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L'alliance avec Nidaa Tounes au cœur d'un débat interne au parti Al Joumhouri
25/12/2013 | 1
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L'alliance avec Nidaa Tounes au cœur d'un débat interne au parti Al Joumhouri
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Par Abdelmajid Mselmi*

Le comité central du parti Joumhouri se réunit ce week-end à Sousse. Le sujet principal à l’ordre du jour est l’évaluation des alliances du parti et sa position au sein de l’Union pour la Tunisie (UPT). En réalité, le débat tourne principalement autour de l’alliance du Joumhouri avec Nidaa Tounes (NT)

Alliance controversée

Depuis l’émergence de Nidaa Tounes, l’alliance du Joumhouri avec ce parti était toujours un sujet de controverse interne. Si le bureau politique réuni à Sfax le 5 août 2012 a décidé cette alliance, le comité central du mois de septembre a contredit cette décision et a appelé à une union des forces démocratiques en général refusant de citer le parti Nidaa Tounes parmi les alliés. Il a fallu attendre la réunion du comité central du mois de janvier 2013 qui après des débats internes ardus et de fortes tensions a voté avec une large majorité l’alliance avec Nidaa Tounes. Mais ce vote n’a pas clos les débats et les controverses persistent jusqu’à ce jour. La tendance majoritaire au sein de la direction du parti s’oriente plutôt vers la rupture de l’alliance avec Nidaa et l’abandon de l’UPT.

« Azlems » et concurrents

Plusieurs militants joumhouris pensent toujours que Nidaa Tounes est une machine qui recycle les « azlems » et les cadres du RCD (rassemblement démocratique destourien dissous) alors que le Joumhouri était un opposant farouche au régime de la dictature dont le RCD était le principal instrument. Ils prônent une ligne politique de rupture avec l’ancien régime et une franche démarcation avec les représentants de l’ancien régime tels que Nidaa. En réalité et quand on examine de prés ce parti, on s’aperçoit que son noyau dirigeant est formé de plusieurs courants : destouriens, gauchistes, syndicalistes, militants associatifs. Les ex RCD même s’ils existent ne représentent qu’un phénomène marginal au sein de ce parti.
L’émergence de Nidaa et sa montée en force dés le mois de juin 2012 a certes irrité les dirigeants du parti Joumhouri qui avaient eux aussi l’ambition lors du congrès du 9 avril 2012 de rassembler la famille démocratique et de former un grand parti centriste. La volonté des démocrates de s’unir dans un grand parti pour faire face à la troïka qui s’accapare l’Etat, la personnalité charismatique de Mr Béji Caïd Essebsi et l’échec du projet du Joumhouri (qui s’est divisé avant même la fusion) sont autant de facteurs qui ont contribué à la montée fulgurante de Nidaa Tounes.
Aux yeux de plusieurs joumhouris, Nidaa a réussi là où ils ont échoué. Il a puisé dans leur base électorale et leurs cadres politiques, les a éclipsés et marginalisés. Il est apparu comme un sérieux concurrent pour les élections surtout après l’annonce de Mr Béji Caïd Essebsi de son intention de se présenter à l’élection présidentielle. Laquelle candidature est devenue plausible après que le projet de loi sur la protection de la révolution est devenu caduque et que l’âge maximal de la candidature à l’investiture suprême est devenu illimité dans le projet de la Constitution.

L’union des forces démocratiques : une nécessité historique

Si on fait un flash-back 2 ans en arrière et précisément après le 23 octobre on peut vraiment dire que l’opposition démocratique revient de loin. Elle est maintenant mieux structurée avec un grand parti tel que Nidaa Tounes, un Front populaire qui occupe régulièrement depuis un an la 3éme place dans les sondages d’opinion et plusieurs autres partis ( Joumhouri, Massar, travail socialiste, Afek…) qui ramassent ensemble autour de 15%. La famille démocratique récoltera plus de voix que la troïka dans les prochaines élections selon de multiples sondages d’opinions. Ces partis coalisés se sont dotés durant l’année 2013 de 2 structures fédératrices l’UPT et le Front du Salut. Elles ont permis, après l’assassinat du feu Mohamed Brahmi le 25 juillet, d’élaborer une ligne politique unitaire, de fixer un objectif politique commun et de mobiliser des centaines de milliers de citoyens au Bardo et dans les villes de l’intérieur. Malgré le faux pas de la dernière séance du dialogue national pendant laquelle elle n’a pas pu s’unir sur un candidat pour le chef de gouvernement, la famille démocratique peut se vanter d’être sur le point de réussir son premier exploit historique qui consiste à obtenir la démission du gouvernement de la troïka et la formation d’un gouvernement indépendant.
Mais les démocrates n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin…ils ont l’impératif historique de gagner les prochaines élections présidentielle et législatives pour relancer la Tunisie sur la voie de la démocratie, du développement et du progrès. Pour cela, l’union des forces démocratiques est une nécessité historique pour faire oublier le cauchemar du 23 octobre.

Enjeu politique et enjeu électoral

Il est normal que l’enjeu électoral plane sur les différents manœuvres des partis politiques. Les élections sont même la raison d’être des partis politiques. Mais contrairement à certaines idées reçues, l’alliance politique n’est pas contradictoire avec la concurrence électorale entre les alliés. Le dogme « soit alliance combinée politique et électorale ou pas d’alliance du tout » prôné par certains joumhouris ne tient pas la route. Dans toutes les démocraties confirmées, plusieurs personnalités démocratiques peuvent se présenter au 1er tour de l’élection présidentielle. Mais les alliés s’engagent politiquement et moralement à s’unir au 2éme tour et à voter pour le candidat démocrate. Aux élections législatives, les partis démocratiques peuvent se présenter sur des listes uniques ou des listes groupées selon les possibilités et les convenances. Ce n’est pas un péché. L’essentiel c’est qu’ils s’engagent à s’allier dans le futur parlement pour former un bloc parlementaire démocratique qui formera le gouvernement en cas de victoire ou de se positionner dans l’opposition en cas d’échec électoral. Cet engagement constitue une sorte de pacte politique et électoral pour les démocrates.

Le parti Al Joumhouri a une mission historique pour souder la famille démocratique et consolider son alliance. Son histoire qui remonte à 30 ans montre bien que c’est un parti d’union et d’alliance avec les autres forces politiques autour des grandes causes nationales. L’idée de rompre l’alliance avec Nidaa Tounes qui constitue la principale force politique démocratique peut être perçue par l’opinion publique comme une rupture du parti Joumhouri avec la famille démocratique et raviver les soupçons souvent non fondés sur son éventuelle alliance avec Ennahdha. Le parti Joumhouri a intérêt à clarifier, pour sa base électorale et pour les citoyens, son positionnement politique au sein de la famille démocratique. Ceci n’est pas contradictoire avec ses ambitions électorales légitimes et compréhensibles. Et comme dit le proverbe « aide toi le ciel t’aidera ».

*Membre du bureau exécutif du parti Al Joumhouri
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