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Chroniques
Un bilan économique 2018 qui ne présage rien
Par Houcine Ben Achour
31/01/2019 | 19:02
3 min
Un bilan économique 2018 qui ne présage rien

Par Houcine Ben Achour 

 

Les indicateurs macroéconomiques en année pleine commencent à s’égrener sans qu’ils ne puissent livrer une lecture claire de l’évolution de la situation économique du pays.

 

L’inflation demeure toujours à un niveau élevé à 7,5% et elle ne semble pas donner des signes de détente quoi qu’on en dise. En effet, l’inflation sous-jacente qui exclut l’alimentation et l’énergie, affiche un taux de hausse de 8%. Parallèlement, l’indice des prix de vente industriels a affiché un rythme de hausse de 7,6% sur les seuls 10 premiers mois de 2018. Si l’on s’en tient au seul indice de prix de vente des industries manufacturières, la hausse atteint 8,8% durant cette même période. Le gouvernement se garderait bien de se réjouir trop tôt sur les résultats de l’inflation durant les mois de janvier et surtout de février. La décélération du rythme de hausse des prix au cours de ces deux mois ne renverra pas à la lutte engagée contre la hausse des prix par le biais des fameuses commissions régionales récemment mises en place et l’intensification des contrôles par les équipes dédiées du ministère du Commerce. Ou si peu. Cette décélération émanera essentiellement du changement de base dans le calcul de l’IPC (Indice des prix à la consommation) par l’Institut national de la statistique (INS) et des soldes qui s’étaleront du 25 janvier au 7 mars 2019. Il faudra s’attendre à un rebond technique du niveau des prix à partir de la fin du premier trimestre 2019.

 

Du côté des finances publiques, le déficit budgétaire risque de dépasser le taux de 4,9% du PIB, compte tenu de l’état d’exécution du budget publié par le ministère des Finances. A la fin du mois d’octobre 2018, l’Etat était dans l’obligation de trouver plus de 2,7 milliards de dinars d’emprunts extérieurs pour boucler son budget. Certes, depuis, bien des crédits extérieurs ont été accordés mais c’est relativement loin du compte.

 

Les finances extérieures ne sont pas en reste. Le déficit de la balance commerciale a battu, cette année, un nouveau record à environ 19 milliards de dinars, faisant perdre 0,5 point de pourcentage au taux de couverture par rapport à 2017 et 1,5 point par rapport à 2016. Certes, les exportations ont augmenté en valeur de plus de 19%. Toutefois, en volume, cela demeure poussif avec seulement une hausse de 3% épousant le profil de la croissance du PIB réel (2,6%). En tout cas, on fait bien moins que la moyenne mondiale qui, selon les prévisions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), devrait enregistrer une hausse de 4,4% en 2018 du volume du commerce mondial, avec une croissance du PIB mondial de 3,2%. Cette maigre performance des exportations en volume n’a nullement empêché les importations de poursuivre leur trend haussier car en dépit d’une variation des prix à l’importation de 18,5%%, les importations en valeur de plus de 20% et en volume de 1,3%. Cette situation rend de plus en plus pressant un réexamen de la politique monétaire et de change du pays. Les ajustements de taux d’intérêt et de taux de change n’ont manifestement pas aboutit aux résultats escomptés.

 

Enfin, la croissance économique en 2018 risque d’être en-deçà des estimations du gouvernement. Certes, il faudra attendre encore deux semaines, le temps que l’INS publie les résultats préliminaires de croissance du PIB en année pleine. Cependant, certaines données montrent que les 2,6% de croissance en 2018 ne seront pas au rendez-vous. Selon le gouvernement, cette croissance du PIB devrait reposer sur une augmentation de la valeur ajoutée à prix constants des industries manufacturières de 2% et celui des industries non-manufacturières de 0,7% en 2018. Or, selon les données de l’INS, l’indice de production des industries manufacturières pour les 11 premiers mois de 2018 accuse un recul de 0,9% par rapport à la même période de 2017. Il faudrait que la production des industries manufacturières fasse un bond considérable au mois de décembre pour qu’on retrouve les 2% de croissance en 2018 pour ces industries.

 

Reste l’emploi. L’échantillonnage de l’enquête du 4e trimestre ne permet pas comme l’enquête du second trimestre d’avoir une idée pertinente sur la situation de l’emploi et du chômage.

Avec un tel legs, on peut se demander comment compte s’y prendre le gouvernement pour freiner l’inflation, réduire le déficit commercial et impulser la croissance.   

Par Houcine Ben Achour
31/01/2019 | 19:02
3 min
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Commentaires (4)

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sami
| 03-02-2019 20:55
on a raté une chance historique de s'en sortir.en effet ,on aurait du faire prévaloir la révolution pour l'audit de notre dette ,pour revoir les accords désavantageux signés .activer le recouvrement de nos avoirs pillés et mettre davantage de pression sur les mauvais payeurs(impôts,cnss et crédits)interdire l'importation des produits futiles et luxueux ) épingler les contrebandiers et arrêter les saboteurs

Mansour Lahyani
| 01-02-2019 11:56
Désolé : les bilans présagent toujours de quelque chose, parfois du positif, d'autres fois du négatif.
Alors, complétez donc diagnostic, docteur...

DHEJ
| 31-01-2019 21:04
Grac9a la chute du dinar...


C'est l'oeuvre du GAMIN CHAHED

Forza
| 31-01-2019 19:56
comme le constate bien Mr. Ben Achour, la dégradation de la valeur du Dinar n'a pas booster les exports qui en fait stagnent à prix constants même pour les Industrie électromécaniques. Cette dégradation de l'autre côté accélère l'inflation importée donc pour le moment que d'effets négatifs de cette politique de change. Maintenant la banque centrale et le gouvernement n'ont pas probablement les moyens pour faire une autre politique et ne peuvent pas freiner la baisse du Dinar. Rien à faire sauf retourner au travail, résister aux demandes fantaisistes de l'UGTT et redémarrer la production des phosphates.