alexametrics
dimanche 28 avril 2024
Heure de Tunis : 03:54
A la Une
Béji Caïd Essebsi déclare la guerre à Rached Ghannouchi
30/11/2018 | 19:59
5 min
Béji Caïd Essebsi déclare la guerre à Rached Ghannouchi

 

Béji Caïd Essebsi a décidé de déclarer la guerre à son allié d’autrefois Ennahdha de Rached Ghannouchi. Si le parti islamiste était un allié de taille après les élections de 2014, le mouvement est aujourd’hui l’ennemi à abattre. Devenu premier soutien de son adversaire Youssef Chahed, actuel chef du gouvernement, Ennahdha est désormais déclaré persona non grata par le clan des Caïd Essebsi. Le dossier de l’organisation secrète, pesant sur le parti, se présente comme l’occasion inespérée de laisser Ennahdha sur le carreau.

 

« J’avais autrefois défendu Ennahdha et, aujourd’hui encore, je n’ai aucun problème avec eux, ni positif, ni négatif » avait déclaré Béji Caïd Essebsi à l’ouverture de la réunion du conseil de sécurité nationale. Une première, étant donné que le président de la République n’a pas l’habitude d’ouvrir la réunion du conseil de la sécurité en prenant publiquement la parole…encore moins pour parler de sujets politiques. Mais le message de Béji Caïd Essebsi à travers son intervention est clair : la guerre est déclarée contre Ennahdha. Le dossier de l’organisation secrète armée est la meilleure occasion d’utiliser le passé trouble contre le mouvement islamiste.

« L’affaire de l'organisation secrète du mouvement Ennahdha a pris une proportion internationale, d’autant plus que cette affaire n’est plus aussi secrète », a déclaré Béji Caïd Essebsi. Il ajoute : «  Le comité de défense de Belaïd et Brahmi a demandé à me voir et j’ai accepté. Les trois avocats m’ont remis un grand recueil de documents et d’éléments de preuves que je ne pouvais occulter. Cependant, cela semble gêner certaines parties, plus précisément le mouvement Ennahdha. Mais, je ne crains personne, encore moins Ennahdha […] Ils ont rendu un communiqué nocturne pour contester les déclarations faites au palais de Carthage par le comité de défense. Auraient-ils cru que je ne dormirai pas de la nuit à cause de leur communiqué ? J’ai la conscience tranquille, moi ! Et puis ce communiqué se veut menaçant. Avec nous, ça ne marche pas !»

La veille, Ennahdha avait sorti un communiqué dans la soirée dénonçant la réception à Carthage des membres du comité de défense Belaïd/Brahmi et alertant contre « le danger d’impliquer la présidence de la République dans des tergiversations politiques dans le but de porter atteinte à l’indépendance de la justice ». Le parti invite également les différents intervenants à « profiter de la fin de la crise et à ne pas envenimer le climat politique dans des objectifs politiciens en contradiction avec l’intérêt du pays ».

 


Il est clair que cette affaire et les retombées qu’elle implique sur le mouvement, dérange fortement Ennahdha. Pour se défendre, le parti poursuit son discours d’apaisement et d’appel à l’union et au consensus.  Hier, le député Ennahdha Abdellatif Mekki a réagi au discours présidentiel. Sur Express Fm, il a assuré que le mouvement Ennahdha a toujours respecté le président de la République et qu’il n’y a eu aucune menace dans son communiqué. « Le discours du président de la République était un discours politique et non adressé au conseil de sécurité nationale », indique Abdellatif Mekki, qui souligne : « Si l’orateur est fou, l’auditeur doit être sage ! ». Idem lors de son intervention au parlement du 26 novembre. Le député islamiste avait adressé un message apaisé au président de la République l’appelant à « rassembler et à unir les Tunisiens ».

« Nous sommes dans un régime démocratique qui a des valeurs et qui respecte toutes les institutions de l’Etat, qu’elles soient régies ou non par des personnalités du même bord politique que nous. Ces institutions sont présidées par des personnalités choisies par le peuple et il faut les respecter, les épauler et collaborer avec elles, et surtout la présidence de la République, compte tenu de ses nombreuses missions », a-t-il déclaré. Il ajoute : « La présidence de la République a des responsabilités et des prérogatives qui lui permettent d’aider les Tunisiens à surmonter ces moments difficiles et à poursuivre la transition démocratique afin que la démocratie puisse avoir, en Tunisie, des racines, des fondements, une culture et des valeurs. Ainsi, nous saluons la présidence et faisons part de notre disposition à collaborer et à échanger nos points de vue, même s’ils sont divergents, car nous servons tous le même Etat. Les outils moraux de la présidence sont plus puissants que ceux légaux et constitutionnels et le président est le rassembleur de tous les Tunisiens ».  Le député a aussi appelé à « aborder un dialogue politique avec le président de la République dans des questions de sécurité et de défense ».

 

Si le parti Ennahdha se range du côté de Youssef Chahed, à travers son discours, toujours aussi diplomatique, il tente de montrer qu’il connait, pourtant, et respecte le pouvoir et les prérogatives de Carthage. Un retrait stratégique face à un Béji Caïd Essebsi qui essaye aujourd’hui de montrer qu’il est encore le « président puissant » pour lequel des milliers de personnes ont voté en 2014.

De son côté, BCE contre-attaque et montre qu’il a plus d’un tour dans son sac affirmant à ceux qui lui ont tourné le dos, qu’ils ne s’en sortiront pas comme ça. Une manœuvre à travers laquelle il met Ennahdha face au mur et affaiblir, par la même, le plus grand soutien de Youssef Chahed.

 

Si Ennahdha a été un allié de taille à Béji Caïd Essebsi et à son parti Nidaa Tounes en 2014, le mouvement islamiste est devenu aujourd’hui un adversaire dont il faut rapidement se débarrasser. Nouveau, et plus puissant, soutien de Youssef Chahed, désormais persona non grata pour le clan des Caïd Essebsi, Ennahdha est en train d’assister à sa mise à l’écart. Une carte de taille fait son entrée dans le jeu : le dossier de l’organisation secrète d’Ennahdha, du pain béni pour ceux qui veulent mettre au placard le parti de Rached Ghannouchi.

Le 24 septembre 2018, Béji Caïd Essebsi annonce sur le plateau de Myriam Belkadhi sur El Hiwar Ettounsi la fin du consensus avec le parti Ennahdha. Depuis, le parti islamiste ne cesse de démentir appelant à l’apaisement. Connu pour son habilité politique, Ennahdha joue la carte de l’apaisement, conscient que moins on a d’ennemis, mieux on se porte et que les ennemis d’aujourd’hui pourront bien devenir les alliés de demain…

 

Synda Tajine 

30/11/2018 | 19:59
5 min
Suivez-nous

Commentaires (22)

Commenter

BORHAN
| 05-12-2018 11:04
'?lu par défaut, monsieur Essebsi a contribué à enfoncer le pays dans le néant car il est indiscutablement le contre-révolutionnaire type qui n'a jamais digéré le changement du régime ( et le l'ordre interne ) qu'il a servi durant plus d'un demi siècle.
il doit impérativement nous présenter son chaotique bilan en fin de son mandat et nous rendre compte de sa désastreuse gouvernance au moins pour les prérogatives qui le concernent.

Le vaillant
| 02-12-2018 15:19
BN: SVP evitez ce type de gros mots dans les titres (Declare la gueure)

Zohra
| 02-12-2018 13:41
https://youtu.be/kpFzztF1ozo

TATA
| 02-12-2018 13:38
Le photomontage ne reflète que très peu l'idée et l'esprit du texte:

Points de convergence entre l'article est le photomontage :
-L'inscription VS sur le photomontage est l'abrégé de Versus qui signifie BCE contre RG ou inversement RG contre BCE


Points de divergence entre l'article est le photomontage :
-Dans le Photomontage la lettre "V", qui signifie victoire est du côté de BCE. L'article n'aborde pas ce point.
-dans le Photomontage, c'est RG qui est plutôt diabolique. Par contre BCE a plutôt l'air intelligent et malin.
- Dans le Photomontage RG et BCE sont victimes l'un de l'autre, en effet les deux portent des traces sur leurs visages (symboliser par les traces des lettres sur les visages respectifs de RG et BCE). Par contre dans le texte de l'Article, seulement RG est la victime. BCE est plutôt l'agresseur.

Le photomontage est partiellement en contradiction avec le texte de l'article!

Greenaple
| 02-12-2018 07:08
Nous sommes gouvernés deux renards rusés qui sont l'un à l'antipode de l'autre,situation voulue par les puissances étrangères,UE et EU,qui voulaient doter la Tunisie d'un équilibre politique durable !!! Bien sur une telle alliance contre nature finirait par créer des frictions entre les alliés. Mais dire que nous sommes gouvernés par deux vieux incapables de gérer le pays dénote une certaine incapacité de jugement et un retard de réflexion de presque 14 siècles quand ALI IBN ABI TALEB disait dans ce sens"je préfère la sagesse du vieux au courage du jeune".En réalité leurs "betises" sont le résultats du niveau de leurs "sujets"...***

houda
| 01-12-2018 20:40
il s agissait quand meme de tentative du president de la republique française et se n est dans les habitudes des
grandes puissance qui se respecte et qui doivent etre respectè a moins que son exellence l ambassadeur de la republique française soit un islamiste et c est pas etonnant quand on se rappelle les liens etablis entre M R l ambassadeur et le chickh rached ghannouchi ?

Justinia
| 01-12-2018 17:53
Le photomontage est de très mauvais goût,le reste aussi.

Mouzal
| 01-12-2018 17:24
Les lecteurs ont été informés de l'envoi d'un bouquet de fleurs de Ghannouchi pour l'anniversaire de BCE et voilà que ce dernier lui déclare la guerre le lendemain.
Parfait tout ça; mais le bouquet de fleurs, lui, qu'est-il devenu: retourné à l'envoyeur ou trônant dans un vase dans le salon du récipiendaire?
Voilà une bonne investigation à faire sans trop de risques!

l arc en ciel
| 01-12-2018 15:19
Je me permets de reprendre votre commentaire avec Vieillards au lieu d hommes et detruire au lieu de reculer:"Ces deux vieillards doivent se retirer au plus vite de la scène politique. Depuis leur arrivée au pouvoir, BCE et ghannouchi n'ont fait que detruire la Tunisie, sur tous les plans: politique, économique, social et culturel.La Tunisie est déjà submergée de problèmes et on n'a pas envie de les voir s'entretuer. Qu'ils nous laissent tranquille!! La Tunisie est 1000 fois plus chère que ghannouchi et essebsi et personne n'a le droit de menacer l'avenir de nos enfants et de notre pays!!!"
J ajouterais que Essebsi est le principal responsable de toute cette misere,il a fait des choix contraires aux interets de notre pays et s est contente de recevoir des visiteurs et de voyager...que restera t il de son passage usurpe a Carthage ? tres peu sinon que des disputes de coqs interminables et des manoeuvres les plus abjectes sous oublier sa politique etrangere minable et tres allignee.......

TATA
| 01-12-2018 14:02
Introduction: Madame Synda Tajine positionne Ennahdha et le clan RG dans une place de victime et traite la présidence de la République indirectement de diabolique !


Je ne vois aucune différence entre les derniers articles de Synda Tajine, de Marouen Achouri et les déclarations des membres du parti politique Ennahdha! Oui, tous les trois positionnent Ennahdha et le clan RG dans une place de victime et traitent la présidence de la République indirectement de diabolique !


Oui, Madame Synda Tajine positionne le clan RG en place de victime et diabolise la présidence de la République! En effet, Madame Synda Tajine nous dit haut et fort:

-"[Ennahdha] devenu premier soutien de son adversaire Youssef Chahed, actuel chef du gouvernement, Ennahdha est désormais déclaré persona non grata par le clan des Caïd Essebsi"

-"De son côté, BCE contre-attaque et montre qu'il a plus d'un tour dans son sac affirmant à ceux qui lui ont tourné le dos, qu'ils ne s'en sortiront pas comme ça."

-"Si Ennahdha a été un allié de taille à Béji Caïd Essebsi et à son parti Nidaa Tounes en 2014, le mouvement islamiste est devenu aujourd'hui un adversaire dont il faut rapidement se débarrasser.

-"Nouveau, et plus puissant, soutien de Youssef Chahed, désormais persona non grata pour le clan des Caïd Essebsi, Ennahdha est en train d'assister à sa mise à l'écart."



@Madame Synda Tajine, il est vraiment temps que vous vous demandiez: si le parti politique Ennahdha est propre/innocent des dernières accusations, il est vraiment temps que vous vous demandiez, pourquoi le clan RG a peur de passer par un tribunal?

L'article de Madame Synda Tajine n'est pas vraiment neutre. Peut-être que Madame Synda Tajine voudrait soutenir YC en soutenant inconditionnellement le clan RG? Dans ce cas particulier, elle fait vraiment de faux calculs!