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BNA Bank parmi les banques les mieux outillées pour traverser la crise Covid-19
14/06/2020 | 16:59
8 min
BNA Bank parmi les banques les mieux outillées pour traverser la crise Covid-19

 

2019 a été une bonne année pour la BNA Bank, qui a clôturé avec succès son augmentation de capital, la plus importante de l’histoire de la Bourse de Tunis, malgré le manque de liquidité. A la quatrième année de son plan de transformation, la banque est bénéficiaire et comptait même distribuer un dividende, chose qu’elle n’a pas fait depuis des années, mais elle y a renoncé pour se conformer aux directives de la Banque centrale de Tunisie. Ce qui a provoqué la colère des petits-porteurs estimant que la décision n’est pas du ressort de l’autorité monétaire.

 

C’est donc dans une ambiance globalement bonne que s’est tenue, mardi 9 juin 2020, l'Assemblée générale ordinaire de la BNA pour l’exercice 2019, sous l’égide du président du Conseil d’administration Mohamed Salah Chebbi Al Ahssan et du directeur général de la banque Habib Belhaj Gouider, en présence du mandataire spécial de l’Etat Saber Boumiza.

 

La BNA a clôturé l’année 2019 avec un résultat net de 123,43 millions de dinars (MD) fin 2019 contre 175,46 MD fin 2018 (-29,7%). Cependant, le résultat de l’activité récurrente a augmenté de 34,5%, pour atteindre 191 MD mais il y a eu la charge exceptionnelle liée à l’augmentation de capital. Le tout malgré une contribution au fonds de garantie des dépôts bancaires de 21,1 MD et 28,05 MD d’impôt. Le Produit net bancaire (PNB) a atteint, pour sa part, 654,29 MD (+18,2%).

Les dépôts et avoirs de la clientèle ont augmenté de 9,4%, situés à 8.536,96 MD et des créances sur clientèle en hausse de 12,1%, atteignant les 10.446,57 MD. Le coefficient d’exploitation a atteint 44,3%, s’améliorant de 3,7points.

 

Côté ratios de gestion et de rentabilité, la banque termine son exercice 2019 avec un ratio de liquidité à court terme (LCR) de 176,62% en 2019 pour un minimum exigé de 100%, un ratio de solvabilité de 18,16% pour un minimum de réglementaire exigé de 10%, un TIER1 de 14,41% pour un minimum de réglementaire exigé de 7%, un taux de créances classées de 15,37% et un taux de couverture de 63,64%. Dans ce cadre, le DG a indiqué que la BNA Bank a tout fait pour assainir son portefeuille hérité, valoriser le risque à sa juste valeur et assoir la banque sur des bases saines.

 

 

M. Gouider a surtout rassuré les actionnaires sur la solidité des fondamentaux de la banque, les ratios réglementaires faisant foi, et qui lui permettraient de traverser la crise covid-19 sans l’ébranler. Ceci dit, il a avoué que la pandémie aura de lourdes conséquences sur le secteur bancaire, sans chiffrer l’impact. Et de souligner que la reprise ne signifie pas la guérison et que beaucoup d’efforts restent à fournir pour surmonter la crise, en faisant allusion aux difficultés que traversent les clients de la banque et qui l’impacteront en termes de classification des créances et de provisions.

Toutefois, la BNA Bank continuera à accompagner clients et à les soutenir et surtout à soutenir l’économie du pays. D’ailleurs et dans ce cadre, il a annoncé le lancement imminent de son premier outil de mobile paiement "DigiPay", avec une volonté claire de prendre part à la création d’un écosystème favorable.

 

Le groupe BNA a terminé 2019 avec un résultat consolidé de 131,03 MD contre 166MD un an auparavant. Le PNB consolidé réalisé s’est accru de 16% passant de 567,25 MD à 658,11 MD.

 

Cette année, le débat s’est focalisé sur la non-distribution de dividendes ainsi que sur la crise covid-19 et ses répercussions. Une grande partie des actionnaires minoritaires ont exprimé leur colère face à la décision de la BCT de suspendre la distribution des dividendes au titre de 2019.

Mustapha Chouaïeb a été très virulent et a affirmé que le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie n’a pas les prérogatives pour cette décision, qui est pour lui illégale et surtout dénuée de sens. Selon lui, l’Etat a pensé à tout le monde sauf aux petits-porteurs. Tous trouvent leur compte sauf eux, alors que la conjoncture est difficile et qu’ils en ont besoin.

Dans ce cadre, le président de l’Association des actionnaires minoritaires "Adam" Khaled Ahres a annoncé qu’ils (des actionnaires) ont saisi l’Assemblée des représentants du peuple ainsi que l’Utica pour annuler cette décision injuste à leur regard.

 

Un sentiment partagé par plusieurs autres intervenants dont certains ont proposé une distribution gratuite d’actions par incorporation de réserves, surtout que ceux qui ont participé à l’augmentation de capital ont perdu 25% de la valeur de l’action souscrite, la cote étant sur un trend baissier. Ils ont réclamé une distribution d’une action nouvelle pour 4 anciennes et de porter le capital a un chiffre rond de 400 MD. L’objectif étant de booster le cours de l’action. D’autres ont réclamé du DG de convaincre le gouverneur de la BCT de revenir sur sa décision et de distribuer un dividende de 0,5 dinar par action (soit au total 32 MD) au moins d’ici septembre, lorsque la situation se serait stabilisée.

 

Mejdi Ben Mahmoud s’est interrogé, quant à lui, à propos des participations de la banque dans AMI Assurances et la pertinence de cet investissement. Il a aussi demandé des explications sur le don accordé au fonds covid-19.

Abdessattar Ben Brahim s’est demandé pourquoi ne pas créer des comptes rémunérés pour les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) au lieu d’aller chercher des ressources extérieures à prix exorbitants.

Hatem Baâtout a fait remarquer le poids des entreprises publiques dans les engagements de la BNA.

Le rapport des commissaires aux comptes a indiqué que «les engagements de la Banque envers les entreprises publiques totalisent 2.748,61 MD au 31 décembre 2019 (soit environ 21% du total des engagements en bilan et hors bilan). Ils sont constitués à hauteur de 66% des engagements envers l’Office des Céréales qui s’élèvent à 1.805,24 MD et sont refinancés auprès de la Banque Centrale de Tunisie pour un montant de 902,66 MD. Ces engagements ont connu une hausse considérable de 983.228 KDT (+56%) par rapport à leur niveau au 31 décembre 2018, s’expliquant principalement par la prise en charge par l’Office des Céréales des engagements des collecteurs de céréales locales».

Un analyste s’est interrogé sur l’état de préparation de la banque pour la migration vers les normes IFRs.

 

En réponse à ce flot de question, Mohamed Salah Chebbi Al Ahssan a rappelé que le plan de transformation de la banque n’est pas achevé et que la BNA Bank est la seule banque publique à ne pas avoir demandé l’aide de l’Etat. Il a souligné qu’en 2019 l’établissement financier détient les plus importants fonds propres de la place, qu’il est le mieux outillé pour effectuer la réforme IFRs prévue pour 2020 mais aussi pour traverser la crise covid.

 

Pour sa part, Habib Belhaj Gouider a martelé que la BNA Bank n’a fait que son devoir de responsabilité sociétale et de banque citoyenne lors de la crise et que les dons faits étaient pour préserver la santé des Tunisiens et celles des héros qui n’ont pas hésité à faire don de soi (soignants, agents des forces de l’ordre et des forces armées) mais aussi aider les hôpitaux. Et de souligner que le secteur bancaire se devait de faire des efforts supplémentaires et que ça aurait été une honte si les banques s'étaient contentées de donner seulement 1% de leurs bénéfices.

«Si c’était à refaire, on le refera !», a-t-il scandé à l’adresse des actionnaires. Et de noter que malgré tous les efforts consentis par le secteur, il a été sévèrement critiqué.

S’agissant de la décision de la BCT relative à la suspension de la distribution du dividende au titre 2019, le DG a indiqué que le management s’est engagé de verser un dividende cette année, malheureusement il y a eu cette décision. Il a estimé qu’il s’agit d’«une décision malheureuse». Et d’affirmer : «Je comprends parfaitement l’amertume des petits-porteurs». Il a indiqué qu’il s’est entretenu avec le gouverneur après publication de la circulaire et qu’il a exprimé sa pensée. Il a souligné qu’«il y a une petite lueur et de fortes chances qu’au mois de septembre, il y ait une correction sur le fait de considérer l’affaire comme un report et le dividende comme dû».

 

 

En réponse à M. Ben Brahim, M. Gouider a annoncé un nouveau produit de la banque en préparation pour les TRE : un compte en devise ouvert à distance avec signature digitale et une rémunération qui est en train d’être déterminée.

Sur le volet d’AMI Assurances, il a assuré que l’entrée dans le capital n’a été en aucun cas une décision politique mais une stratégie de la banque dans le cadre du développement de la banque assurance. Il a précisé qu’un plan de d’assainissement est en cours et que la banque agira exclusivement dans son intérêt dans le traitement de ce dossier.

 

Commentant l’abandon des intérêts, le DG a considéré que c’est un non-sens économique, chose qui a été communiquée au pouvoir public.

En ce qui concerne les entreprises publiques, il a admis que la BNA a augmenté des engagements à l’Office des céréales mais de souligner qu’elle dépend du budget de l’Etat contrairement à d’autres entités, donc l’Etat paye mais en retard, le risque est dans ce cas moindre.

 

Habib Belhaj Gouider est également revenu sur la situation des sociétés filiales, plusieurs actionnaires ayant critiqué le rendement du groupe notamment du groupe immobilier. Il a avoué qu’il y a un problème de rentabilité. S’agissant du groupe immobilier, il a rappelé qu’il était rentable mais que la crise est passée par là et qu’il avait besoin d’une restructuration, chose que la banque n’a pas pu faire vu qu’elle devait céder ses participations supplémentaires au seuil réglementaire.

«On garde espoir pour trouver une solution», a-t-il soutenu en précisant que les leaders du groupe immobilier BNA sont en train de travailler sur une stratégie.

 

Grâce à son plan de réforme la BNA Bank est en train d’avancer à pas de géants et de consolider ses fondamentaux. Chose qui lui a permis d’être sereine face à la crise covid-19 et sûre de la traverser avec le moindre mal. 2019 a été une bonne année, 2020 s’annonce compliquée mais pas redoutable.

Imen NOUIRA

14/06/2020 | 16:59
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