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Les banques tunisiennes face aux hold-ups
03/08/2018 | 20:59
6 min
Les banques tunisiennes face aux hold-ups

Le récent holdup de l’agence bancaire de l’Amen Bank et le vol de près de 90 mille dinars a relancé les interrogations sur les dispositifs de sécurité employés par les banques tunisiennes. A qui incombe la faute ? Est-ce aux autorités d’assurer la protection des établissements bancaires ou est-ce qu’une banque doit, comme l’a déclaré le ministre de l’Intérieur, «  se protéger elle-même » ?

 

Deux hold-up ont été perpétrés cet été contre des banques tunisiennes. D’abord à Tunis, en juillet, dans le quartier d’El Manar, où près de 60.000 DT ont été volés dans une agence de la STB. Le plus récent a été perpétré il y a deux jours à Kasserine où 4 hommes cagoulés ont réussi à subtiliser 90.000 dinars, selon un communiqué émis par l’Amen Bank. Dans cette deuxième opération, la thèse terroriste ne serait pas à écarter et, selon des sources sécuritaires, le vol a été orchestré par 11 personnes et le montant volé devrait servir à alimenter un réseau terroriste.

Hichem Fourati, ministre de l’Intérieur fraîchement nommé la semaine dernière, s’est prononcé sur ce récent hold-up affirmant que si la nature terroriste de ce récent braquage reste à confirmer, « l’argent du contribuable est en sécurité ». Il précise, par ailleurs, que « les établissements bancaires sont tenus d’assurer leur propre sécurité et celle de leurs clients à l’instar des unités hôtelières ». Mais que font réellement les banques pour assurer la sécurité de l’argent confié par leurs clients ?

 

Dans les faits, l’argent du client ne risque rien à partir du moment où il a été confié à sa banque. En effet, si un client dépose un montant déterminé d’argent dans un compte bancaire et que la banque se fait cambrioler, c’est la banque qui en assume l’entière responsabilité et est tenue, donc, de restituer l’argent à ses clients.  De même, si un client se fait voler  à l’intérieur d’une agence bancaire et même s’il n’a pas encore déposé l’argent en sa possession à l’agent du guichet compétent. En clair, la banque assume la responsabilité de tout ce qui se passe au sein de ses locaux. Aucune crainte à avoir donc pour le client à ce niveau-là.

En cas de hold-up, c’est la compagnie d’assurance payée par la banque qui se charge de lui restituer les montants volés. A condition, bien évidemment, que les normes et consignes de sécurité aient été mises en place et respectées. En effet, chaque agence bancaire se doit de respecter un certain nombre de consignes pour assurer la sécurité des biens et des personnes et pour ne pas devenir une cible pour les voleurs.

A titre d’exemple, les caisses d’une agence bancaire ne doivent pas dépasser une certaine somme d’argent bien déterminée au cours de la journée. Au-delà de cette somme, le caissier se doit de déposer, immédiatement, la somme excédentaire dans le coffre-fort de l’agence, protégé lui-même par une chambre forte. Une chambre forte dont plusieurs personnes possèdent les différentes clés et les codes de sécurité servant à l’ouvrir et qui est donc, en théorie, inviolable. Aussi, à la fermeture des guichets et des portes, en fin de journée, très peu d’argent reste déposé dans l’agence et un fourgon blindé et escorté par un agent de police armé se doit, chaque jour, de déposer la recette journalière dans les caisses prévues pour.

Aussi, des caméras de surveillance sont installées dans des endroits stratégiques de chaque agence afin de protéger les différentes caisses, la chambre forte et les distributeurs. Des dispositifs qui permettront à l’agence d’être contrôlée à distance depuis une centrale mais aussi de reconnaitre d’éventuels ravisseurs ou voleurs au moment d’un vol ou d’un kidnapping. Chaque agence est également équipée d’une alarme directement reliée au poste de police le plus proche qui permet, en cas de pépin, une intervention rapide et immédiate des forces de l’ordre sur les lieux.

Aussi, lors d’un lors hold-up, les consignes de sécurité données à une agence bancaire sont très simples : « Les personnes avant l’argent » ! En effet, le personnel bancaire se doit de se protéger lui-même, ainsi que les clients se trouvant à l’intérieur de l’agence au moment du braquage, avant de penser à protéger l’argent qui y est déposé.

 

Chaque agence bancaire se doit de respecter, religieusement, ces normes de sécurité afin de protéger ses biens et les personnes s’y trouvant, mais aussi afin de pouvoir aspirer à d’éventuels dédommagements de la part de sa compagnie d’assurance. Ceci dit, dans la majorité des banques tunisiennes, les agences bancaires ne sont protégées par aucun agent de sécurité, ni policier armé. Une « lacune » que dénoncent certains agents bancaires qui ont affirmé à Business News qu’un agent de sécurité serait un moyen dissuasif suffisant afin d’éviter les braquages ou, au moins, pour alerter rapidement les forces de l’ordre.  

Si dans plusieurs banques, les citoyens peuvent accéder sans être contrôlés ou fouillés, certains établissements bancaires - très peu en réalité en Tunisie - disposent de sas de sécurité permettant un contrôle très précis des biens et des équipements. Un sas permet en effet de bloquer la personne qui tente d’accéder au bâtiment le temps de vérifier le contenu du sac qu’elle transporte et en attendant qu’un agent de sécurité valide son entrée, ou sa sortie. Une procédure très utile en cas d’attaque, qui permet non seulement de ne pas faire passer d’armes à l’intérieur d’un bâtiment mais aussi de bloquer les assaillants qui tenteraient de s’en échapper.

  

Certains auteurs du hold-up du mercredi 1er août, à Kasserine, ont été identifiés grâce aux caméras de surveillance, selon le ministère de l’Intérieur. Si rien d’officiel ne confirme, à l’heure actuelle, la thèse terroriste, ce genre de vol s’il se répète pourrait appâter les nombreux voleurs et autres éléments dangereux, tentés par le contenu des caisses des banques de la place.

La relation banque-client, étant basée sur la confiance, il est essentiel de mettre en place les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Les banques tunisiennes, en respect des réglementations et normes en vigueur en la matière, réalisent d’importants investissements afin d’assurer et maintenir le niveau de sécurité dans leurs agences.

Si la sécurité des banques tunisiennes est une préoccupation pour ces dernières, les autorités devraient se pencher davantage sur la question afin d’éviter toute récidive ainsi que tout mouvement de panique générale qui pourrait en résulter…

 

Synda Tajine

 

 

03/08/2018 | 20:59
6 min
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Commentaires (13)

Commenter

Zohra
| 05-08-2018 13:00
Vous vous rendiez

Zohra
| 05-08-2018 12:35
Bonjour Monsieur

Je ne sais si vous roundiez dans les banques tunisiennes, ce que je doute, mais je peux vous assurer la plupart des caissiers dans les banques sont toujours dans une cabine a moitie vitré, c'est probablement des vitres anti balles Monsieur sinon je ne vois pas l'utilité de mettre la caisse de cette façon.

Bon dimanche

Bacarus
| 04-08-2018 21:54
Vous avez parlé de tout sauf de l essentiel
Une vitre pareballes doit séparer les employés des visiteurs
C mentionné dans le cahier de charges de la bct
Point barre

DHEJ
| 04-08-2018 16:35
l'arme illégale danse...

Pie
| 04-08-2018 13:23
Des agents de sécurités devant des Banques ou à l'intérieur ? Vous pensez que cela va impressionner les braqueurs ? Un carton, avant de prendre le pèze...!

bahrila
| 04-08-2018 12:48
on ne travaillera plus avec des espèces , il n'y aura plus rien à voler aux guichets de banques ..............cqfd

kameleon78
| 04-08-2018 12:20
Une ville comme Kasserine devait être en état de siège, c'est la ville la plus proche de Chaâmbi, donc vu la menace terroriste, il devrait y avoir des barrages partout à chaque carrefour mais voilà qu'une dizaine de gangsters ont pu rentrer dans la ville, attaquer une banque et voler 90 000 dinars, c'est incroyable, cela ne peut être possible que par des complicités au sein de la Police et de l'Armée, sinon c'est inexplicable.

Zohra
| 04-08-2018 07:54
Bonjour Monsieur,

C'est plutôt le rôle des sociétés privées telle que la société Securitas qui sont spécialisées, et ils existent en Tunisie. Ils le savent mais ils ne veulent pas dépenser car ça coûte cher

Bonne journée

Zohra
| 04-08-2018 07:44
Bonjour Monsieur,

Je sais avec la Carte première Gold, j'ai le droit 3000 e, en cas de perte ou vol de la CB c'est quand même une galère c'est ce qui est arrivé à mon fils récemment. On ne peut plus retirer de liquidité au guichet.

Amitiés très bon week-end

kameleon78
| 04-08-2018 00:38
C'est incroyable qu'il n'y ait pas d'agents de sécurité devant les banques, même dans les années 60 ou 70 on voyait ça dans les films américains ou français, les agences bancaires sont livrées à elles-mêmes sans aucune sécurité.
Comme a dit @HatemC c'est à la banque de recruter via des agences privées des agents de sécurité, l'état n'intervient que s'il y a braquage ou prise d'otages. En France le problème est résolu, il n'y a plus d'agents de sécurité comme dit @Zohra c'est la galère pour commander une grosse somme avec rendez-vous mais vous avez les distributeurs jusqu'à 500 euros tous les 3 jours. en France par exemple tout le monde a une carte de crédit même les enfants pour qu'ils ne soient pas en panne, mais bon nous avons des décennies de retard, la Tunisie en termes bancaires c'est les années 60 en France, mais au niveau sécurité c'est le moyen-âge.

La prévention en Tunisie n'existe pas, on intervient après coup comme la Banque de Chaâmbi, la ville est quadrillée par la Police et l'Armée et les braqueurs non seulement ils entrent dans la banque mais prennent aussi 90 000 dinars au nez et la barbe des sécuritaires qui jouaient à la Chkoba dans le café d'en face.