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Chroniques
Ils dénigrent Ben Ali, mais ils adulent Erdogan
09/11/2015 | 17:10
5 min

A l’actualité cette semaine, les 32 députés de Nidaa Tounes qui démissionnent. Ce qui arrive au parti majoritaire, élu il y a un an à peine, est tellement laid que cela ne vous donne même pas envie d’en parler.

 

A l’actualité cette semaine, la prière du vendredi. Pas celle de la mosquée Lakhmi où les prieurs sont devenus plus fidèles à un imam suspect dans des affaires d’argent qu’à Allah, mais la prière hebdomadaire tenue le vendredi 6 janvier à Istanbul. Au Lakhmi, vous avez un imam qui utilise la mosquée pour sa propagande politique. A Istanbul, c’est pareil, vous avez Rached Ghannouchi qui se fait prendre en images dans une mosquée aux côtés du président turc Recep Tayyip Erdogan.

 

Cette présentation des vœux à la mosquée est une nouveauté dernier cri dans notre paysage politique. Pourquoi crier au scandale quand un petit imam utilise la mosquée à des fins politiques quand son maître à penser fait pareil ? Ainsi donc, Rached Ghannouchi a pris spécialement l’avion pour aller féliciter Erdogan pour sa victoire. Il cloue au pilori Moncef Marzouki qui, lui, n’a envoyé qu’une lettre de félicitation. Pour certains hommes politiques, le président turc est devenu un Dieu qui mérite qu’on parte en voyage, juste pour lui « tendre la manche ». Au fait, qu’en est-il du rapport de la Cour des Comptes qui épingle un candidat à la présidentielle ayant bénéficié de subventions d’un « Etat » ? On ne connait toujours pas le nom du candidat, ni celui du pays et la Cour continue à se murer dans son silence.

 

L’intérêt porté par certains de nos hommes politiques à la Turquie, son président et ses élections laisse pantois tout observateur qui chercherait à comprendre ces personnages, leur idéologie et leurs principes.

 

Prenons les deux cas cités : Rached Ghannouchi et Moncef Marzouki. Le premier a toujours donné l’image d’un homme pieux, défendant la révolution et la religion. Le second a toujours donné l’image d’un militant des droits de l’Homme défendant la révolution et la démocratie.

 

En parlant d’Erdogan, MM. Ghannouchi et Marzouki mettent systématiquement en évidence les exploits économiques de la Turquie. Le miracle turc, disent-ils. A les écouter, on devrait tous suivre aveuglément l’exemple turc et le « Dieu » Erdogan. Soit, suivons-le.

Que disent les observateurs internationaux qui regardent de près la scène politique turque ? En chœur, ils répondent, la justice est aux ordres et la presse est bâillonnée.

 

En 2013 déjà, la Turquie était surnommée la première prison au monde pour les journalistes. Il y avait à l’époque une bonne quarantaine de journalistes en détention en Turquie sur un total de 211 au monde. En 2015, la situation n’est pas vraiment meilleure, même si le nombre a légèrement régressé. Des centaines de journalistes sont régulièrement placés en garde à vue. Pour un simple tweet, certains se trouvent en train de subir des procès à l’issue desquels ils risquent jusqu’à cinq ans de prison. Le cynisme du nouveau système turc fait qu’on sélectionne les journalistes qu’on veut abattre. Un événement précis peut être couvert par cent journalistes, mais seul l’un d’eux (forcément indépendant) se trouve derrière les barreaux et se voit accuser du nouveau terme à la mode : « Journaliste-terroriste » (l’équivalent de médias de la honte en Tunisie).

 

Atteint de la folie des grandeurs depuis qu’il est installé dans son nouveau palais de 200.000 m² d’Ankara, le président turc a perdu tout contact avec la réalité. Parce que la peur a repris ses droits, ce n’est que mezza voce que les Turcs le traitent de « Sultan ».

 

Il suffit de critiquer Erdogan ou de parler du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) pour que l’on vous taxe d’ennemi de l’Etat et/ou de terroriste et de risquer un plus ou moins long séjour en prison.

Le PKK est devenu organisation terroriste et toute parole donnée à ce parti équivaut désormais d’être classé comme terroriste. A préciser que pour les Kurdes, le PKK est comme le Hamas pour les Palestiniens. Ces militants kurdes sont classés terroristes par les Turcs exactement comme les militants palestiniens sont classés terroristes par les Israéliens.

 

En dépit de ces violations quotidiennes des droits de l’Homme et de la Liberté d’expression, les islamistes tunisiens et les « défenseurs de la révolution et de ses principes » continuent encore à déifier Erdogan et à parler de ses prouesses économiques et politiques. L’opposition ? C’est des jaloux et ennemis de l’Etat !

 

Samedi dernier c’était le 7 novembre. Il y a 28 ans, ce jour-là, le Premier ministre et ministre de l’Intérieur de l’époque fait un putsch en velours et devient président de la République. Zine El Abidine Ben Ali de son nom.

Quand on compare ce que disaient à l’époque les « pays amis » sur Ben Ali et ce que disent maintenant Marzouki et Ghannouchi sur Erdogan, on ne trouve aucune différence.

Quand on voit les prouesses de Ben Ali et ce que disait la presse officielle de ses réalisations et que l’on voit les prouesses d’Erdogan et ce que dit la presse officielle de ses réalisations, on ne trouve aucune différence.

Pourquoi alors des gens comme Ghannouchi et Marzouki transforment Erdogan en Dieu, mais Ben Ali en diable, alors que les deux ont utilisé les mêmes recettes pour diriger leur pays ?

La réponse se tient en un mot : ils font de la politique ! Leurs idéaux et les mots pompeux de démocratie et de liberté d’expression, ils s’en moquent comme de leur première chemise.

 

Conclusion ? La vérité d’un pays ne se mesure pas uniquement à son PIB et sa croissance. La vérité d’un homme politique ne se mesure pas uniquement à ses déclarations publiques.

Les islamistes et les « révolutionnaires à deux balles » veulent voir la Tunisie ressembler à la Turquie. Ils envient sa croissance et son PIB, mais ça, on l’a déjà vu avec la Tunisie sous Ben Ali. Ils oublient sans doute, ou plutôt omettent de dire, que la justice aux ordres et la presse bâillonnée, on avait ça aussi sous Ben Ali. En définitive, ils ont beau prier devant les caméras et participer à des « flottilles pour la liberté », leur modèle turc ne vaut pas mieux que celui de Ben Ali et leur Erdogan n’est aujourd’hui pas mieux que ce qu’était notre Ben Ali. Mais ces hommes politiques ne diront jamais cela à leurs gogos …

 

09/11/2015 | 17:10
5 min
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Commentaires (46)

Commenter

rania
| 16-11-2015 13:05
mr Bahloul dénigre Erdogan et adule ben ali.
rien n'est étonnant de la part de ceux qui soutiennent bachar le criminel et sissi le terroriste.
un texte plein de haine et de rancune. Les aveugles idéologiques ne peuvent jamais voir la lumière de la vérité. vous vivrez toujours dans les ténèbres de vos idées reçues et l'obscurité de votre idéologie renfermée.

HAMAMATY
| 13-11-2015 22:47
Qu'est ce vous aviez comme problème avec ce Monsieur et son intervention en date du 07/11/1987 est dans le temps opportun ,il a sauvé le pays d'un destin inconnu ou le président est en absent vieulle malade impossible de gêner le pays il n'était pas au courant ce qui se passait dans le pays la seule solution c'est de le demis de ces fonctions malgré les conflits entre les clans ( Mezali ).
par contre arddogan n'a pas les mêmes capacités que Ben Ali qui devenait chevronné dans la présidence il a pu dominer le pouvoir dans un délai raisonnable la preuve il n'a jamais eu son congé il était constamment au palais de Carthage entrain de suivre de prêts la situation de l'état et ces interventions sont toujours en réussites
conjointement avec les institutions juridiques et politiques et la majorité du peuple lui octroyait la confiance totale .
Une dictature qui sauve le pays des drames et des crises chroniques mieux qu'un parlement plein des ignorants et les illettrés qui ne sont pas en mesure de prendre les décisions qui ont des conséquences positifs qu'est ce qu'il peut donner un illettré ou bien un ignorant que de compter les billets de son salaire .
En dit ( aarouihe ila rabak arriane yakssike ) .

james-tk
| 11-11-2015 04:27
Ainsi font tous les losers;erdogan jusqu'au cou dans la mouise,ses rêves ottomans sur Alep bijou inégalé,restera qu'il le veuille ou pas éternellement syrienne,Le Mossoul second bijou,elle aussi sa valeur est inestimable,orgueilleuse,fière,résistante,n'en déplaise au calife sans trône,restera à jamais irakienne !

rayan benne
| 10-11-2015 21:24
Oui il le vaut bien.
Voir mon précédent commentaire

AL - souiçi
| 10-11-2015 18:26
Je suis très content d'avoir les commentateurs entrain de dire la réalité
en toute neutralité les nobles n'oublierons jamais les hommes dignes et leurs avantages oui vous avez raison
d'après ce que j'ai tiré de votre commentaire par mes respects à Ardogan Le Président Ben Ali pèse plus que lui je suis sure et certain que la majorité écrasante du peuple partage avec vous votre idée .
en dit que (le soleil ne se cache pas au moyen d'un tamis ).la disparition de Ben Ali est une grande perte pour ce qui aiment leur patrie non doté de revanche .

KHOUROUTOU
| 10-11-2015 18:04
La différence, comme tu peux le voir cher NB, est de taille.

On aurait aimé avoir un ERDOGAN le 07/11/1987, qu'un BEN ALI.

Mais nous n'étions peut-être pas assez mûrs pour cette solution, ou pas assez courageux pour s'opposer à EN ALI.

Les faits sont têtus et on a eu ce que nous méritions.

lotfih
| 10-11-2015 16:50
Bahloul s'amuse à écrire des articles bidons, le pays brûle et le parti qui a remporté les élections est entrain de détruire le pays et la démocratie et monsieur le journaliste nous fait des comparaisons entre un président qui pousse son pays vers le top 10 des nations les plus puissantes et un autre président qui n'a même pas su maîtriser les neveux de sa femme. Devinez qui sont le 1er et le 2eme président ?

JOHN WAYNE
| 10-11-2015 14:05
Comme je le dit souvent, les révolutions Arabes auront servi a principalement démontrer que l'Islam dans le monde moderne n'avait plus de raison d'être.
Il y a dans l'histoire de l'homme des scenarios qui se répètent. Les fausses civilisations meurent parfois dans le sang, parfois en silence.
Même avec ses milliards de dollars et ses centaines de banques islamiques, l'Islam touche à sa fin en tant que culture, civilisation, et religion.
Les révolutions Arabes ont poussé même les plus pieux et les plus croyants à remettre en question cette religion tragique.
Pas vraiment la vie du Prophète qui est exemplaire en civisme jusqu'à sa mort, mais ce qui s'est passé quand cet homme humble et bon et qui souvent disait a ses disciples de ne pas l'aduler, est passé de vie à trépas.
Car si cette religion et son Prophète ont su unir et convertir les peuples les plus barbares à un semblant de civisme du vivant de Mahomet, l'Islam a ensuite pris une mauvaise tournure.
Les conquêtes Arabes au nom d'Allah se sont bien sur heurtées aux autres anciennes civilisations comme celle Grecque, Mésopotamienne, Assyrienne, et Babylonienne. D'où ce fameux conflit de pensée qui a opposé l'Islam au raisonnement Grecque de raison et de logique.
L'Islam par une violence inouï et des décapitations systématiques, s'est attaqué à tout savant qui oserait défier le dogme qui dit « Dieu est tout et ne peut être défié par un raisonnement de la pensée quel qu'il soit ».
Et si les ministres d'Enahdha prônent un cursus d'études secondaires sans études de la philosophie, c'est bien parce qu'ils tiennent à perpétuer ce conflit et cette sclérose des esprits qui ont maintenu les peuples arabes dans un état de pensée irrationnelle qui les a empêché de vivre une révolution industrielle, mais favorisé leur soumission aux puissances coloniales.
Car pour le musulman, l'Islam et sa pensée viennent avant toute notion de nationalisme et de souveraineté.
Il y a aussi dans l'Islam une notion de capitalisme féroce puisque selon ses disciples, le Prophète était un commerçant et même un homme d'affaires.
C'est ce principe sournois qui a fait que les tribus Al Saoud sont encore au pouvoir. La raison étant bien sûr que ces mêmes tribus ont signé des ententes économiques et militaires avec les puissances coloniales les plus riches en or.
Les musulmans sont capitalistes d'où leur cruauté. Ils parlent de l'au-delà mais n'hésitent pas à tuer afin de maintenir pouvoir et trains de vie de luxe sur terre.
Erdogan peut vivre des centaines de victoires électorales, ce que le sultan d'Ankara a oublié est qu'il a misé son programme politique sur une religion déjà classée par l'homme comme étant dangereuse pour les peuples.
La fin d'Erdogan a un seul nom : un coup d'état militaire qui ne saurait tarder. Car que vaut le mot « démocratie » dans un pays qui utilise des élections dans le but unique de consolider le sous-développement tenace d'un peuple qui n'entrera jamais dans l'Europe ?
Même si l'Islam bénéficie d'un programme de relations publiques qui allie financement de mosquées, études et bourses, et programmes de Jihad bien rémunérés, la fin de cette religion a sonné le jour ou des hommes de DAECH ont crucifié un Chrétien d'Irak inoffensif et sans défense.
Quant à l'aide dont bénéficie l'Islam et ses tortionnaires à Washington et sa machine de guerre, le principe est simple.
Les régimes démocratiques comme les Etats Unis changent de Président à une vitesse vertigineuse. Un homme nommé Donald Trump a procédé depuis des mois à un démantèlement de l'establishment politique Américain.
Marié en série à des femmes de l'Europe de l'Est, l'homme parle un langage qui plait même quand il dit que l'on doit laisser Poutine agir.
Et dans un pays ou les militaires ont publiquement refusé toute intervention militaire contre Bashar Al Assad sur les réseaux sociaux, l'entrée de cet homme à la Maison Blanche pourrait signifier un autre revers pour l'Islam et ses tortionnaires.
Un revers encore plus sévère que la victoire militaire des Russes et des Syriens Nationalistes contre les égorgeurs de Doha et de Ryadh.
L'Islam, ce grand Madoff de l'histoire, a autant de chance de perdurer dans le monde que le Sultan Erdogan.
Car comme je l'ai souvent écrit : les révolutions Arabes sont la fin de l'Islam et le renouveau du Nationalisme Arabe.

Pas d'autres commentaires Monsieur le Juge, Messieurs les jurés.

F.M. Alias JOHN WAYNE
Diplômé d'Histoire et de Sciences Politiques de l'Université Paris-Sorbonne.
Ancien Fonctionnaire aux Ministères des Affaires Etrangères et de l'Intérieur Tunisiens des gouvernements d'Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali.
Diplomate de carrière et spécialiste de la sécurité et du renseignement.

CHL
| 10-11-2015 13:45
Votre article n'est qu'une simple déviation des vrais problèmes du Pari Nidaa .

SANCHONIATHON
| 10-11-2015 13:30
J'ai déjà écrit que: Ghanouchi était prévoyant et qu'il voyait loin .Entre temps il est entrain de capitaliser du thweb.A ce rythme les vols à destination de la Turquie vont s' aligner sur les horaires des prières...Entre nous faut-il aller si loin pour capitaliser ce thweb...De cette réalité réveillons nous et surtout restons unis.Retenez cette citation de Benjamin Franklin qui bien réfléchie pourra nous aider dans nos décisions."Beaucoup de chemins mènent à la réussite,mais un seul mène immanquablement à l'échec,est celui qui consiste à vouloir plaire à tout le monde.