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Tribunes
Le Cloud : Un nuage de connaissances pour absorber une mer de chômeurs
22/03/2013 | 1
min
Le Cloud : Un nuage de connaissances pour absorber une mer de chômeurs
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Par Nabil Majoul*

Il y a quelques jours, en zappant sur les radios, je suis tombé sur l’histoire de cette jeune veuve, qui a perdu son mari il y a 6 ans alors que son enfant venait de naître.

C’était une de ces histoires poignantes qui vous prennent aux tripes et finissent pas vous obséder.
Titulaire d’un mastère et sans revenus, elle vit de la solidarité de sa communauté qui a pris en charge le petit orphelin, une communauté de travailleurs journaliers aux revenus incertains qui cahier par cahier, livre par livre a fourni le nécessaire au garçon pour faire sa première rentrée à l’école.
Cette dame ne demandait rien d’autre qu’un travail pour subvenir aux besoins de son fils, n’importe quel travail, mais on la jugeait surqualifiée pour des travaux de nettoyage à cause de son diplôme.
Des histoires comme cela il y en a des milliers dans notre société qui a produit 200 mille chômeurs diplômés et qui va continuer à en produire dans les années à venir.

200 mille: un chiffre vertigineux. Les absorber passe, inéluctablement, par un changement radical du modèle de développement. Sujet débattu et re-débattu par d’éminentes sommités et sur lequel ma modeste personne a une opinion qui dépasse le cadre de cet article.
Ayant à recruter pour les besoins de mon entreprise, je ne peux que constater l’immense disparité qui existe dans la qualité des diplômes.
Pour chaque poste que nous affichons, nous recevons des centaines de demandes. Dans l’impossibilité de recevoir tout le monde, nous en sélectionnons une dizaine sur deux critères : la qualité du CV et le diplôme.

  •  Qualité du CV : Je ne sais pas s’il faut rire ou pleurer de ce sujet. Mais il est clair que le système éducatif sous Ben Ali a handicapé une grande tranche de la population linguistiquement. Une grande tranche des jeunes se trouvent éliminés du marché du travail de par leur incapacité de produire un CV valable.
  • Qualité du diplôme : La machine éducative Ben Ali a éliminé la sélection au bac pour augmenter drastiquement le nombre des diplômés et cela s’est fait au détriment de la qualité de l’enseignement. Etre diplômé ne veut plus dire être employable.
A mon sens, un effort gigantesque doit être mis en place pour la mise à niveau de ces diplômes afin de donner à ces jeunes les compétences nécessaires en vue d’intégrer le circuit économique.
Comme le chiffre de 200 mille, l’effort associé ne peut qu’être gigantesque.
Pourtant, pour mener ce combat, un allié, imparfait, mais qui a le mérite d’être présent, et gratuit en plus, existe. Cet allié s’appelle le nuage ou le cloud.
Vu la conjoncture économique et les difficultés d'ordre social qu'elle implique, il est important pour les jeunes diplômés et les diplômés moins jeunes de diversifier les moyens d'accès à la connaissance afin de s'armer d'un outil, certes virtuel , mais d'une réelle utilité afin d'affronter au mieux le combat quotidien qu'est la recherche d'emploi.

Appelés cours en ligne massifs et ouverts (en anglais massive open online course, MOOC). Ces plateformes d'enseignement en ligne accueillent 10 ou 10 000 stagiaires, surtout des adultes, et hébergent les cours des plus grandes universités ou professeurs américains.
Chacun étudie à son rythme et de façon collaborative derrière son écran. Les participants aux cours, enseignants et élèves, sont dispersés géographiquement et communiquent uniquement par Internet. Des ressources éducatives libres sont souvent utilisées. Le qualificatif « massif » quant à lui, est lié au grand nombre de participants. Dans le monde anglophone, il arrive fréquemment que 100 000 personnes soient réunies pour un cours. Leurs principaux utilisateurs restent les jeunes et étudiants à la recherche de compétences nouvelles, partout dans le monde où l'université est difficile d'accès ou onéreuse.

Le précurseur en la matière est la Khan Academy : Salman Khan, le fondateur américain d'origine bengalie, de la Khan Academy, site précurseur et gratuit proposant plus de trois mille vidéos de cours en ligne, a débuté en mettant en ligne des tutoriels de mathématiques en 2006. Ses leçons de dix minutes, axées surtout autour de la science et de la technologie, et qui peuvent être maintenant réalisées par des amateurs (parents, éducateurs) ont profité du support le plus aimé sur Internet, la vidéo, et d'un immense succès créé par le besoin dans le monde entier d'éducation gratuite (243 millions de "leçons" dispensées).
Sans bruit, Khan Academy a révolutionné l'enseignement des maths sur Internet, a fait de nombreux émules dans toutes les langues et pays, et reste résolument sans but lucratif. Depuis, la bibliothèque de vidéos éducatives s'est élargie à d'autres sujets que les sciences et comprend maintenant une vaste gamme de sujets.

Un autre exemple est Coursera : qui propose les cours en ligne, tutoriels, des nombreuses universités. Les apprenants peuvent, là encore, choisir et suivre le cours de leur choix et suivre le parcours de chaque filière choisie. L'ambition de Coursera est de mettre à disposition de tous le savoir des grandes universités.
Ces deux exemples sont loin d’être les seuls et une simple recherche sur le web sur le terme MOOC, ou sur le sujet que vous voulez maîtriser vous sortira des centaines de liens.
Malheureusement, la majorité de ce contenu est en anglais, et nous revenons là au sujet du handicap linguistique. Les deux bonnes nouvelles, c’est que vous pouvez trouver des cours d’anglais disponibles et que l’offre francophone est en train de s’étoffer. Khan Academy offre certains cours en français, Corsera a commencé à intégrer les cours de l’école polytechnique de Lausanne…

Il existe même un MOOC francophone: ITTYPa. Et Il se trouve qu’il est consacré aux compétences informationnelles! Plus précisément, à l’Environnement d’Apprentissage Personnel. Internet : Tout Y est Pour Apprendre (ITyPA pour les intimes).
Le Cloud/Nuage met toute cette masse de connaissances à la disposition d’une nation en manque de compétences. A nous de savoir comment canaliser, sensibiliser, motiver et apprendre comment utiliser au mieux ces outils.


*Nabil Majoul  est expert en Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Il est directeur associé du cabinet Targa Tunis Paris Genève.
22/03/2013 | 1
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