
Il serait inutile de s’étaler, ici, sur le bilan économique du pays au crépuscule de 2020. Imen Nouira l’a très pertinemment exposé dans son article « Bilan économique : 2020, l’année des tristes records ». La dégradation de la situation économique est sans précédent. Cependant, ce n’est pas la pandémie qui en est la conséquence. Elle y a contribué, certes. Mais, elle en fut surtout le brutal révélateur quant à son ampleur. C’est que la détérioration progressive des finances publiques, ces dernières années, s’est accompagnée d’une déliquescence du tissu productif du pays et de l’obsolescence de son outil de création de valeur.
Compte tenu d’un tel constat, on peut légitimement se demander si le gouvernement de Hichem Mechichi serait en mesure de redresser la barre car, la loi de finances comme le budget général de l’Etat pour l’exercice 2021reflète plus une attitude attentisme, un statu quo, qu’une réelle volonté de mener les réformes qu’il fallait d’ailleurs mettre en œuvre depuis l’accord de crédit Stand by conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) en 2013.
En tout cas, le gouvernement ne peut pas se leurrer et leurrer l’opinion. Une fois encore, le recours au FMI sera inévitable. On ne peut pas imaginer un autre scénario ou alternative qui puisse permettre aux pouvoirs publics de mobiliser une enveloppe de plus 13 milliards de dinars de financements extérieurs pour boucler son budget. Et quand bien même, une nouvelle rallonge du FMI serait possible sinon probable, cela ne peut constituer une garantie suffisante pour une levée d’emprunt sur les marchés financiers internationaux. D’autre part, le gouvernement se garderait bien de solliciter une quelconque garantie d’un pays ami. Les emprunts Samouraï de 2012 et 2014 assortis de la garantie de la Banque japonaise de coopération internationale (JBIC) ont coûté en commission l’équivalent de ce qu’ils ont coûté en taux d’intérêt. Quant à l’emprunt assorti de la garantie du gouvernement US, il convient de s’en méfier comme du Covid-19, par ces temps de manœuvres américaines visant la normalisation des relations entre les pays arabes et Israël, à l’image du deal avec le royaume du Maroc sur le dossier du Sahara occidental. On a bien cédé l’ultime premier ministre de Mouamar Kadhafi, Baghdadi Mahmoudi, pour une centaine de millions de dollars aux autorités libyenne en 2012.
Cette fois-ci, on paiera cher le soutien du FMI. L’institution de Bretton Woods ne s’impatiente d’ailleurs pas, alors que le calendrier de ses consultations au titre de l’article IV des statuts du Fonds avec les autorités du pays a pris un certain retard. Pour l’institution multilatérale de financement, ces consultations constituent le pré-requis à toute discussion sur un nouveau crédit et aux conditions et objectifs à satisfaire pour l’obtenir.
Dans ce cadre, un recadrage budgétaire et donc une loi de finances complémentaire serait incontournable. Il faudra s’attendre à une douloureuse reconsolidation budgétaire et à des réformes dont les conséquences sociales seront douloureuses ; réforme des Caisses sociales ou de la subvention ou encore de restructuration des entreprises publiques. Et ce ne sera pas tout.
Les réformes devraient également cibler l’environnement des affaires et de l’investissement, la lutte contre la fraude, l’évasion fiscale et la corruption. Et si un dialogue national sérieux devrait être engagé, c’est sur ces thèmes qu’il gagnerait à être organisé car, il sera difficile dans ces conditions de dégager un consensus qui ne pourrait être au demeurant qu’un consensus de façade. En revanche, il est susceptible de mettre à jour les clivages entre les acteurs politiques et dans la foulée fournir l’occasion d’une recomposition du paysage politique et reconfiguration des alliances partisanes. Le sort des Caisses sociales est un sujet clivant, celui de la subvention aussi, celui de l’investissement et de la fiscalité également. Même la problématique de l’emploi est susceptible de faire naître de profondes divergences si par audace on ose dépoussiérer un arsenal juridique qui protège plus l’emploi et non pas l’employé.
C’est de cela qu’il convient de dialoguer ou de débattre, hormis, ce ne serait que faux-semblant….en attendant le FMI.
Sans attendre, souhaitons-nous quand même une bonne année.



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Si Houcine, je peux imaginer "un autre scénario ou alternative qui puisse permettre aux pouvoirs publics de [ne pas être obligés de] mobiliser une enveloppe de plus 13 milliards de dinars de financements extérieurs pour boucler son budget."
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Oui, Si Houcine, l'état tunisien devrait limiter ses dépenses qui ont beaucoup augmenté depuis 2010 et ceci est faisable (sans entrer dans les détails).
-Si Houcine, pourriez-vous me dire où sont passés les 33 milliards d'euros d'aide et de dettes extérieures qui ont été injectées entre 2010-2020 par le haut et ne se sont jamais infiltrées vers le bas sous-forme de projets et de création d'emplois.
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Il faut comprendre que plus de 100 Milliards de dinars ont probablement disparu sans Suivi des dépenses. Ces 100 Milliards de dinars sont-ils sous les matelas et les coussins? Sont t-ils dans nos banques privées? sont-ils enterrés dans des jarres? On ne le sait pas...
-Si Nizar Bahloul écrit: "En Europe, on a oublié l'orthodoxie budgétaire, on a oublié la règle de l'endettement qui ne doit pas dépasser le PIB et on a oublié les plafonds des taux d'inflation. Dans certains pays, on a même distribué des chèques aux ménages dans l'objectif de relancer la consommation. Résultat : l'Europe s'apprête à se remettre sur pied pour une année 2021 très probablement meilleure que 2020.", voir https://www.businessnews.com.tn/2020-annus-horibilis-quid-de-2021,523,104693,3
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Je suis d'accord avec les idées de Si Nizar, mais seulement il nous faut savoir d'abord où sont passés les 33 milliards d'euros d'aide et de dettes extérieures --> Si Houcine, on ne peut pas injecter encore plus d'argent s'il y en a déjà trop sous les matelas et les coussins, ou dans nos banques privées ou même enterrés dans des jarres, etc. ---> on ne sait pas qui a pris quoi et combien...
Si Houcine, encore une question: comment pourrions nous injecter l'argent du contribuable dans des sociétés cotées à la bourse de Tunis qui n'ont pas publié leurs états financiers de 2018 et 2019?
-Notre BCT devrait avoir le suivi des dépenses des 33 milliards d'euros d'aide et de dettes extérieures --> et seulement lorsque l'on aurait clarifié cette question de suivi de dépenses que l'on pourrait discuter les propositions de Si Nizar et le sens d'une nouvelle dette extérieure de 13 Milliards de dinars --> on ne peut pas effacer 33 milliards d'euros de notre PNB des dernières 10 années comme s'il n'y avait rien de grave. C'est de la négligence et une mauvaise gestion de l'argent public...
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien
- La Banque centrale européenne (BCE) et le réseau des 27 banques centrales nationales (BCN) des états membres ont un suivi des dépenses. --> Et ainsi tous les entrepreneurs qui ont reçu une injection d'argent durant la pandémie vont rembourser cet argent directement / indirectement à travers les déclarations fiscales des prochaines années. L'argent injecté durant la pandémie doit-être retiré avant de l'effacer du PNB.
- Puis, pour que cette injection d'argent durant la pandémie fasse un sens, il ne faudrait pas l'accorder à des entreprises qui étaient déjà en ruine avant la pandémie --> Sinon, il y a un grand risque que cet argent ne serait jamais remboursé --> et qu'il faudrait l'effacer du PNB alors que cet argent est encore dans des "poches" privées --> ce qui signifie inflation à long terme.
Si Houcine, vous voyez le problème d'une injection inconditionnelle d'argent dans l'économie tunisienne et d'une nouvelle dette extérieure de 13 Milliards de dinars...
Puis, Il faut que notre BCT et son gouverneur se débarrassent de cette idée absurde qu'une injection d'argent induit automatiquement une inflation --> c'est une fausse idée, si nous faisons une injection conditionnelle d'argent dans l'économie tunisienne... --> la preuve est que l'Allemagne à injecté des centaines de milliards d'euros en l'économie Allemande alors que l'inflation est actuellement à zéro en Allemagne --> il faut seulement faire un suivi des dépenses (afin de récupérer cet argent après la crise/pandémie) et n'injecter l'argent du contribuable que dans des entreprises qui ne sont pas déjà en ruine --> Exemple: c'est complètement absurde d'injecter 80 millions de dinars en Syphax Airlines (à la suite d'une pseudo-décision juridique) alors que l'entreprise de Mr. Mohamed Frikha est déjà en ruine .
@Mr. Marouane ElAbassi, le gouverneur de notre BCT: oui à une injection d'argent intelligente en l'économie tunisienne, oui à la baisse intelligente du taux d'intérêt directeur --> mais il faut d'abord a)clarifier où sont passés les 33 milliards d'euros d'aide et de dettes extérieures b)savoir où va et où se trouvera l'argent qui serait de nouveau injecté afin de le retirer au bon moment, et c) ne plus injecter de l'argent public en des sociétés déjà en ruine
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il faut se débarrasser d'un savoir socio-économique dépassé par le temps et qui ne s'applique pas à nos problèmes actuels --> il y a un changement de paradigme, réveillons nous avant qu'il ne serait trop tard (si ce n'est déjà...)
Très Cordialement,
bonne année 2021
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien