dire sont en réalité des criminels sous l'uniforme.
Vive la Tunisie, Vive les jeunes de ce pays ABAS LES TRAITRES ET LES CRIMINELS. DE TOUT CORPS DE METIER.
Président KS doit agir pour arrêter ce fléau destructeur avant la catastrophe.
hourcq
La cocotte minute
a posté le 06-06-2024 à 04:14
Elle met du temps à bouillir mais quand la pression est trop forte, la vapeur s'échappe en sifflant et on ne peut l'arrêter qu'en éteignant le feu qui la chauffe. Ici, la cocotte c'est la jeunesse qui exprime sa frustration sociale par de la violence sur les stades. En attendant de s'exprimer dans la rue.Et ce n'est pas en jetant de l'huile, comme le fait la police par la brutalité de ses interventions, que le feu va s'éteindre.
La vie est de plus en plus difficile en Tunisie vu la cherté des prix et les revenus qui diminuent. Depuis 2011 et la mauvaise gouvernance des islamistes et leurs alliés c'était déjà le cas mais ça ne fait que s'aggraver avec le Président autocrate actuel qui s'occupe de tout sauf d'améliorer le bien- être des citoyens qui l'ont pourtant largement élu.
Le mécontentement général se traduit pour l'instant, par une abstention massive aux élections et par ce genre de violence dans les stades. Mauvais présage pour ce que nous réserve l'avenir.