alexametrics
mardi 07 mai 2024
Heure de Tunis : 15:45
Tribunes
Quid de la cinquième roue du carrosse
13/11/2013 | 1
min
Quid de la cinquième roue du carrosse
{legende_image}

Par le Colonel (r) Mohamed Kasdallah

Non ce n’est pas une devinette, vous avez bien compris de qui et de quoi je parle. Ce n’est pas non plus, une anecdote pour amuser la galerie. La situation est aujourd’hui trop tragique pour rire d’une telle besogne comme on rirait d’une boutade. Mais voilà, la réalité est tellement cruelle, qu’elle nous suggère que ce rôle attribué à ce « Machin* » est largement confirmé par l’évolution physique de la situation actuelle. On n’a qu’à faire témoigner l’Histoire qui nous donnera sans doute raison.

Depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, la Tunisie a connu des crises (1967, 1978, 1980, 1984, 2010) aussi grave l’une que l’autre et à chaque fois, elle ne doit son salut qu’à l’usage de cette fameuse roue de secours.
Aujourd’hui, la crise est là : la régression qui frappe l’ensemble des secteurs économiques, la dégradation sans précédent des conditions sociales, le délabrement des villes, des compagnes et du cadre de la vie en général, la dévaluation de la monnaie nationale, l’augmentation du coût de la vie et son corollaire le laminage du pouvoir d’achat de la majorité de la population, le règne de la gabegie dans l’administration et l’anarchie dans les rues et sur les routes et l’extension du terrorisme sont autant de signes alarmants.

Pendant ce temps, la sphère politique semble en ébullition continue, les conflits de chapelles et les calculs sectaires y font rage. Gouvernants et opposants sont tous logés à la même enseigne, tous accrochés à leurs sièges, tous obnubilés par les futures élections et tous se nourrissent d’illusions de gouverner un jour le pays. Leurs stratégies sont, en revanche, différentes. Faisons le point très succinctement :

• La stratégie de la mouvance intégriste vise à laisser la voie d’accès à l’Etat islamique grandement ouverte en distribuant les rôles entre les radicaux incarnés par les fanatiques de Ansar Chariâa et les modérés représentés par les partis légaux ; à savoir que lorsqu’il y a montée de la pression des radicaux, les modérés en profitent et que lorsque les modérés gagnent des nouvelles positions « légales », les radicaux et toute la mouvance en profitent. Autrement dit, l’intégrisme partage maintenant le pouvoir avec le pouvoir et l’opposition avec l’opposition; l’essentiel c’est tout à la fois : s’agripper à la légalité, participer au pouvoir et camper dans l’opposition (même armée). Cette attitude s’inscrit dans la droite ligne des commandements de l’organisation des Frères Musulmans. L’entrisme et l’accaparement de l’intérieur de l’Etat sont leurs particularités propres. En somme, il s’agit d’une démarche visant à prendre pied dans les rouages de l’Etat et arracher des parcelles du pouvoir par petites doses.

• Quant à l’Opposition, les dysfonctionnements y sont multiples et variés. Les attitudes de ses composantes peuvent être résumées dans cette formule lapidaire : « zéro plus zéro plus zéro égale zéro ». Dans l’état actuel des choses, il est illusoire d’espérer qu’elle pourra même prétendre jouer un rôle équilibrant, elle sera même plus gravement discréditée si la démarche actuelle n’est pas remise en cause avant terme.

Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui. Les fissures de l’édifice national sont de plus en plus béantes, le brouillard ne cesse de se densifier et le pays, désormais sans boussole, est obligé de naviguer à vue. Y a-t-il pilote dans l’avion ? Faut-il épiloguer encore longtemps pour s’offrir une alternative qui sortirait le pays du cercle vicieux dans lequel il s’est embourbé?

Je voudrais profiter de cet espace de liberté d’expression (véritable butin de la révolution) pour crier haut et fort le ras-le-bol de ce rébus politique que les Troïka, Quartet, ANC et opposition savent affectionner à merveille. En vertu de quoi ces gens, dont la paranoïa est sans limites, s’enferment dans le confort absolu et procèdent à « nouer » et « dénouer » le devenir de la Tunisie à notre insu ? Sont-ils conscients du danger qui guette notre pays ?

Dans tous les pays du monde, les armées constituent le premier rempart devant toute menace de quelque nature que se soit. C’est pourquoi elles sont associées dans la prise des grandes décisions stratégiques et le choix des grandes orientations politique économique et sociale. Cela ne relève jamais de l’usurpation du pouvoir comme le prétendent certains esprits sceptiques. La neutralité d’une armée s’estompe dés qu’il y a péril en la demeure. Notre Armée nationale ne doit pas faire exception, elle a prouvé pour la énième fois son désintéressement pour le pouvoir et elle sait se placer toujours au dessus de la mêlée politique. Inutile donc de la caresser dans le sens du poil. La docilité, l’obséquiosité et la servilité ne sont pas dans ses annales.

Cessez, par conséquent, vos tergiversations politiciennes et vos suspicions envers cette Armée fidèle gardienne des valeurs républicaines et constitutionnelles.

De grâce assez ! Assez ! Le pays a assez vu de mal.

*Mot argotique employé par De Gaulle en parlant de l’ONU.
13/11/2013 | 1
min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous