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Tribunes
Les réponses pharmaceutiques à la pandémie de la Covid-19
03/09/2020 | 16:00
9 min
Les réponses pharmaceutiques à la pandémie de la Covid-19

 

Par Dr. Lassaâd M’Sahli*

 

 

La présente pandémie nous a aidé à prendre conscience et à constater que la partie académique médicale n’était pas préparée et que les agences gouvernementales et les structures hospitalières étaient affaiblies, en général. Ces institutions ont perdu leur maîtrise sur les données médicales, et leur traitement traduisant de la sorte une baisse de la compréhension des maladies et de l’interprétation de ces données de manière indépendante.

Ceci s’est aggravé par l’absence de transparence totale des données cliniques avant prescription, avec deux risques majeurs. Le premier risque est représenté par une exagération des bénéfices thérapeutiques du traitement consolidé par diffusion de publications « scientifiques » sans confirmation par les données des essais cliniques (cas de l’oseltamivir lors de la grippe H1N1 en 2009). Le second risque est représenté par une sous-estimation des effets indésirables (cas du vaccin anti-H1N1 (Pandermix® en 2009 qui s’avère avoir généré des problèmes de santé de narcolepsie)[1].

La conjugaison de ces faiblesses était à l’origine du manque de réactivité des institutions sanitaires, au niveau mondial.

Les réponses pharmaceutiques à la pandémie de la Covid-19 sont de deux types. Les premières font recours aux médicaments pour tuer le virus SRAS-CoV-2 ou le contrôler à des niveaux bas, ou à traiter les symptômes polymorphes, de manière à ne pas déclencher ses formes pathologiques graves. Les secondes, créent une immunisation artificielle à travers la vaccination.

Les personnes malades sont psychologiquement préparées, pour accepter le risque de se vacciner, alors que les personnes saines souhaitent préserver leur état de santé.

Quel que soit le degré de sécurité réalisé lors de la vaccination, la survenue d’accidents et d’erreurs médicales est inévitable.

Le savoir nécessaire à une décision pertinente concernant la vaccination, qu’elle soit générale (tous les vaccins) ou spécifique (anti-Covid-19), peut être inadéquat ou insuffisant en particulier, si l’on prend en considération le poids des droits de propriété intellectuelle représentés principalement par les brevets et les secrets d’affaires qui sont des droits octroyés au titulaire de ces droits lui permettant d’exclure les tierces parties d’exploiter et d’avoir accès aux données cliniques et aux résultats des essais cliniques. Ceci crée une situation de monopole, une asymétrie informationnelle et une position d’abus de droits[2].

Depuis le début de la pandémie, les connaissances de la Covid-19 se sont multipliées, mais demeurent incertaines. Cette incertitude scientifique est le produit de plusieurs facteurs. Le premier facteur est la protection des données cliniques et statistiques relatives à la Covid-19, ce qui limite l’accès et exclue les chercheurs indépendants qui pourraient vérifier la fiabilité de ces données. Le deuxième facteur potentialise le premier, il est relatif à l’abus d’usage des droits de propriété intellectuelle en temps de crise pandémique. Ce qui est éthiquement non-acceptable. Le troisième facteur, matérialise les limites du processus de publication admis et validé par les paires en temps normal, et son inadaptation à la publication en situation d’urgence pandémique.

 

Les médicaments candidats :

Les médicaments sont destinés à des personnes ayant contracté la Covid-19.

Le NIH (National Institute Of Health, USA) a établi un guideline[3] (dernière mise à jour 1/9/2020) du traitement de la Covid-19. Il en a recensé 21 médicaments :

 

Tableau n°1 : Les médicaments anti-Covid-19

Nombre de médicaments

2

2

12

2

3

Utilisation

Large

Evidence prometteuse

Tentative d’évidence ou évidence mitigée

Non prometteuse

Pseudo-science ou fraude

 

La polémique scientifique qui caractérise les traitements bloquant le virus comme l’hydroxychloroquine, le remdésivir, le faviravir, l’ivermectine, le lopinavir et ritonavir nous empêche d’exprimer une quelconque position en raison de l’incertitude scientifique. La Tunisie, a opté pour l’utilisation de l’hydroxychloroquine puisque la PCT a constitué un stock de sécurité et la DPM a autorisé deux laboratoires locaux à la fabriquer.

Les médicaments mimant le système immunitaire comme le plasma de convalescents, ou les anticorps monoclonaux et les interférons, présentent une évidence scientifique mitigée et nécessitent une consolidation et plus d’investigation.

Quant aux médicaments qui permettent de contrôler l’orage inflammatoire comme les inhibiteurs de la cytokine, la dialyse et les cellules souches, présentent des résultats mitigés. Seule la dexaméthasone présente une évidence scientifique prometteuse.

D’autres médicaments et dispositifs médicaux (respirateurs artificiels, oxymètres) sont autorisés et largement utilisés en urgence.

En revanche, des comportements erronés à ne pas faire, comme l’ingestion et l’injection de produits désinfectants ont été enregistrés.

Les vaccins candidats :  

Les vaccins sont destinés aux personnes n’ayant pas encore contracté la Covid-19. La concurrence internationale pour l’élaboration de vaccins concerne plus de 100 candidats vaccins contre la Covid-19 dont l’objectif est de produire artificiellement chez l’Homme des anticorps sans causer la maladie. Une majorité de ces vaccins candidats, cible la Protéine S (Spike Protein) qui couvre la surface du virus SRAS-CoV-2 et l’aide à envahir les cellules humaines. Ces vaccins doivent développer une réponse immunitaire dirigée contre cette protéine S. Ce qui empêcherait l’infection par le virus.

Un aspect relatif à l’instabilité inhérente aux virus à ARN comme celui de la grippe, nous oblige à plus de réflexion quant aux droits des patients, à la responsabilité médicale des professionnels de santé et à l’utilité des sommes d’argent à engager pour l’achat de tels vaccins, en l’absence du recul scientifique nécessaire.

 

Tableau n°2 : Résumé de l’évolution des vaccins anti-Covid-19 candidats

Différentes phases

Phase 1

Phase 2

Phase 3

Phase limitée

Approuvé

Nombre de vaccins candidats

23

14

9

3

0

Etape

Test de sécurité et de dosage des vaccins

Vaccins en cours d’extension des essais cliniques

Test d’efficacité à large échelle

Vaccins approuvés pour utilisation urgente ou limitée

Vaccins autorisés pour utilisation complète


Source[4] : Jonathan Corum, Denise Grady, Sui-Lee Wee and Carl Zimmer Updated August 31, 2020.



VACCIN

Partie utilisée

Virus Entier

Vaccin génétique

Vecteur Viral

Base Protéique

Vaccin Recombinant

Inactivé

Vivant atténué

ADN

ARN

Adénovirus qui ne se répliquent pas

Protéine de coronavirus

Fragment de protéine

 

Protéine

 

Réponse immunitaire

ARNm/Protéine « S »

 

Vaccins particules contenant des parties de protéines virales

 

 

 

Vaccins vétérinaires

MERS

Vaccin antirabique

HIV, Ebola

Produit l’immunité mais ne produit pas la maladie, HPV

 

Phase de recherche

Phase 3

Phase 1

Phase 1 & 2

Phase 2 et

Phase 3

Phase 3 (Vaccin russe autorisé pour usage urgent)

Phase 2

 

Laboratoires

Sinovac Biotech,

Wuhan Institute of Biological Products

Institut Pasteur,

Merck

Anges, Zudus Cadila, Osaka University, Takara Bio

MODERNA, PFIZER& BioNTech, NIH, CureVac

J&j, CanSinoBio, University of Oxford

Gamaleya Research Institute (Russie), Reithera

ZFSW, Institute Zhifei Longcom & Chinese Academy of Medical Sciences, Novavax (Phase1)

 

                 

 



[1] Raymond M. Johnson, Peter Doshi, et David Healy, « Covid-19: Should Doctors Recommend Treatments and Vaccines When Full Data Are Not Publicly Available? », BMJ 370 (24 août 2020), https://doi.org/10.1136/bmj.m3260.

[2] 34 Procureurs généraux ont appelé à ne pas reconnaitre le monopole de Gilead sur le Remdesivir en lançant une fabrication hors brevet plus connue sous le nom de licence obligatoire.

[3] https://www.covid19treatmentguidelines.nih.gov/whats-new/

[4] https://www.nytimes.com/interactive/2020/science/coronavirus-vaccine-tracker.html?fbclid=IwAR0LrXXCfJuXG71ZeRE5ksD1LC_aqPWIVGPFt18wYh5fH563tTemBHxrpZI

 

 *Pharmacien Clinicien, Pharmacoéconomiste

03/09/2020 | 16:00
9 min
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Commentaires
stanislas
incompréhensible
a posté le 04-09-2020 à 09:58
quel charivari.article à jeter à la poubelle.
kbwebkb
Surpris
a posté le 04-09-2020 à 09:43
Dommage que l'article n'ait pas évoqué les recommandations officielles du ministère de la santé de 2003 et de 2014 ! Et oui'?' Parce que la Tunisie regorge d'experts en Virologie que ni les Autorités ni Les médias ni Les pseudo spécialistes de la dernière minute ont daigné inviter pour se prononcer sur le plus important: Corona est il létal ou non? Justifie t il toute cette psychose et la crise économique qui s'en est suivie ou non? Pour conclure; le Corona 1 alias MersCov beaucoup plus virulent et entrainant le SRAS Syndrome a été géré sans tapage ni psychose en 2014 et surtout .... sans les médias !!!
dali
Bravo !!
a posté le 03-09-2020 à 21:17
Bravo à l'auteur de cet article et à B.N qui l'a publié. comme on est loin des querelles pseudo politiques des invertébrés de la politique actuelle.
Là est la vraie Tunisie que les indigents intellectuels cherchent à détruire par une mise à niveau suicidaire.