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Chroniques
Slim et Borhen ont osé !
Par Marouen Achouri
26/12/2018 | 15:59
4 min
Slim et Borhen ont osé !

Par Marouen Achouri

 

Le lancement de l’association Maya Jeribi pour l’habilitation politique de la femme nous rappelle à tous le bon souvenir de la grande militante d’opposition. Que l’on soit d’accord ou pas avec sa proposition politique, Maya Jeribi a toujours été une femme politique qui a imposée respect par son honnêteté intellectuelle et par la sincérité de son combat. Une femme dont l’intégrité irréprochable a attiré la sympathie de tous. Qu’elle repose en paix.

A l’opposé de cet exemple de vertu, la classe politique actuelle pullule de personnes qui représentent une insulte vivante à tout ce que Maya Jeribi a pu incarner. Le temps des manœuvres, des guets-apens et des petites phrases est roi.

 

Le plus récent des exemples est celui de Borhen Bsaïes qui s’est permis un trait d’humour hasardeux et dénué de goût suite au décès du journaliste Abderrazak Zorgui à Kasserine. On peut comprendre le besoin irrépressible qu’il peut ressentir de faire plaisir au président de la République, Béji Caïd Essebsi. Il est vrai que ce dernier a tordu le cou à la justice tunisienne et à ses instances en produisant une grâce spéciale pour M. Bsaïes. En retour, la moindre des choses était effectivement de sortir la brosse à reluire, usée d’ailleurs, et de dépeindre BCE comme le sage des sages et la pauvre petite victime de conspirations inavouables.

Mais la moindre des courtoisies était d’éviter de le faire sur le dos, encore fumant, d’un pauvre bougre qui s’est immolé par le feu. Un peu de goût aurait commandé à Borhen Bsaïes de faire profil bas pendant un temps au moins. Qu’il ne soit pas inquiet, personne ne lui crachera au visage quand il reviendra, il en a déjà fait l’expérience. Quand on a été jugé et condamné pour avoir volé de l’argent public, on évite de donner des leçons et on évite d’ironiser sur le sort de personnes désespérées. La courte mémoire de Borhen Bsaïes que ce sont ces mêmes désespérés qui l’ont un jour obligé à se cacher et qui l’ont soustrait à la protection supposée d’un régime corrompu. Ce serait vraiment bête de commettre la même erreur en pensant être protégé par son ami fils de président.

 

Mais on ne peut évoquer Borhen Bsaïes sans évoquer le parti qui l’a remis en selle et qui l’a chargé d’être son éminence grise : Nidaa Tounes. Un parti unique en son genre qui commence par gagner des élections, finit le mandat dans l’opposition avec des dirigeants totalement différents en à peine 4 ans.

Et puisqu’on parle de dirigeants de Nidaa Tounes, on ne peut faire l’impasse sur l’inénarrable Slim Riahi, secrétaire général du parti. A coup de sponsoring et de dollars, Slim Riahi nous inonde par sa clairvoyance et sa sagesse à travers sa page Facebook. Certes, nous avons eu des cas du genre comme Hechmi Hamdi. Nous en avons connu de ces leaders d’outre-mer. Toutefois, Slim Riahi se soustrait à la justice militaire après avoir déposé plainte contre le chef du gouvernement pour tentative de putsch. Pourtant, dans l’indécence la plus totale et sans aucune vergogne, Slim Riahi accuse les autres d’être des corrompus, donne des leçons de gouvernance et parfois même de compassion.

 

Le fait d’attaquer son adversaire politique qui est au pouvoir par tous les moyens possibles est tout à fait légitime. Mais encore une fois, comme pour Borhen Bsaïes, il existe un minimum de décence à observer. Profiter de la souffrance des gens et faire semblant de découvrir soudainement qu’il y a des régions moins pourvues que d’autres pour ensuite en faire porter la responsabilité au gouvernement, est non seulement injuste mais aussi insultant pour l’intelligence du Tunisien. Quand on a de telles casseroles –les fans du Club africain en savent quelque chose- on évite de faire la sainte nitouche préoccupée uniquement par l’intérêt de la nation. Quand on se fait avoir comme Slim Riahi, quand on se fait berner et que l’on se retrouve en fuite à l’étranger, on est franchement mal placé pour donner des leçons.

 

La récupération politique de l’insatisfaction de la population est un procédé stérile qui ne donne aucun résultat. Les contestations de janvier 2018 l’ont bien montré. Cette récupération souvent erronée, maladroite et malintentionnée est rapidement détectée par la population qui n’en éprouve qu’encore plus de défiance et de dégoût pour la classe politique en général. A défaut de comprendre ce mécanisme en marche depuis des années, certains de nos politicards devraient au moins nous épargner les plaisanteries et les mensonges éhontés.

 

Par Marouen Achouri
26/12/2018 | 15:59
4 min
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Commentaires (2)

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Ali Baba au Rhum
| 27-12-2018 13:43
Slim a insulté un moribond, Borhène un mort ; cela fait quand même une différence !

Maya
| 26-12-2018 17:09
Un peu de décence si Marouene, le défunt abderrazek zorgui n'est pas à traiter de bougre! j'en ai les cheveux dressés sur la tête. C'était peut-être un désespéré ayant pété un plomb, mais en aucun cas un pauvre bougre. Paix à son âme, et respectons nos morts.