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L'UTICA ne doit pas manquer son Rendez-vous avec l'Histoire de la Tunisie
28/04/2011 | 1
min
L'UTICA ne doit pas manquer son Rendez-vous avec l'Histoire de la Tunisie
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Par Enis Gaaloul*

Le Calme est revenu à l’UTICA et on ne peut que s’en réjouir.
Finalement, Hamadi Ben Sedrine reste à la tête du Bureau Exécutif de l’UTICA (BE). Rappelons que ce bureau a été élu en novembre 2006 et a été précédemment présidé par Hédi Jilani.
Afin d’assurer le renouveau du mouvement patronal tunisien, un Comité National de Transition (CNT) a été créé. Sa présidence a été confiée à Wided Bouchammaoui.

Le CNT doit rassembler tous les mouvements contestataires, et notamment le mouvement dit « Sauvons l’UTICA » de Faouzi Zaghbib, ainsi que le mouvement le « Renouveau de l’UTICA » de Kais Sellami. Le CNT doit travailler à la réhabilitation du mouvement Patronal, réviser les statuts et organiser les prochaines élections ainsi que le prochain Congrès de l’UTICA qui devra renouveler les instances dirigeantes. Ces instances pourront être mises en place au mieux vers la fin de 2011.

La réhabilitation du mouvement patronal passe aussi par une réelle prise de distance par rapport au régime précédent ; ainsi, le CNT doit aussi trancher la question des soutiens affichés à Ben Ali et certainement, pour être crédible, éviter de montrer dans ses rangs des personnes qui ont ouvertement soutenu la candidature de Ben Ali pour 2014.
En conséquence, nous sommes en présence de deux instances qui codirigent et déterminent l’avenir de l’UTICA : le BE et le CNT.

Tout ça est fort intéressant, mais me semble loin des préoccupations des tunisiennes et des tunisiens. En effet, pendant ces 90 jours de luttes internes au sein de l’UTICA, la Tunisie a changé et le pays doit maintenant faire face à des problèmes urgents qui nécessitent la participation active des instances de l’UTICA.

Certains pensent même que l’UTICA doit prendre le leadership sur un certain nombre de sujets qui touchent à l’emploi et à l’investissement privé dans le Pays.
Alors, dans cette nouvelle configuration duale d’un Bureau Exécutif et d’un CNT, il est légitime de se poser la question : qui a vraiment le pouvoir de décider ? Qui a le pouvoir de proposer ? Qui a le pouvoir d’engager les adhérents et les entreprises affiliées ?

Le BE se considère toujours comme seul organe de décision légitime dans la mesure où il est élu et la démission de Hédi Jilani ne remet pas en question ni son existence, ni sa légitimité.
Du côté CNT, on affirme que le BE n’a plus qu’un pouvoir restreint et doit se limiter à la gestion des affaires courantes. Mais est ce que pour autant, le CNT a des pouvoirs au-delà de la mission de réhabilitation et d’organisation des élections qui lui a été confiée?
La question est d’importance, alors que notre Pays souffre, alors que les moteurs de la croissance sont en panne. Et avec plus de 70 000 chômeurs, le Pays doit faire face à des échéances qui nécessitent un Patronat fort et uni.

Sans être exhaustif, et je donne ci- après un panel des chantiers qui devront, à mon sens, être étudiés dès maintenant avec le Gouvernement provisoire et l’UGTT, et certainement mis à l’agenda du prochain Gouvernement nommé après le 24 juillet :

1- Gestion des conflits sociaux et réglementation de la grève
La Tunisie doit rétablir le dialogue social et gérer les conflits sociaux.
Il va sans dire que les relations entre patrons et salariés ont changé. La révolution a permis une réelle émancipation des salariés. Recréer le cadre qui permet des négociations au sein de l’entreprise pour éviter les conflits est indispensable.
En cas de conflit, il est important de préciser les droits et devoirs de chacun dans l’exercice du droit légitime à la grève.

2- Assises de l’emploi, de la flexibilité et la refonte du contrat de travail
La Tunisie doit créer rapidement beaucoup d’emplois.
La flexibilité permettra de préparer le Pays à créer beaucoup d’emplois en cas de forte croissance de l’économie. En gros, elle permettra aux entreprises de recruter plus facilement, et de prendre plus de risques.
Des pistes existent aussi dans le domaine de la réduction du temps de travail et de l’abaissement momentané de l’âge de la retraite.

3- Assises des négociations salariales, du pouvoir d’achat et de la compensation des chômeurs
La Tunisie doit améliorer le pouvoir d’achat des salariés et aider ses chômeurs.
Il est clair que le chômage ne sera pas résorbé rapidement, et la relance de la croissance nécessitera encore quelques mois. Aussi l’idée d’une allocation en faveur des demandeurs d’emploi devra être envisagée. Elle a un coût qui pourrait être supporté par la collectivité, les entreprises et les salariés.

4- Assises sur l’investissement privé Tunisien et le développement régional
La Tunisie doit relancer l’investissement privé et concentrer ses efforts au niveau des régions délaissées ou défavorisées.
Le développement de l’emploi passe aussi par l’investissement privé. Une refonte complète de la réglementation et des incitations fiscales est nécessaire.
Alors qui va ouvrir ces chantiers ? Qui va décider ? Qui va aller à la table des négociations ?
La question reste posée.
Le Pays attendra-t-il ?
L’histoire jugera.

*Enis Gaaloul, Animateur de l’association Tunisie Moderne
28/04/2011 | 1
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