alexametrics
jeudi 18 avril 2024
Heure de Tunis : 20:54
Dernières news
Il était une fois Maya Jeribi
19/05/2023 | 12:35
6 min
Il était une fois Maya Jeribi


Le 14-Janvier 2011 a permis aux Tunisiens de découvrir le monde de la politique et des politiciens. Ces derniers sont rapidement devenus de véritables personnalités publiques. Peu d’entre eux ont réussi à refléter une image positive. L’exercice était particulièrement difficile pour les femmes en raison de notre héritage patriarcal et des stéréotypes transmis à travers les générations. Fort heureusement, certaines ont brillé et excellé dans leur travail. L’ancienne secrétaire générale d'Al Joumhouri, Maya Jeribi, en est le parfait exemple.

C’est avec grande tristesse que nous commémorons, aujourd’hui 19 mai 2023, le cinquième anniversaire de la mort de cette grande militante. Elle nous a quittés en 2018 à l’âge de 58 ans après un long combat contre la maladie. Le seul qu’elle avait finalement perdu ! Maya Jeribi était une véritable figure du militantisme et de la lutte pour les droits et les libertés et pour la démocratie.


Maya Jeribi est née le 29 janvier 1960 à Bouarada, ville du gouvernorat de Siliana. Elle a étudié dans la ville de Radès. Jeune, elle avait intégré les rangs de l'Union générale des étudiants de Tunisie en 1979. Maya Jeribi était en ce temps-là étudiante à la faculté des sciences de l'université de Sfax. Elle avait intégré la centrale syndicale estudiantine alors qu’une véritable guerre politique se déroulait entre les destouriens, d’un côté, et les communistes, nationalistes, baathistes et socialistes, d’un autre. Il s’agit, également, d’une période connue pour la politique extrêmement répressive menée par le régime de Bourguiba.

Parallèlement à l’engagement syndical et à la défense des étudiants et des étudiantes, Maya Jeribi a mené un combat pour les droits et les libertés en dehors des universités. Elle a intégré, durant cette même période, la section de Sfax de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme. La lutte de Maya Jeribi pour les droits et les libertés a eu une forme journalistique puisqu’elle a rédigé des articles de presse portant sur les droits de la femme et les procès politiques visant des figures de l'oppositon. Ses œuvres, publiées dans les journaux « Al Mawkif » et « Arraï » ont, aussi, abordé la situation générale du pays et les mouvements sociaux-économiques.

Après avoir achevé ses études en 1983, Maya Jeribi décide de faire partie du groupe ayant fondé le Rassemblement socialiste progressiste (RSP) qui deviendra, en 2001, le Parti démocrate progressiste (PDP). Il s’agit d’un parti créé par plusieurs groupes et figures de la gauche comme Ahmed Nejib Chebbi, Rachid Khéchana et Omar Mestiri. Mais, le parti n’est pas reconnu par les autorités tunisiennes. Il ne sera juridiquement existant qu’en 1987 après le putsch de Zine El Abidine Ben Ali.

Durant la période 1986-2006, Maya Jeribi est l’une des rares femmes à être membre d’un bureau politique d’un parti. En 2006, elle réussit l’incroyable exploit à devenir la première femme tunisienne à la tête d’un parti politique. Mme Jeribi est élue, suite au congrès du parti tenu en décembre 2006, secrétaire générale du PDP.


Maya Jeribi ne cède devant rien. Elle milite et défend un projet démocratique tunisien préservant les droits et les libertés des citoyens et ayant pour objectif d’instaurer un État social et de droit. Grâce à la révolution du 14 janvier 2011, Maya Jeribi devient connue par la quasi-totalité des Tunisiens. Tous lui vouent un grand respect. Elle a su garder l’image d’une femme intègre et défendant ses convictions malgré les nombreuses attaques et campagnes la visant. Maya Jeribi est élue, suite aux élections de 2011, membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Elle présente sa candidature à la présidence de l'assemblée, mais perd face au secrétaire général d'Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar. Ce dernier s’était allié aux islamistes représentés par le mouvement Ennahdha et au Congrès pour la République (CPR) de Moncef Marzouki.

Le 9 avril 2012, Maya Jeribi est, encore une fois, élue à la tête d’un parti politique. Elle devient la secrétaire générale d’Al Joumhouri. Ce parti a été créé à la suite de la fusion du PDP, du Parti républicain et de Afek Tounes. Il occupera cette fonction jusqu'en 2017.


Malheureusement, Maya Jeribi est partie un peu trop vite. Elle a laissé un grand vide dans la scène politique tunisienne. Elle était un véritable symbole de sacrifice et de dévouement. Elle renvoie l’image d’une femme de principes, courageuse, audacieuse et brave.

À la suite de son décès, feu Béji Caïd Essebsi, président de la République déplore, dans un communiqué officiel, la perte d'une militante sincère et salue ses qualités humaines. De son côté, le ministère de la Femme lui rend hommage en donnant son nom à la salle de réunion principale se trouvant dans ses locaux. La municipalité de l’Ariana donne son nom à une rue située à la cité Ennasr. Des piêtre hommages pour une femme qu'on pourrait tout simplement qualifier d'incroyable !



Paix à son âme

A lire également
19/05/2023 | 12:35
6 min
Suivez-nous
Commentaires
Mouaten
Mémoire
a posté le 20-05-2023 à 10:05
J'ai gardé les images
De ses interviews avec les médias étrangers et locales ..,de sa prise de risque
En bougeant dans tous les sens a l'avenue Habib Bourguiba
En affrontant la police
Tous ça pendant la période la plus cruciale de la Tunisie
Janvier décembre Allah yarhamha ,......elle était sincère.,....
H.2n
Une abeille dans un nid de guêpes !
a posté le 20-05-2023 à 09:43
Elle a marqué son passage en politique , par sa sincérité, sa loyauté et sa droiture , militante jusqu'au bout des ongles dans un espace où dominait l'arrivisme , l'opportunisme et la médiocrité .
Waheb
Une icône
a posté le 20-05-2023 à 08:45
ALLAH YARHAMHA
Bouba
Grande perte
a posté le 19-05-2023 à 20:55
Une grande militante, humble après elle le néant au PDP et puis Al Joumhouri, j', ai eu l'honneur de la cotoyer, on est sans voix tellement aucun commentaire le plus élogieux soit il peut être à la hauteur de sa gradeur, la Tunisie a perdu Meya et Chokri irremplaçable
Mohamed Obey
Maya Jribi: le quintessence de la tunisianité au féminin...
a posté le 19-05-2023 à 19:53
Allah yarhamha Maya. Une femme qui inspirait la confiance et imposait le respect. Elle méritait mieux que ce qu'elle fut servie par la donne politique de cette alliance burlesque chapeautée par la secte islamiste. Quelle déception je sentis quand j'avais rapidement su que les candidatures au poste de président de l'ANC était alors un simple show pour le divertissement d'un public naïf_ le vote étant un simple rite comme la prière chez la secte, et le vrai sens de la démocratie chez celui qui, de membre de l'Internationale Socialiste muta en un bras droit du gourou des terroristes... Ce jour-là, j'ai davantage détesté le gourou manipulateur et le faux jeton qui fut le ridicule président de l'ANC...
Maya, paix à ton âme!
Même si c'est quasi-impossible dors en paix!
A toi l'amour, la gloire et le respect.
A eux de tout ceci pas un seul gramme!
Le mépris, le dégoût à eux qui haranguaient
leurs fidèles sur comment les gorges se font couper
et les libres pensants se font narguer!
Dors en paix, vaillante Maya!
Dieu merci, la Tunisie a une autre Maya
et elle est élégante, éloquente et adorée
dans toutes les wilayas.
Des fois, elle élève sa voix, se tait des fois
selon les aléas....
A4
L'hirondelle
a posté le 19-05-2023 à 19:24
L'HIRONDELLE
Ecrit par A4 - Tunis, le 20 Mai 2018

L'hirondelle est partie
Le printemps n'est plus là
L'hirondelle est partie
Fanés sont nos lilas

L'hirondelle s'est envolée
Au dessus des blancs nuages
Partie loin batifoler
Poursuivant son long voyage

Elle est partie vite et soudain
Abandonnant sa citadelle
Que peut devenir mon jardin
Sans un gazouillis d'hirondelle ?
Un lecteur
Merci pour ces vers '?'
a posté le à 22:19
Le printemps et les hirondelles reviendront dans notre beau pays débarrassé de ses démons et de ses mauvaises graines, il ne faut jamais désespérer et garder espoir même si nos jeunes sont si impatients de quitter le navire pour des cieux incertains
Rayma
Une vraie militante
a posté le 19-05-2023 à 17:50
Elle s'est usée pour qu'en fin de parcours il n'y a eu qu'un seul commentaire pour saluer cette grande militante. C'est pour celà que nous n'avons que des cancres cette dernière décennie.
Un lecteur
Ou est la relève ?
a posté le 19-05-2023 à 14:08
Hélas on ne voit pas (voir encore ?) de relève à la hauteur de cette grande Dame mais qui sait ?
Paix à son âme, mais sa présence aurait comblé un grand vide que ces soit disant politiciens qui ont lamentablement échoués durant ces 11 ans de destruction ont essaye de remplir pour leur propre et unique égoïste intérêt