Veuillez m'excuser, j'ai voulu dire que pour une fois vous avez abandonné la langue de bois.
Et j'ai exprimé une idée contraire.
Mes meilleurs sentiments
La tension à Kasserine est à son comble. Le décès d’un jeune diplômé chômeur a mis le feu aux poudres. Comme il y en a eu tant d’autres avant lui, le jeune kasserinois a trouvé la mort pour avoir réclamé un travail. Ces autres morts sont passés sous silence, et n’ont fait qu’alimenter les rubriques faits-divers des journaux, dans une indifférence quasi-totale. Sauf que pour cette fois-ci, les Kasserinois ne se sont pas tus et se sont élevés contre les injustices sociales touchant leur région de plein fouet. L’affaire a pris une tournure « imprévisible » et les émeutes ont éclaté dans la ville, ayant pour symbole la mort de Ridha Yahyaoui, comme en écho à une autre, survenue cinq ans plutôt à Sidi Bouzid…
Samedi 16 janvier, Ridha Yahyaoui escalade un poteau électrique, en plein cœur de la ville de Kasserine pour exprimer son indignation. Le fait est, selon nos sources, qu’il avait récemment découvert que son nom avait été retiré de la liste d’attente d’un concours de recrutement. D’autres sources affirment à l’AFP, qu’il a découvert que son nom a été retiré d’une liste de dossiers de chômeurs qui devaient être remise à Habib Essid. Le chef du gouvernement était supposé se pencher sur ces dossiers dans le but de régulariser la situation de plusieurs chômeurs. Les mêmes sources ont révélé à l’AFP que sept autres noms ont été retirés de cette liste, sans qu’il n’y ait de raison valable ou d’explication. D’autres voix s’élèvent pour dire que la fameuse liste a été modifiée et trafiquée, sans que le maire ne soit consulté.
D’aucuns disent que Ridha Yahyaoui s’est suicidé, mais la plupart des sources affirment qu’il s’agissait d’un accident. La victime ayant grimpé sur le poteau électrique pour donner un discours, a été, malencontreusement, électrocutée et a chutée.
Il n’en fallait pas moins pour que des mouvements de protestation éclatent dès dimanche à Kasserine. Un groupe de jeunes s’est attaqué au siège du gouvernorat, et a mis le feu aux pneus, en guise de protestation contre la mort du jeune. Toutefois, les agents de sécurité, ont investi les lieux et dispersé les manifestants. Et après un certain temps, ils sont parvenus à prendre le contrôle de la situation.
Lundi, la ville a connu un calme relatif. En réalité, la colère grondait et le jeunes kasserinois préparaient de nouvelles actions. Au cours de la journée, une décision, annoncée par le biais d’un communiqué de la présidence du gouvernement : le limogeage du premier délégué de la ville de Kasserine. Les motifs de cette décision sont énoncé en ces termes : « Au vu des circonstances ayant entouré l’établissement de la liste des chômeurs à Kasserine, le traitement de la question des diplômés du supérieur et la mort du jeune Ridha Yahyaoui, le chef du gouvernement, Habib Essid a décidé de démettre le premier délégué de la ville de son poste ». La responsabilité de ce drame est donc attribuée au premier délégué qui se retrouve démis de ses fonctions, soit ! On apprend également l’ouverture d’une enquête, dans le but de déterminer les responsabilités et appliquer les sanctions qui s’imposent…
Cette décision était-elle censée absorbée la colère dans la région, peine perdue. La réponse survient bien assez vite et de nouvelles émeutes éclatent en ce mardi 19 janvier dans la ville. Les manifestants, principalement des jeunes, voulaient réaliser un sit-in devant le siège du gouvernorat. Entreprise déjouée par les forces de l’ordre qui ont répliqué, aux pierres jetées dans leur direction, par des tirs de gaz lacrymogène.
Les protestataires ont alors organisé une marche, qui a sillonné l’artère principale de la ville et les affrontements ont repris de plus belle. La manifestation s’est étendue aux cités populaires attenantes, notamment la cité Zouhour et Ennour. Des citoyens ont rejoint le mouvement. Une marche imposante a sillonné la ville, au cours de laquelle les protestataires ont encore condamné le récent décès de Yahyaoui et fustigé la marginalisation de leur région.
Le gouverneur de kasserine, Chedly Bouallègue a fait savoir, que l’hôpital régional de Kasserine a accueilli plusieurs blessés. Toutefois, le responsable affirme que toutes les blessures sont légères et ne présentent aucun danger. Il confirme par ailleurs, que mes policiers ont été la cible de jets de pierres. Ce même gouverneur qui accuse des « infiltrés » d’être derrière les manifestations.
C’est la grogne chez les citoyens et un ras le bol total, face à des changements qui n’arrivent pas, à des investisseurs, et le développent qui va avec, qui tardent à s’installer dans cette région si longtemps marginalisées, et ce en dépit des promesses proférées par chaque gouvernement qu’a connue la Tunisie depuis 5 ans.
Dans ce contexte, le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur a appelé à la tenue d’une réunion urgente des députés de Kasserine dans l'après-midi de mardi, afin de discuter des derniers développements dans cette région. Dans la foulée, il annonce qu’il se rendra à Kasserine, à la tête d’une délégation composée des sept députés du gouvernorat pour prendre connaissance de la situation et rédiger un rapport qui sera soumis à l’ARP. Deuxième tentative pour éteindre le feu mais sera-t-elle suffisante. Mohamed Ennaceur ne s’arrête pas là, puisqu’il fait savoir qu’une séance plénière, qui se tiendra dans les jours à venir, sera consacrée à la situation générale dans le pays et plus particulièrement, à mettre en place un plan pour l’emploi des jeunes chômeurs. Habib Essid, chef du gouvernement sera invité à y assister…
Dans l’après-midi, le ministère de l’Intérieur décrète un couvre-feu dans la ville de Kasserine, de 18h à 5h du matin. Walid Louguini, chargé de la communication du département, a relaté que deux bureaux au siège du gouvernorat ont été ouverts pour recevoir les protestataires. Cependant, certains ont préféré jeter des pierres et ont accédé au toit du siège du gouvernorat en tentant de faire dévier la manifestation de son caractère pacifique. Ainsi, il explique que les forces de l’ordre se sont vues obligées d’utiliser les gaz lacrymogènes, alors que les manifestants ont commencé à utiliser des cocktails Molotov. La décision du couvre-feu a été donc prise, selon Loguini, pour éviter toute escalade et éviter que des éléments terroristes ne profitent du chaos pour sévir.
Les tensions sociales à Kasserine ont remis sur le tapis la question des diplômés chômeurs. Un taux qui ne cesse de croître dans cette Tunisie en pleine crise économique et sociale. Les solutions, le gouvernement Essid, lors de son investiture, avait promis de les mettre rapidement en place. Kasserine comme les autres régions du pays les attendent toujours…
Ikhlas Latif
Crédit photo : AFP
La tension à Kasserine est à son comble. Le décès d’un jeune diplômé chômeur a mis le feu aux poudres. Comme il y en a eu tant d’autres avant lui, le jeune kasserinois a trouvé la mort pour avoir réclamé un travail. Ces autres morts sont passés sous silence, et n’ont fait qu’alimenter les rubriques faits-divers des journaux, dans une indifférence quasi-totale. Sauf que pour cette fois-ci, les Kasserinois ne se sont pas tus et se sont élevés contre les injustices sociales touchant leur région de plein fouet. L’affaire a pris une tournure « imprévisible » et les émeutes ont éclaté dans la ville, ayant pour symbole la mort de Ridha Yahyaoui, comme en écho à une autre, survenue cinq ans plutôt à Sidi Bouzid…
Samedi 16 janvier, Ridha Yahyaoui escalade un poteau électrique, en plein cœur de la ville de Kasserine pour exprimer son indignation. Le fait est, selon nos sources, qu’il avait récemment découvert que son nom avait été retiré de la liste d’attente d’un concours de recrutement. D’autres sources affirment à l’AFP, qu’il a découvert que son nom a été retiré d’une liste de dossiers de chômeurs qui devaient être remise à Habib Essid. Le chef du gouvernement était supposé se pencher sur ces dossiers dans le but de régulariser la situation de plusieurs chômeurs. Les mêmes sources ont révélé à l’AFP que sept autres noms ont été retirés de cette liste, sans qu’il n’y ait de raison valable ou d’explication. D’autres voix s’élèvent pour dire que la fameuse liste a été modifiée et trafiquée, sans que le maire ne soit consulté.
D’aucuns disent que Ridha Yahyaoui s’est suicidé, mais la plupart des sources affirment qu’il s’agissait d’un accident. La victime ayant grimpé sur le poteau électrique pour donner un discours, a été, malencontreusement, électrocutée et a chutée.
Il n’en fallait pas moins pour que des mouvements de protestation éclatent dès dimanche à Kasserine. Un groupe de jeunes s’est attaqué au siège du gouvernorat, et a mis le feu aux pneus, en guise de protestation contre la mort du jeune. Toutefois, les agents de sécurité, ont investi les lieux et dispersé les manifestants. Et après un certain temps, ils sont parvenus à prendre le contrôle de la situation.
Lundi, la ville a connu un calme relatif. En réalité, la colère grondait et le jeunes kasserinois préparaient de nouvelles actions. Au cours de la journée, une décision, annoncée par le biais d’un communiqué de la présidence du gouvernement : le limogeage du premier délégué de la ville de Kasserine. Les motifs de cette décision sont énoncé en ces termes : « Au vu des circonstances ayant entouré l’établissement de la liste des chômeurs à Kasserine, le traitement de la question des diplômés du supérieur et la mort du jeune Ridha Yahyaoui, le chef du gouvernement, Habib Essid a décidé de démettre le premier délégué de la ville de son poste ». La responsabilité de ce drame est donc attribuée au premier délégué qui se retrouve démis de ses fonctions, soit ! On apprend également l’ouverture d’une enquête, dans le but de déterminer les responsabilités et appliquer les sanctions qui s’imposent…
Cette décision était-elle censée absorbée la colère dans la région, peine perdue. La réponse survient bien assez vite et de nouvelles émeutes éclatent en ce mardi 19 janvier dans la ville. Les manifestants, principalement des jeunes, voulaient réaliser un sit-in devant le siège du gouvernorat. Entreprise déjouée par les forces de l’ordre qui ont répliqué, aux pierres jetées dans leur direction, par des tirs de gaz lacrymogène.
Les protestataires ont alors organisé une marche, qui a sillonné l’artère principale de la ville et les affrontements ont repris de plus belle. La manifestation s’est étendue aux cités populaires attenantes, notamment la cité Zouhour et Ennour. Des citoyens ont rejoint le mouvement. Une marche imposante a sillonné la ville, au cours de laquelle les protestataires ont encore condamné le récent décès de Yahyaoui et fustigé la marginalisation de leur région.
Le gouverneur de kasserine, Chedly Bouallègue a fait savoir, que l’hôpital régional de Kasserine a accueilli plusieurs blessés. Toutefois, le responsable affirme que toutes les blessures sont légères et ne présentent aucun danger. Il confirme par ailleurs, que mes policiers ont été la cible de jets de pierres. Ce même gouverneur qui accuse des « infiltrés » d’être derrière les manifestations.
C’est la grogne chez les citoyens et un ras le bol total, face à des changements qui n’arrivent pas, à des investisseurs, et le développent qui va avec, qui tardent à s’installer dans cette région si longtemps marginalisées, et ce en dépit des promesses proférées par chaque gouvernement qu’a connue la Tunisie depuis 5 ans.
Dans ce contexte, le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur a appelé à la tenue d’une réunion urgente des députés de Kasserine dans l'après-midi de mardi, afin de discuter des derniers développements dans cette région. Dans la foulée, il annonce qu’il se rendra à Kasserine, à la tête d’une délégation composée des sept députés du gouvernorat pour prendre connaissance de la situation et rédiger un rapport qui sera soumis à l’ARP. Deuxième tentative pour éteindre le feu mais sera-t-elle suffisante. Mohamed Ennaceur ne s’arrête pas là, puisqu’il fait savoir qu’une séance plénière, qui se tiendra dans les jours à venir, sera consacrée à la situation générale dans le pays et plus particulièrement, à mettre en place un plan pour l’emploi des jeunes chômeurs. Habib Essid, chef du gouvernement sera invité à y assister…
Dans l’après-midi, le ministère de l’Intérieur décrète un couvre-feu dans la ville de Kasserine, de 18h à 5h du matin. Walid Louguini, chargé de la communication du département, a relaté que deux bureaux au siège du gouvernorat ont été ouverts pour recevoir les protestataires. Cependant, certains ont préféré jeter des pierres et ont accédé au toit du siège du gouvernorat en tentant de faire dévier la manifestation de son caractère pacifique. Ainsi, il explique que les forces de l’ordre se sont vues obligées d’utiliser les gaz lacrymogènes, alors que les manifestants ont commencé à utiliser des cocktails Molotov. La décision du couvre-feu a été donc prise, selon Loguini, pour éviter toute escalade et éviter que des éléments terroristes ne profitent du chaos pour sévir.
Les tensions sociales à Kasserine ont remis sur le tapis la question des diplômés chômeurs. Un taux qui ne cesse de croître dans cette Tunisie en pleine crise économique et sociale. Les solutions, le gouvernement Essid, lors de son investiture, avait promis de les mettre rapidement en place. Kasserine comme les autres régions du pays les attendent toujours…
Ikhlas Latif
Crédit photo : AFP