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Chroniques
Kaïs Saïed ne se soucie que de sa propre souveraineté
Par Marouen Achouri
01/06/2022 | 16:59
5 min
Kaïs Saïed ne se soucie que de sa propre souveraineté

 

Les malchanceux piqués à la chose publique n’ont pas pu rater la superbe prestation théâtrale du président de la République, Kaïs Saïed, lorsqu’il a reçu le préposé au ministère des Affaires étrangères. Le chef de l’Etat a mobilisé toute son énergie pour empêcher l’envahissement imminent de la Tunisie par l’avis d’une commission consultative dépendante du conseil de l’Europe (et non de l’Union européenne).

 

Le chef suprême des forces armées civiles et militaires s’est saisi de son vocabulaire et de ses connaissances historiques pour remettre à leur place ces envahisseurs d’un nouveau genre. Il est vrai que ce sont les mêmes qui avaient été reçus en avril par le président et par Othman Jerandi. Mais les choses changent très vite dans ce monde, à tel point que la Tunisie, en tant qu’Etat, change de veste plus vite que son ombre. Le 1er avril, le site du ministère des Affaires étrangères titrait : La commission de Venise met son expertise au service de la Tunisie lors de la réception de la présidente de la commission. Cette même Claire Bazy Malaurie est devenue aujourd’hui persona non grata en Tunisie (une pensée sincère pour les chroniqueurs et les fidèles de Kaïs Saïed qui ont découvert cette expression hier).

L’avis publié par la commission de Venise n’a pas du tout plu au chef de l’Etat. Il faut saluer le fait qu’il ait pu montrer autant de colère en répondant à ce document. C’est à se demander à quel point il était en colère quand il a pris connaissance de l’existence de cet avis. C’est-à-dire au moins deux jours avant la vidéo d’hier. On peut également se demander si tous les arguments historiques présentés par le président ont été utilisés lorsque la diplomatie tunisienne tentait de mobiliser tous ses réseaux pour atténuer la teneur de l’avis qu’allait prononcer la commission de Venise.

 

Mais tout cela, ce ne sont que des détails. Le plus important est que le lion Kaïs Saïed a remis ces européens à leur place, alors qu’ils tentaient de s’ingérer dans nos affaires. Après tout, c’est notre problème si l’on veut changer de constitution ou changer la composition de l’instance des élections. Le « on » veut dire « Il », c’est-à-dire Kaïs Saïed. Et puis, ce n’est pas important non plus que le décret sur la composition de l’Isie soit en contradiction avec la constitution, et même avec le décret 117 par lequel le chef de l’Etat a assis son pouvoir indiscutable. Ils veulent nous faire croire que le président Kaïs Saïed n’est même pas capable d’écrire un décret qui tient la route, mais nous n’allons pas les croire.

Mais il est quand même intéressant d’examiner les affaires sur lesquelles le présidentissime Kaïs Saïed s’arrête. Par exemple, les mots prononcés par le président algérien Abdelmajid Tebboune selon lesquels il travaillerait avec l’Italie à sortir la Tunisie du pétrin n’ont suscité aucune réaction officielle de la part du président, ne parlons même pas des Affaires étrangères, ce n’est plus la peine. Est-ce parce que Kaïs Saïed reste quand même conscient de certains équilibres et qu’il sait très bien qu’il a participé à placer la Tunisie sous la botte algérienne ? Espérons que ce soit le cas, car cela voudrait dire qu’il y a des restes de bon sens quelque part.

Le président de notre République, Kaïs Saïed, se montre allergique quand la critique étrangère le vise personnellement. Il se met en colère lorsque l’avis ou le communiqué publié critique ou même se montre circonspect sur sa démarche politique, sur le fait qu’il accumule les pouvoirs ou si on l’invite à revenir sur le cheminement démocratique. Ce sont uniquement ces questions qui excitent en lui une fibre nationaliste et il ne voit l’ingérence que par la critique de ce lui, son altesse sérénissime, fait.

 

Par contre, il n’éprouve aucune gêne à recevoir l’argent de ces mêmes européens qui se sont subitement transformés en envahisseurs. Il y a moins d’une semaine l’Union européenne versait 300 millions d’euros d’assistance macro-financière à la Tunisie. Une formule savante pour dire que l’UE nous a donné l’aumône. Quelle classe cela aurait été de renvoyer la commission de Venise avec l’argent de l’Union européenne ! Cette fibre nationaliste ne s’est pas manifestée non plus quand il s’est agi des graines tunisiennes et du fait que nos agriculteurs soient obligés d’acheter chaque année les semences à l’étranger, à un prix qui leur est imposé. Il suffit ensuite d’une crise mondiale comme la guerre russo-ukrainienne pour que l’on découvre qu’on ne peut pas assurer notre indépendance alimentaire. On se retrouve obligés de mendier à manger auprès des autres nations. Ces questions-là ne dérangent pas non plus le président. Au contraire, il peut en profiter pour accuser les « autres », les méchants et les malfaiteurs qu’il n’a de cesse de combattre depuis qu’il est au pouvoir. Aujourd’hui, le cancer fait des ravages en Tunisie, plus que d’habitude. Des dizaines de personnes meurent de cette maladie car la Tunisie n’arrive plus à les soigner ni à leur fournir les médicaments nécessaires. Les demandes de prise en charge sont systématiquement rejetées par les caisses nationales car nous n’avons plus les moyens d’acheter les traitements de chimiothérapie et autres. Donc ceux qui le peuvent s’endettent pour se faire soigner à l’étranger, et ceux qui n’en ont pas les moyens meurent tout simplement. Cette forme là de souveraineté ne dérange pas du tout le président de la République. Il a juste assez de courage pour s’en prendre à une simple commission consultative.

 

 

Par Marouen Achouri
01/06/2022 | 16:59
5 min
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Commentaires
GZ
"Casse-toi, pauv' con".
a posté le 05-06-2022 à 06:30
Déclarer la représentante de la Commission de Venise persona non grata relève du même procédé. Les mauvaises manières sarkoziennes en moins. En proférant son insulte Sarkozy ne s'est pas grandi. Il eut des allures de mal élevé, indignes d'un chef d'Etat.
Nous n'en sommes guère loin.
"Un président ne devrait dire ça". Dirait un autre homologue. Lequel a renié sa profession de foi, escroqué ses électeurs, ruiné un parti jadis de gouvernement, laissé en déshérence à force de reniements, reculades et compromissions.
Sommes-nous dans le même schéma ?
Un chef d'Etat ne devrait pas dire cela. Se tenir au dessus de la mêlée,
laisser le soin de répondre aux services de la présidence, si tant est qu'il faille répliquer. Sans outrance,
en termes diplomatiques, mesurés.
Ne pas insulter l'avenir. Ne pas dire fontaine, je ne boirai pas de ton eau. Nous n'avons pas fini d'avoir besoin de nos voisins du nord. Leur expertise juridique et leur soutien économique.
Ne pas mordre la main secourable.
S'assurer d'avoir les moyens de son arrogance. Si on n'en dispose pas, on s'y emploie et on se tait.
Les propos d'un chef d'Etat engagent sa nation.
Gg
La classe
a posté le 04-06-2022 à 19:42
"Quelle classe cela aurait été de renvoyer la commission de Venise avec l'argent de l'Union européenne!"

Et quelle classe d'avoir osé l'écrire, bravo!
Carthage Libre
L'Alibi khwenji Ennahdha, pour un Pouvoir personnel absolu de Kaies Saied...
a posté le 02-06-2022 à 12:05
ça y'est. On a attendu 1 an. On peut se prononcer maintenant.

On a soutenu Kaies Saied le 25 juillet et la semaine d'après.

Mais son inaction contre les Khwenjias nous a fait comprendre qu'il avait un autre "projet" en tête. Un projet très très dangereux. Un projet islamo-conservateur teinté de communisme (SIC!), de Panarabisme et de Baathisme.

Kaies Saied a goûté au fruit interdit du Pouvoir...et c'est la fuite en avant.

Il veut éliminer tous ses concurrents (à part Ennahdha, qui est une Organisation terroriste) et en premier lieu Abir Moussi et le PDL.

Sa fuite en avant va nous mener vers un désastre au niveau des relations internationales, économiques, sociale et politique.

Kaies Saied ghalet fi rou7ou...ghalet fi rou7ou barcha barcha.

Il est en chute libre dans les sondages.

Après 10 ans de jours sombres d'Ennahdha et de l'islam politique, voici venir le "Crépuscule des Dieux" de Kaies Saied : la Tunisie est FOUTUE.
nazou de la chameliere
Et la suite ?
a posté le 02-06-2022 à 10:58
Quand les idiots utiles le doyen et bouderbouka, vous auront épuisé avec leur soi-disant nouvelle constipation !!!
De discutions en discutions vous serez épuisé !!
C'est à ce MOMENT L'?, que le facho sortira SA constitution à lui !!

Je crois que vous n'avez même pas idée de la machine qui pilote le facho !!
c'est une HORREUR !!!
Cette horreur a piloté l'idiote (entre autre )Abbou mssiba, qui avait répèté en boucle "el fassed el fassed el fassed ...."
Cette idiote ne faisait que lui préparer le terrain !!
Les citoyens sont convaincu que le fassed est PARTOUT !!!
Abbou mssiba à finie les yeux hagards à l'avenue Habib Bourguiba !!
Et c'est comme ça que finiront le doyen et l'autre bouderbouka !!!
Et c'est comme ça que finira la majorité des Tunisiens !!!
La majorité acceptera de vivre en Corée du Nord !!!
Par épuisement !!!
nazou de la chameliere
Bonjour !!!
a posté le 02-06-2022 à 08:48
Alors vous voyez à quoi ça sert l'endoctrinement mental ?
Il a répété en boucle que la justice est corrompue !!!
Il a préparé l'opinion !!!! Pour qu'il puisse dépasser ses prérogatives !!!
50 magistrats viré !!!
Ces magistrats n'ont même pas le moyen de se défendre !!!!

Et les médias continuent à lui servir de relais pour engourdir les cerveaux des plus faibles !!!
nazou de la chameliere
Analysez
a posté le 01-06-2022 à 20:19
Ses "discours ".
Et vous comprendrez qu'il fait de l'endoctrinement mental .
Ce sont des mots clés.
En boucle.
A tous ses speech.
Vous croyez que ses discours sont vides ?
Qu'ils n'ont aucun sens ?qu'il se répète ?
Analysez ,et vous comprendrez qu'il distille la peur !!!
Il y'a aussi la tonalité, il commence doucement puis il monte crescendo ,jusqu'à hurlé !!
Plus il hurle, et plus ses adeptes se "tassent ".
Naim
Pour votre petite personne, sans doute
a posté le 01-06-2022 à 20:08
Mais pour la grande mienne, le President est déterminé à débarrasser la Tunisie de tous les traîtres à la nation.
Mansour Lahyani
A la "grande vôtre" ! Réponse à Naïm le bien nommé
a posté le à 08:27
Naïm vous êtes, et dans le naïm perpétuel vous êtes destiné à vivre... Votre immense "vôtre" vous vaudra bien des surprises ! Vous n'aurez plus qu'à dire vous aussi "machallah !" mais je doute que cela puisse vous servir encore !
Fares
Souveraineté encore et encore
a posté le 01-06-2022 à 19:37
Rappelons aussi que:
- Saïed était le seul président au Maghreb qui a accepté tête baissée la décision de la France de réduire les visas octroyés aux tunisiens.

- La Tunisie était parmi les rares pays arabes à s'asseoir à côté d'un représentant d'Israël pour débattre de la situation en Ukraine. Le lendemain d'une déclaration où Saïed a chanté son soutien à la Palestine et la vieille d'un discours où Saïed a traité avec la classe qu'on lui connaît ses adversaires de sionistes.

- Il y a peine quelques jours, des militaires de l'OTAN se sont réunis à l'ambassade de la Turquie en Tunisie.

Il va en manger de la souveraineté si le pays doit s'en aller au club de Paris cet automne et ça sera de sa faute.
Gg
@ Fares
a posté le à 21:32
"- Saïed était le seul président au Maghreb qui a accepté tête baissée la décision de la France de réduire les visas octroyés aux tunisiens."

La France est aussi souveraine sur son sol que l'est la Tunisie.
Mais si vous avez un métier, une compétence, vous n'aurez pas grand mal à avoir le visa.
GZ
Le coût
a posté le à 05:49
Bonjour.
Je l'ai déjà écrit. La compétence et la formation ont pour le pays "fournisseur" un coût, pas toujours négligeable. Alors, donnant/donnant. Une transaction dont ne tire parti qu'un seul des partenaires est une martingale qui ne peut durer.
Forza
Bravo Marouan
a posté le 01-06-2022 à 19:12
Je commentais l'autre jour qu'il croit être la Tunisie. Toute critique de sa personne et de politique, il l'assimile à une attaque contre la Tunisie. C'est typique des dictateurs.