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10,1% des enfants de moins de cinq ans souffrent de sous-nutrition chronique
07/06/2020 | 15:50
5 min
10,1% des enfants de moins de cinq ans souffrent de sous-nutrition chronique


La faim, un effet méconnu de la pandémie Covid-19. Plus de 800 millions de personnes dans le monde, dont des Tunisiens, sont concernés par cette menace. Analyse.


En avril, alors que le monde se débattait contre la pandémie du nouveau coronavirus, Covid-19, le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti contre une pandémie de la faim. « Les conséquences économiques et sanitaires de Covid-19 sont particulièrement inquiétantes pour les communautés des pays d'Afrique et du Moyen-Orient, car le virus menace de détériorer encore davantage la vie et les moyens de subsistance des personnes déjà victimes des conflits », a indiqué le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, David Muldrow Beasley, le 21 avril dans une déclaration au Conseil de sécurité des Nations Unies.

« Il n'y a pas encore de famine. Mais je dois vous avertir que si nous ne nous préparons pas et n'agissons pas maintenant - pour garantir l'accès, éviter les déficits de financement et les perturbations du commerce - nous pourrions être confrontés à de multiples famines aux proportions bibliques dans les prochains mois », a-t-il noté.

Plus tard en mai, le PAM a publié des chiffres estimatifs soulignant que le nombre de personnes exposées au risque de l’insécurité alimentaire pourrait atteindre les 47 millions dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). Ce nombre pourrait croître du fait de la pandémie, selon l’agence onusienne. L’insécurité alimentaire pourrait ainsi toucher 6,7 millions de personnes supplémentaires dans la région Mena.

 

La sous-nutrition s’aggrave en Tunisie

 

Au 7 juin, en Tunisie, 1,6 million de personnes souffrent de sous-alimentation, selon les données communiquées en temps réel sur la Hunger Map Live du Programme alimentaire mondial. Ce qui revient à environ 7% de la population tunisienne. Le pays compte, rappelons-le, 11,6 millions d’habitants.

 

 

En 2018, la Tunisie affichait un taux moins élevé : 5% de la population tunisienne étaient en sous nutrition, selon un rapport de l’ONU.

Le pays était alors en tête sur les cinq pays de l’Afrique du Nord concernés par ce phénomène. Les Nations-Unies avaient, à l’époque, imputé les résultats à une flambée mondiale des prix des aliments pour les populations nord-africaines relativement dépendantes des importations alimentaires.

La malnutrition aigüe touche, elle, 3,3% des enfants de moins de cinq ans. Le taux de malnutrition chronique est encore pire : 10,1% des enfants tunisiens de moins de cinq ans souffrent de sous nutrition chronique, selon la Hunger Map Live du PAM.

La moyenne de la population ayant une consommation alimentaire insuffisante est de 14% par gouvernorat.

Ces chiffres ont, notons-le été calculés sur la base du score de consommation alimentaire établi par le PAM. L’agence calcule cet indicateur sur la base du taux de diversité des régimes alimentaires des ménages et la fréquence de consommation des aliments.

En d’autres termes, selon cet indicateur, sont considérés en sous-alimentation les ménages qui ne consomment pas des produits de base et des légumes de façon quotidienne et rarement des aliments riches en protéines (viande et produits laitiers, ndlr).

La vulnérabilité du pays en termes de sécurité alimentaire est due, en particulier, à sa grande dépendance aux importations de céréales. Au 7 juin, la Tunisie affichait un taux de dépendance à l’import de 68%, selon la Hunger Map. 

Ces besoins d’importations céréalières devraient, d’ailleurs croître, en 2020, alors que le pays, tout comme le reste du monde, lutte contre la propagation du nouveau coronavirus. Il a été soumis fin mars à un confinement sanitaire général et a fermé ses frontières aériennes, terrestres et maritimes. L’activité économique est entrée en veille et ne risque pas de retrouver son cours normal de sitôt, le monde étant encore sous embargo.

Cette conjoncture conjuguée à une production céréalière en baisse ne peut nous laisser optimistes quant à la sécurité alimentaire en Tunisie.  

 

La moisson n’est pas au beau fixe

 

Selon les chiffres communiqués par l’Observatoire nationale de l’agriculture (ONA), dans son rapport du premier trimestre 2020, les surfaces cultivées en blé ont, nettement, régressé (-21%).  De même pour celles dédiées au blé dur (-3,6%) et à l'orge (-4,6).

En effet, 46%, seulement, des superficies initialement programmées pour la culture de ces denrées ont été traitées contre les mauvaises herbes et 67%, seulement, contre les maladies fongiques, selon l’ONA.

En d’autres termes, la moisson 2019/2020 ne sera pas au beau fixe. L’ONA le confirme, d’ailleurs : « Le rendement des céréales au niveau national pour la saison 2019/2020 va diminuer à 16 quintaux par hectare, contre 24 qx/ha enregistrés lors de la dernière campagne ».

Cette baisse de rendement s’explique, selon l’ONA, par une faible pluviosité en particulier durant le mois de février. Entre septembre 2019 et mars 2020, la Tunisie a enregistré une pluviométrie de 169,8 mm soit -7% par rapport à la moyenne de la période, selon l’ONA.

Les stocks des barrages ont, de ce fait, diminué de 18,2% par rapport à 2019. Les réserves en eaux disponibles dans les barrages n’étaient que de 1 448 millions de mètres cubes au terme du mois de mars 2020.

« Au 31 mars 2020, les apports cumulés aux barrages ont atteint 577,6 M m3. Ils ont été nettement inférieurs à la moyenne de la période (1467,3 M m3) », lit-on dans le rapport de l’ONA.

L’Observatoire national de l’agriculture estime donc la production nationale de céréales à 15,7 millions de quintaux (1,5 million de tonnes) pour la saison 2019/2020. « La répartition entre les différentes céréales sera : 9,7 millions de quintaux de blé dur, 885 mille quintaux de blé tendre, 4,9 millions de quintaux d'orge et 253 mille quintaux de triticale. La superficie cultivée est estimée à 967 mille ha, sur un total de 1160 mille ha », a précisé l’ONA.

En 2019, la Tunisie a enregistré une production record de 24 millions de quintaux soit 2,4 millions de tonnes de céréales.

L’ONA note également, que les importations céréalières représenteraient 57,4% des importations alimentaires du pays en 2020, contre 51,4% l’année écoulée. Le blé dur représenterait à lui seul 39,8% du total des importations de céréales prévues en 2020.

Il convient de rappeler que la Tunisie a enregistré plusieurs incendies dans des exploitations agricoles, notamment des champs de blé, dans les gouvernorats du nord-ouest et centre du pays.

Nadya Jennene 

07/06/2020 | 15:50
5 min
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Commentaires
veritas
L'objectif est bien atteint
a posté le 08-06-2020 à 11:18
L'automne islamistes n'a pas encore fini de dévoiler ses mystères...le pire est encore à venir ...
Anyssa
Emprunt...
a posté le 08-06-2020 à 10:24
vous reprendrez bien un p'tit emprunt du FMI pour alimenter vos gosses, n'est-ce-pas ?

Il faut mettre à la disposition des agriculteurs les terrains de l'Etat pour qu'ils soient cultivés afin que chaque Tunisien puisse en profiter en s'y retrouvant sur le prix raisonnable lors de l'achat...et n'importer que ce qui est réellement nécessaire et que nous ne pouvons produire !!!
Afin que nous puissions TOUS retrouver notre souverainisme alimentaire pour éviter la boule de neige des emprunts FMI BQM et la clique de sangsues !

Il faut AUSSI se méfier de tous ces rapports artificiels BIGDATA qui ne relatent pas forcément la réalité terrain mais faits pour alarmer en vue de refourguer derrière des emprunts..encore des emprunts et toujours des emprunts..pour une spirale infernale.

Il faut penser et repenser à un souverainisme alimentaire et la TUNISIE EN A LES TERRAINS, LES MOYENS et LES HOMMES POUR Y PARVENIR !!!
Gg
@ Nephentes
a posté le 07-06-2020 à 22:29
Ce que vous dites est vrai. Des baraques sans eau ni électricité, l'hiver on y crève. Des bananes, des fraises, c'est la fête.
Pas de cahiers ni de livres pour les enfants. Pas de lunettes, pas de dentiste, pas de médicaments... c'est le tiers monde, en certains endroits. Et c'est de pire en pire.

Nephentes
Non assistance a enfance en danger
a posté le 07-06-2020 à 18:30
J 'ai eu l'occasion de constater une misere et un abandon infames de popolations en detresse au Nord et au Centre Ouest

Il y a des familles d ouvriers agricoles qui n'ont pas de maison qui habitent dans de veritables huttes en 2020 en Tunisie

Il y a des enfants de 10 ans qui n'ont jamais mange de bananes de baguettes farcies de gateaux veritables de leur vie

C"est terrible ce qui arrive a cette enfance defavorisee des regions inerieures

Pourtant je vous jure que parfois a 500 metres de leur miserable hutte il y a des fermes de contrebandiers avec piscine en marbre et video surveillance

Cette crise du corona ne fait qu"empirer les choses et cet etat de merde regarde ailleurs
DHEJ
@Nzdya JENNENE..
a posté le 07-06-2020 à 16:46
Une idée sur l'abattement fiscal FORFAITAIRE d'un montant de 120 Dinars TTC par an au parent pour subvenir aux besoins de l'enfant ?

On imposant le salarié, le ministère des finances accorde 120 dinars en TTC par an soit 10 dinars en TTC par mois comme avantage fiscal pour

La nutrition de l'enfant
Le jardin d'enfants
Les soins médicaux
Etc...
Nutrition
Proteines
a posté le 07-06-2020 à 16:42
Vous induisent les lecteurs en erreur, les produits laitiers ne sont pas une source de protéines, dites plutôt légumineuses !