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Chroniques
En attendant les résultats du RGPH 2024
Par Houcine Ben Achour
27/03/2025 | 19:59
4 min
En attendant les résultats du RGPH 2024

 

L’attente de la communauté des économistes, et particulièrement des démographes, mais aussi de toute personne évoluant dans les domaines des sciences économiques, sociales et humaines, est de plus en plus fébrile. Normalement, selon l’agenda de l’Institut national de la statistique (INS), maître d’œuvre du projet, les premiers résultats du Recensement général de la population et de l’habitat 2024 (RGPH 2024) devraient être annoncés à la fin de ce mois de mars 2025. Une conférence de presse de présentation des résultats préliminaires du recensement, à savoir des indicateurs démographiques globaux, était même prévue ce mercredi 26 mars 2025. Elle aurait été annulée sine die. Pourquoi ? Les voies du Seigneur sont impénétrables.

 

Un recensement crucial, mais des résultats incertains

Le RGPH, qui est mené tous les dix ans, est d’une importance considérable, car il fournit la photographie la plus proche possible de la réalité de la situation socioéconomique du pays. C’est l’outil fondamental pour l’élaboration de toute stratégie de développement, ainsi que des politiques et des programmes qui en découlent. Il constitue le référent incontournable de toute démarche prospective. C’est à partir de cet outil que sont dégagés les échantillons de population servant aux enquêtes et sondages. Bref, le RGPH est une enquête sur toute la population du pays, un état des lieux de chacun d’entre nous.

Selon des bruits de couloirs à l’INS, le RGPH cuvée 2024 ne manquera pas de surprises. Va-t-il confirmer, infirmer ou nuancer certaines tendances observées concernant les caractéristiques démographiques, éducatives, économiques, les conditions de vie et d’habitat, la mobilité et la migration…

 

Démographie : un vieillissement accéléré et des dynamiques migratoires en question

Le taux d’accroissement naturel de la population tunisienne a dégringolé depuis 2014. À cette date, il était de 1,2 %. Il n’est plus que de 0,7 % en 2023. Le vieillissement de la population serait-il inéluctable ? Saisi par le prisme des naissances, le processus semble inévitable. En 2014, on dénombrait environ 226 000 naissances. En 2022, on atteignait à peine 148 000. L’indice synthétique de fécondité a vertigineusement chuté sur la même période, passant de 2,5 à 1,7. Presque un Tunisien sur dix a plus de 60 ans. C’est le taux de vieillissement le plus fort en Afrique et dans la zone MENA. Le phénomène migratoire aurait-il accentué ou freiné cette évolution ? La question demeure encore sans réponse. On recensait une migration nette négative de plus de 25 000 personnes en 2014. Elle ne serait négative qu’à hauteur de 14 000 personnes en 2023. Y aurait-il plus d’apports étrangers ou un recul du nombre de départs de Tunisiens vers l’étranger ? Tout cela, c’est le RGPH 2024 qui le fournira. Et bien d’autres données encore.

En attendant, les perspectives socioéconomiques du pays ne sont franchement pas porteuses d’optimisme.

 

Une économie sous tension et des finances publiques fragilisées

La nouvelle réglementation sur l’émission des chèques donne déjà ses effets : une chute des émissions qui suggère implicitement un recul conséquent de l’activité économique. Le projet de loi de réforme de l’emploi visant à abroger la réglementation de l’emploi temporaire, qu’il soit de sous-traitance ou en contrat à durée déterminée (CDD), va probablement booster le taux de chômage ou, à défaut, mettre sur la paille plusieurs entreprises, notamment des PME. Quant aux finances publiques, les dérives ne cessent de s’amplifier, auxquelles semble répondre davantage une fuite en avant qu’une volonté de maîtrise. Le déficit des paiements extérieurs a repris de plus belle, alors que du côté du budget de l’État, les besoins de financement sont de plus en plus difficiles à satisfaire. Et quand bien même ils le seraient, cela ne ferait qu’attiser les tensions inflationnistes par une création monétaire à tout va. À cet égard, l’évolution de la masse monétaire depuis le début de l’année en constitue un exemple édifiant.

Au cours des dernières années, les billets et monnaies en circulation – le fameux cash – augmentaient, bon an mal an, d’environ 1,7 milliard de dinars chaque année. Cette augmentation du cash a déjà été atteinte durant les seuls deux premiers mois de l’année 2024. Beaucoup suggéreront que cette envolée des liquidités renvoie à la nouvelle législation sur les chèques.

Certes, mais pas seulement. Elle renvoie aussi à une monétisation de la dette intérieure de l’État, à la faveur d’une politique monétaire accommodante de la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui tente de maintenir le volume global de refinancement autour de 15,5 milliards de dinars pour financer les besoins de l’État, sans compter le crédit de 14 milliards de dinars accordé au gouvernement entre 2024 et cette année. L’État emprunte une fois pour honorer une échéance de dette, une fois pour servir les salaires des fonctionnaires et une autre fois pour acquitter une partie des sommes dues aux subventions. On en oublierait presque ses arriérés de paiement.

À ce propos, la Banque du Canada et la Banque d’Angleterre, qui publient annuellement un rapport sur les pays en défaut de paiement, y ont épinglé la Tunisie, considérant que les arriérés budgétaires représentent un défaut de paiement. En 2023, elles estimaient les arriérés budgétaires de la Tunisie à quelque 2,3 milliards de dollars.

Tout cela donne à réfléchir sur le projet de loi d’amendement des statuts de la BCT, qui signifie en fait la mise à mort de sa politique monétaire sans aucune autre alternative, rendant puéril tout débat sur le taux directeur de la BCT.

Par Houcine Ben Achour
27/03/2025 | 19:59
4 min
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Commentaires
Dr. Jamel Tazarki
@Mr. Ben Achour
a posté le 28-03-2025 à 11:20
1ère partie:
A) Définitions:
- La croissance démographique résulte du jeu des facteurs suivants : naissances, décès, et mobilité géographique (solde migratoire).
- L'accroissement naturel est défini uniquement à partir des naissances et des décès. Par contre L'accroissement proprement dit inclut en plus les mouvements migratoires. Le solde migratoire est égal à la différence entre immigration et émigration.
--> accroissement réel = accroissement naturel + solde migratoire

B) @Mr. Ben Achour, Je vous cite: "Le taux d'accroissement naturel de la population tunisienne a dégringolé depuis 2014. '? cette date, il était de 1,2 %. Il n'est plus que de 0,7 % en 2023. Le vieillissement de la population serait-il inéluctable ? Saisi par le prisme des naissances, le processus semble inévitable. En 2014, on dénombrait environ 226 000 naissances."
-->
De ces données statistiques on ne peut tirer aucune conclusion intelligente / utile. En effet, il nous manque le comptage de la population tunisienne et celui du nombre des décès et du solde migratoire.

Par contre la citation ci-dessus est en contradiction avec les données de l'ISIE, je cite L'isie : "Le nombre d'électeurs inscrits sur les registres de l'Isie pour les législatives de 2014 s'élevait à 5,4 Millions de personnes" --> ce qui fait que 5,4 Millions de Tunisiens étaient à l'âge de procréation en 2014" Je cite encore une fois l'Isie: "Le nombre d'électeurs inscrits sur les registres de l'Isie pour les législatives de 2022 s'élève à 9.136.502 personnes." d'après Business News TN du 7/12/2022 à 19:56
-->
ce qui fait que 9.136.502 Millions de Tunisiens étaient à l'âge de procréation en 2022
-->
c'est un peu trop bizarre que le nombre de naissances passe à 148000 en 2022 alors qu'il était à 226000 en 2014 avec une augmentation approximative de 3736502 du nombre des Tunisiens ayant l'âge de procréation: 9136502-5400000=3736502

C) La fonction de croissance démographique est une fonction exponentielle. Exemple:
f(2022) = q^8 *f(2014)

a) f(2014) est le le comptage de la population tunisienne en 2014
b) "8" est le nombre d'années entre 2014 et 2022 --> de ce fait 8 = 2022-20154
c) "q" est le taux de croissance de la population tunisienne
-->
La croissance démographique est exponentielle, --> de ce fait , même une croissance de 1,03 qui nous paraît très lente, est en fait très explosive.

- Liberté pour Madame Sonya Dahmani, en effet elle n'a fait de mal à personne et elle n'a insulté personne. Elle est victime d'une faute de justice.
- Liberté pour Mr. Zammel et Madame Siwar Bargaoui victimes d'une loi électorale avec beaucoup d'erreurs de pensée et de contradictions qu'il faudrait optimiser.

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien résidant à l'étranger
Dr. Jamel Tazarki
J'optimise un passage de mon commentaire ci-dessus:!
a posté le à 14:58
J'optimise un passage de mon commentaire ci-dessus:
- je cite L'isie : "Le nombre d'électeurs inscrits sur les registres de l'Isie pour les législatives de 2014 s'élevait à 5,4 Millions de personnes" --> ce qui fait que 5,4 Millions de Tunisiens étaient ou ont dépassé l'âge de procréation en 2014"
- Je cite encore une fois l'Isie: "Le nombre d'électeurs inscrits sur les registres de l'Isie pour les législatives de 2022 s'élève à 9.136.502 personnes." d'après Business News TN du 7/12/2022 à 19:56
-->
ce qui fait que 9.136.502 Millions de Tunisiens étaient ou ont dépassé l'âge de procréation en 2022
-->
c'est un peu trop bizarre que le nombre de naissances passe à 148000 en 2022 alors qu'il était à 226000 en 2014 avec une augmentation approximative de 3736502 du nombre des électeurs qui devraient être au meilleur âge de procréation: 9136502-5400000=3736502


Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien résidant à l'étranger
Dr. Jamel Tazarki
L'amélioration de la qualité des statistiques macroéconomiques est une première priorité en Tunisie afin d'ajuster "le comment faire"!
a posté le 28-03-2025 à 11:09
2ème partie:
- Je rappelle à nos politiciens que les résultats des politiques dépendent de façon décisive de l'utilisation de statistiques aux stades du processus de l'énonciation qu'il s'agisse de reconnaissance du problème, de la conception ou de l'établissement de prévisions et non pas seulement au niveau du suivi et de l'évaluation.

- Des statistiques solides et transparentes sont la clé d'une prise de décision efficace. Nous sommes victimes en Tunisie des idéologies politiques purement intuitives qui sont en contradiction avec les faits scientifiques.

- Les décideurs en notre pays devraient utiliser des données statistiques exactes, en temps réel et susceptibles de les avertir des problèmes socio-économiques et politiques immédiats ou futurs de notre société. Très peu de politiciens tunisiens utilisent des statistiques afin d'élaborer les programmes sur lesquels les tunisiens seront appelés à se prononcer.

- Il est temps que les Conseils de nos Ministres à la Kasbah adaptent un esprit scientifique. Il faut changer tout d'abord le décors actuel: une longue table, des chaises tout autour, un premier ministre qui parle en monologue dans le vide et des Ministres distraits (inattentifs) ou font semblant de prendre des notes, de toute les façon ils feront (les Ministres) ce qu'ils voudront dans leurs Ministères et lui (le premier Ministre) pourrait dire ce qu'il voudrait en monologue. Je vous propose de voir la photo du récent conseil des ministres sur le lien web suivant: ***
--> Je ne pourrais jamais travailler dans ces conditions!

- Oui, il faut changer le décors des Conseils de nos Ministres à la Kasbah--> plutôt Amphithéâtre, vidéoprojecteurs, système de sonorisation mobile, système de diffusion vidéo mobile, écrans de projection (entre autre pour la projection des données statistiques), lecteurs audio/vidéo, Captation vidéo des réunions, etc.

- oui, il faut dépasser les monologues et passer aux discussions et au Feedback constructif avec un bon fondement statistique macroéconomique (ceci est valide aussi pour KS) , --> oui beaucoup de statistiques macroéconomiques et un premier ministre qui défie ses ministres avec des questions, avec beaucoup de questions pour qu'ils ne s'endorment pas ou passent à la distraction (inattention).:

- Des statisticiens/mathématiciens doivent être associés au processus d'élaboration des politiques à un stade précoce afin de faire des calculs qui permettraient d'apprécier l'impact d'une nouvelle mesure. Il est temps de mettre en place en Tunisie une culture privilégiant la prise de décision fondée sur l'observation des faits statistiques --> Exemple: il est complètement absurde d'investir des milliards de dinars pour l'extraction du phosphate, si il n'y a plus assez de phosphates dans nos mines après plus de 100 ans d'extraction abusive --> d'où la nécessité d'une sérieuse étude au préalable.

- L'absence de statistiques macroéconomiques à jour, exactes et cohérentes constitue un sérieux obstacle pour la mise en oeuvre d'une stratégie de développement en Tunisie. L'amélioration de la qualité des statistiques macroéconomiques doit être une première priorité en Tunisie.

- Nous avons le droit et nous souhaitons dans une démocratie de savoir comment, pourquoi et sur quelle base statistique sont prises les décisions qui affectent notre vie.

- Liberté pour Madame Sonya Dahmani, en effet elle n'a fait de mal à personne et elle n'a insulté personne. Elle est victime d'une faute de justice.
- Liberté pour Mr. Zammel victime d'une loi électorale qu'il faudrait optimiser.

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien résidant à l'étranger

C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique / -économique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.
Dr. Jamel Tazarki
limiter l'origine de l'inflation seulement aux deux paramètres spéculation et taux directeur est une absurdité!
a posté le à 12:32
- Certes, la baisse du taux directeur est une bonne nouvelle. Par contre un taux d'inflation à 5,7% est encore assez fort afin de faire la fête...

- La bonne nouvelle pour beaucoup de Tunisiens est que les prêts à taux variable bénéficieront de mensualités plus faibles après la réduction du taux directeur de la BCT --> il faudrait informer tous les concernés...

- Puis, les banques commerciales devraient aussi réduire leurs taux préférentiels au moins d'un quart de point de pourcentage et même d'un demi point de pourcentage.

- Ce qui me fait des soucis, c'est plutôt les prêts de plusieurs milliards de dinars sur plusieurs années à 0% de l'Etat tunisien auprès de la BCT. --> Ces milliards injectés pour financer entre autres les dépenses étatiques pourraient aggraver l'inflation --> c'est ce que j'appelle: dépenser de l'argent à partir de rien...

- de même, (l'hyper-) inflation résulte très souvent de déséquilibres macroéconomiques. Cela peut être dû à un important déficit de la balance commerciale (importations plus importantes que les exportations). Cela entraîne une dépréciation de notre monnaie. Cette dévaluation va stimuler l'inflation et ainsi le prix des biens importés --> c'est-ce que nous faisons depuis 2011...

- Le taux directeur de notre BCT à lui seul ne pourrait jamais ralentir le taux d'inflation, en effet si on fait tourner la planche à billets afin de financer les dépenses de l'Etat tunisien, ceci risquerait de provoquer la flambée de l'inflation et la dévaluation de notre monnaie locale par rapport aux autres monnaies.

Fazit: limiter l'origine de l'inflation seulement aux deux paramètres spéculation et taux directeur est une absurdité

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
le financier
tres bon article
a posté le 27-03-2025 à 22:22
Article qui a rappeler quasi tous mes commentaires .
Next step : la croissance ( ou pluto decroissance ) et la devaluation du dinars
1euro = 4 dinars est une bonne anticipation a 2ans