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Chroniques
Ils font à Nabeul ce qu'ils ont fait à Djerba
30/06/2017 | 17:27
5 min

 

En plein souk artisanal, en plein jour, au milieu d’une importante foule, un vendredi, tout juste avant l’heure de la grande prière, un individu attendait patiemment son heure. Il se préparait à passer à l’action et à accomplir son méfait : s’attaquer à d’innocents touristes. Il attaque par surprise devant l’œil ahuri des commerçants. Il a choisi l’arme blanche pour commettre son crime, un modus operandi qui rappelle celui adopté dans plusieurs attentats terroristes commis de par le monde.

Deux touristes de nationalité allemande sont les victimes de cet individu : une mère et sa fille. La première légèrement blessée, la deuxième souffrant de blessures plus graves a été transportée d’urgence à l’hôpital, elle s’y trouve encore. L’assaillant est rapidement appréhendé par les commerçants. 

 

Nos journalistes ont vite fait de contacter leurs sources dans la police pour s’enquérir des détails de cette affaire. Ces sources ont affirmé que cet individu est un intégriste islamiste, autrement dit un salafiste récemment embrigadé et acquis à l'idéologie extrémiste. Il était donc en mission et visait intentionnellement des touristes et personne d’autre. D’ailleurs, des témoins oculaires sur place ont fait part à Business News de détails accablants : alors qu’ils tentaient de l’appréhender, il leur disait : « N’ayez crainte, je ne vous veux aucun mal, je ne vous ferai rien ! ». Il avait un objectif et rien d’autre, il savait ce qu’il devait accomplir… L’information est reprise par tous les médias de la place. Après tout, les sources officielles ont confirmé la qualité salafiste de l’assaillant. La déontologie journalistique a été respectée à la lettre.

 

Sauf que ces révélations ont déclenché tout un branle-bas de combat dans les hautes sphères du pouvoir : Cachez-moi ce salafiste que je ne saurais voir ! Moins d’une demi-heure après, un communiqué conjoint entre le ministère de l’Intérieur et celui du Tourisme est publié pour préciser que l’agression n’avait aucun caractère terroriste. L’agresseur serait tout bonnement une personne mentalement dérangée et n’aurait rien à voir avec le salafiste dépeint, pourtant en premier lieu, par les sources officielles. Cherchez l’erreur ! En à peine trente minutes et après un test psychiatrique à la va-vite, l’assaillant s’est transformé en un cinglé sous traitement.

Si caractère terroriste il y a, pourquoi chercher à détourner les faits ? Tenter d’étouffer l’affaire ne serait-il pas plus grave que le crime en soi ? Ceci rappelle l’attaque contre la synagogue de la Ghriba en 2002, lorsque les autorités tunisiennes avaient d’abord présenté l’explosion comme un accident. Le hasard veut que ce soit pour la plupart des allemands. L’enquête avait montré rapidement qu’il s’agissait d’un acte terroriste et cela avait asséné un sacré coup à la crédibilité de l’Etat tunisien.

 

En parlant de crédibilité justement. Il y en a un qui s’en est donné à cœur joie, Borhen Bsaiess, content qu’il est que des journalistes soient décrédibilisés. En employant ses habituelles techniques (personne n’ignore que c’est un as en la matière), ce propagandiste en chef les a qualifiés d’idiots. Ces stratagèmes d’intimidations sont éculés et ne nous font ni chaud ni froid, que cela soit dit ! Personne ne pourra plus museler un journaliste ou l’empêcher d’accomplir son travail, surtout s’il se base sur des informations avérées.

 

Dans le cas d’espèce si l’assaillant de Nabeul est un salafiste, il fallait le dire clairement et sans détour. Révéler la vérité même si elle fait mal est le seul moyen possible pour sauvegarder justement la crédibilité de l’Etat et de ces organes officiels, autrement ce ne serait autre qu’une monumentale erreur de communication de crise. Les autorités se doivent d’assumer et d’assurer une communication impeccable autour d’événements aussi graves qui pourraient porter atteinte à l’image du pays et non de nous sortir une communication vieille de 15 ans.

Etouffer l’affaire, taxer systématiquement l’agresseur de fou furieux sans prendre la moindre once de recul, pour sauver la saison touristique, nous éclaterait à la gueule un jour ou l’autre. Ceci aura finalement l’effet contraire. Adopter la posture de l'autruche est une grave erreur en matière de gestion de crise. De plus, la faute qu’il ne faut pas commettre est de ne pas se donner un délai raisonnable pour prendre le temps de se préparer et de donner des explications viables et inattaquables.  C’est en fait le maître-mot de la communication ! Faire de telles révélations sans avoir tous les éléments en main et sans se poser, mettrait à mal toute la stratégie de communication et de là, semera le doute chez l’opinion publique. C’est que communication de crise et propagande ne font pas bon ménage.

 

S’attaquer aux journalistes qui n’ont fait que leur devoir d’informer n’est pas une solution et c’est carrément anachronique.

Outre Borhen Bsaiess, plusieurs personnes se sont mises à donner des leçons aux journalistes. Même certains Tunisiens vivant à l’étranger ont prétendu détenir les vraies informations et se sont permis de répandre des intox éhontées. Si les journalistes ne sont certainement pas au dessus de la critique, et que tous les conseils sont bons à prendre, il ne faudrait pas non plus que des « menteurs » officiels et officieux, qui tremblent de crainte de voir leur nom évoqué dans les affaires de corruption, se permettent d’insulter et de donner des leçons. Par ailleurs, les preux chevaliers de « l’intérêt national » doivent se rappeler que les journalistes étaient bâillonnés sous Ben Ali par l’usage des mêmes arguments et des mêmes formules.

 

Alors, salafiste ou fou furieux, dans une situation de crise, il faut marcher sur des œufs et éviter d’être trop affirmatif, sous peine d’avoir de mauvaises surprises, surtout que là il y va de l’intérêt suprême du pays.

Enfin, tout ceci reste un regrettable incident dont est victime la Tunisie, quelles que soient les motivations de l’auteur du crime. Tant mieux qu'il n'y ait pas eu de dégâts humains et prompt rétablissement à nos deux hôtes allemandes.

Tous les journalistes de Tunisie se tiendront en rang serré pour défendre leur patrie. Et aux autres, qui traitent les médias de menteurs, rendez-vous au procès, puisque ce criminel devra être jugé. Et on verra à ce moment-là s’il est fou.

30/06/2017 | 17:27
5 min
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Commentaires (44)

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garibaldi
| 04-07-2017 12:56
comme on dit....cacher le soleil avec un tamis...
geniale....votre conception de la verité,de la
moral...

Nahor
| 03-07-2017 06:14
NOTES JOURNALISTIQUES et OBSERVATIONS

Merci, Ikhlas Latif, merci sincèrement pour vos efforts.

Quel est la différence entre le psychopathe criminel en question et les autres, agissent au même hurlement effréné d'"Allahou akhbar" à Nice, tel Mohamed Laouij Bouhlel, ou à Berlin, tel Anis Amri?

Mohamed Laouij était déjà passé depuis 2008 chez son psychiatre à Sousse, Chamseddine Hammouda, comme nous avait informé l'Express qui l'avait interviewé suite à l'attentat de Nice, quelques semaines après la visite 'd'Etat' du "gourou" d'Ennahdha à Paris... Un psychotique, qui cachait un terroriste à devenir, "imprévisiblement" d'après son médecin psychiatre, pourtant notoirement sympathisant d'Ennahdha...et relais des nadhaouis de Sousse, chose que je connais personnellement.

Il n'y a pas de distance réelle entre ces "cas sociaux" agissant au nom de l'islam qu'il salissent, sauf aux yeux d'un autre fou doctrinaire comme Khriji al-Ghannouchi, qui les met sous la coupe d'un imaginaire et maladif "islam en colère"...

La seul différence tangible est que le psychopathe de Nabeul n'a pas eu un camion poids lourd à sa disposition et de l'argent comptant pour le louer...

D'autres psychopathes, tunisiens ou ressortissants en pays étranger, ont utilisé des voitures-béliers à la manière apprise du Hamas, autre branche "confrérique" et terroriste à la fois... Ainsi à Anvers... pour ceux qui ont la mémoire courte ou aiment son ensablement rapide...

L'ayatollah d'Ennahdha leur a donnée peut-être une 'fatwa' secrète, depuis l'invitation triomphale de Khaled Mechâal à Tunis, membre du Hamas basé au QATAR, et réputé par certains l'assassin du leader Arafat, occasion esquisse pour Ennahdha en cet hiver 2011 pour laisser lancer le cris "mort aux juifs" dans les avenues de la capitale??

Quelle image "révolutionnaire" dans le pays de la nouvelle "démocratie" construite sur le plan d'un république islamique qui ne doit pas décevoir l'Iran de Khomeyni, pris à modèle ineffable, ainsi que ses pendaisons quotidiennes!

Si le taré de Nabeul a agit ainsi, un autre "taré" islamiste qui se croit le "faqî" détenteur de la "vérité" khomeyniste ("Velat-e Faqî" de Khomeiny est un livre sacré pour Khriji al-Ghannouchi et le scénario idéologique essentiel de sa "révolution" qui a conduite depuis Londres) tient la nation en otage, moyennant le financement du Qatar et la menace de "ses enfants", sans dire le système de couvertures opaques montées par l'OTAN depuis le plan d'AGRESSION CRIMINELLE DE LA LIBYE, puis de la SYRIE.

Le "taré" khomeyniste de Montplaisir se faisait chanter la chanson réservée au prophète dés son arrivée de Londres, n'est cela déjà un élément de folie virale au sein de son parti "pieux" qui arme les mains assassins de ceux qui doivent "défendre ad-dîn des kouffards" (sic!)??

La réalité est que les blessures de ceux deux femmes allemandes NE GUÉRIRONT JAMAIS! Elles sont un signe macabre, que l'histoire se répète et que rien est fait pour empêcher cela. En hiver 2015, une femme française avait été également agressée et blessée au couteau dans le souk de Tunis par un des lâches "enfants" du gourou de la haine islamiste, ("un soldat de DAECH" aurait dit al-Jazeera) juste à 1 SEMAINE avant l'attaque au Bardo. Soit dit-il en passant, la préparation d'un attentat d'ampleur doit être aussi révélée dans les prochaines semaines, derrière le camouflage médiatique, avec mes respects au Ministère de l'Intérieur.

CES BLESSURES RÉPÉTÉES laisseront une trace psychologique INDÉLÉBILE dans les esprits de ces femmes humiliées, de ces TOURISTES MALMENÉS...

Et ALORS RAPPELEZ AUSSI Jamel Gharbi, élu socialiste de la Sarthe, lequel, alors qu'il profitait de ses vacances à Bizerte, en été 2012, a été roué de coups par une cinquantaine de personnes, car sa femme et sa fille de 12 ans étaient, selon les "enfants" du gourou, "trop légèrement vêtues"??

Des psychopathes en groupe, barbus et violents, ce serait cela peut-être? Et nous les devrons oublier, ainsi que de la suite de la plainte de M. Gharbi, qui n'a rien donné... ainsi que les enquêtes, les "célèbres enquêtes", sur les assassinats politiques en Tunisie...

NON, car ce sont des BLESSURES INDÉLÉBILES pour tous ceux ayant la sensibilité et l'intelligence de COMPRENDRE que ce GOUVERNEMENT n' a pas la volonté et peut-être même pas les moyens de VAINCRE LE TERRORISME, comme IL LE FAUT, en mettant en ÉCHEC-MAT les MAÎTRES IDÉOLOGUES, connus par tous, qui se sont trahi par leur APOLOGIE des TUEURS DE MASSE!

N.G.M. - Activiste pour les Droits Humains (ONU)

Ben
| 02-07-2017 11:05
Nul ne vous demande de ne pas vous acquitter de votre devoir d'informer.
Vous rendez-vous, cependant, compte qu'il peut y avoir de l'informations de trop et même des mots de trop.
Vous faites référence, dans votre article, à Djerba et à l'attentant, vieux de 14 ans de la Grhiba, vous rendez-vous compte que cela pourrait rappeler des événements que les hôteliers tunisiens essaient de dépasser et de faire en sorte qu'ils s'effacent de la mémoire de leurs clientèles allemande et française. Ce fût, à mon sens, les mots de trop dans votre article; des mots qui ne vous coûtent rien mais qui pèsent lourd dans la trésorerie des hôtels et activités connexes.
Vous rendez-vous compte que la Tunisie soit arrivée à commémorer annuellement les attentats du Bardo et de Sousse alors que ces deux événements criminels ont conduit à la ruine de tout un secteur. Parler de ces événements serait, à notre sens, de trop car le secteur a besoin de dépasser ces événements.
Trop d'informations ravageuses serait de nature à causes trop de ravages pour l'économie tunisienne.

Dibaggio
| 02-07-2017 09:29
Dommage pour la Tunisie car sont vraiment à la peine de pouvoir vivre et ç est grace aux touristes qu'ils peuvent ce relevé la tête

Forza
| 02-07-2017 08:05
Anis Amri par exemple et selon la police allemande consommait et vendait de la drogue a Berlin juste quelques jours avant l'attentat qu'il a commis avec le bus, c.à.d. drogué et daiechien en même temps. J'ai écrit dans mon commentaire précédent qu'ils sont souvent des zabratas. On l'a vu en Tunisie dans les cités populaires que des petits criminels, des vendeurs et consommateurs d'alcool sont devenus des sympathisants d'Ansaar Achariaa. C'est pour cela que je demande que l'état recrute des sociologies et des psychologues pour analyser et détecter les comportements et les critères de voir quelqu'un basculer en criminalité et/ou terrorisme. A mon avis il s'agit de faiblesse et d'instabilité psychique, le manque d'intégration dans la famille, a l'école ou au cartier qui crée un isolement et accentue la fragilité psychique, après c'est un jeu facile pour les groupes extrémistes pour manipuler ces gens et ils leur donnent le sentiment d'appartenir a un groupe, pour beaucoup de gens qui se sentent refusés par leur environnement, ce n'est pas peu.
Ceci dit je vous donne raison que beaucoup de commentateur crient salafiste ou nahdhaoui avant de savoir aucun détail car la scène politique en Tunisie n'Est pas objective du tout, en cherche a marque des buts contre l'adversaire et non pas a comprendre vraiment les problèmes et a chercher des solutions.

Le Baron
| 01-07-2017 22:24
Il s'appelle samir janene originaire de béni khiar 45 ans marié à une allemande d'origine tunisienne plus âgée que lui de 10 ans travaillant dans le tourisme parti en Allemagne après son mariage puis expulsé pour des problèmes conjugaux lié à son addiction à l'alcool et à la drogue et devenu clochard à la suite de cela. Source express fm ...mais bon c'est un salafiste quand même selon certains hhhhhhhhhhhh

URMAX
| 01-07-2017 19:21
Merci

Zug
| 01-07-2017 18:19
Oui, mais cette fois c'est pas les mêmes, ce sont les concurrents. Quand le pétrole sera à $30, ça cessera ! Dans une dizaine d'années.suffit de patienter!

Hanni2
| 01-07-2017 13:36
C'est le nom que je donne à ma nouvelle série, dont le but est de répértorier tout ce que le monde arabo-musulman a produit de beau et d'universel: artistes, intellectuels, sportifs, etc...qui ont pu exprimer leur talent à une époque ou ceux qui craignent Dieu n'avait pas droit au chapitre, Dieu merci! Cela afin de mettre en contraste avec ce que produisent les sociétés ou ceux qui criagnent Dieu font la loi...

Donc pour l'épisode 1, une artiste connue de tous ici, qui jamais de la vie n'aurait pu faire profiter le monde entier de son talent unique si par malheur elle avait vécu dans une Egypte de frérots: L'immense, l'irremplacable, l'inénarrable Om Koulthoum, dont je vous propose de rédécouvrir les grands classiques en version instrumentale grâce à l'album du non moins talentueux et regretté Samir Srour, saxophoniste de génie:

https://www.youtube.com/watch?v=ST-osfBY3Ag

Hannibal

Wild bled
| 01-07-2017 12:39
Nahdha= endoctrinement, ignorance et "bhema". Beaucoup de membres, même des gens ayant fait des études supérieures sont d'une ignorance stupéfiante. Et les les grosses tête de ce parti le savent et ils les laissent comme ça. Quelles pourritures!