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Adoption de la loi électorale, et après ?
01/02/2017 | 19:59
5 min
Adoption de la loi électorale, et après ?

 

Finalement et après un retard qui a duré plusieurs années, les élus à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont adopté une nouvelle loi électorale accordant le droit de vote aux policiers et aux militaires, après de longs mois d'âpres tractations sur ce point précis.

 

 

En effet, lors d’une séance plénière, tenue ce mardi 31 janvier 2017, à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) le projet de loi 01/2016 relatif aux élections et aux référendums a été voté dans son intégralité avec 139 voix et 22 abstentions.

A noter que, entamé depuis le mois de juin 2016, l’examen de ce projet de loi, déposé depuis mai 2014, a été bloqué en raison de plusieurs différends entre les groupes parlementaires. Blocages qui concernent certaines questions, dont le fameux article autorisant les agents de sécurité et les militaires à participer à ces élections.

 

 

Les divergences d’opinion entre les blocs parlementaires qui datent déjà depuis une longue période, avaient entravé la tentative de trouver une solution à ce litige. Et il a fallu que le ministre des Affaires locales, Riadh Mouakher présente un article supplémentaire, indépendamment de l’article 3, incluant le droit de vote des sécuritaires et des militaires pour les prochaines élections municipales.

Force est de constater, par ailleurs, que les deux thèses, celle soutenant le droit des militaires et des sécuritaires à voter, dans l’absolu, et celle rejetant ce droit, présentent, chacune une argumentation qui pourrait être défendue.

 

 

Les partis « pour », brandissent l’argument massue du principe constitutionnel plaçant tous les citoyens sur le même pied d’égalité et bannissant toute sorte de discrimination alors que ceux « contre » avancent la crainte que les sécuritaires et les militaires, porteurs d’armes et censés être neutres, pourraient perdre, alors, cette neutralité.

Le vote a, donc, eu lieu mais provisoirement, dans le sens où la nouvelle loi autorise les deux corporations concernées à voter uniquement pour les municipales et les régionales. Une vision défendue par le parti Ennahdha qui a eu, finalement, gain de cause. Ce qui fait dire à certains critiques que ceci confirme les propos tenus par Rached Ghannouchi disant que « l’armée et la police ne sont pas garantis… ».

 

Maintenant que le projet de loi est adopté, on rappelle que les élections municipales étaient programmées en principe pour 2016, mais elles ont été reportées sine die, faute de loi électorale, les responsables annonçant plusieurs dates pour leur tenue, avant de se raviser à chaque fois.

Or le litige ne porte pas uniquement sur ledit vote, mais les divisions sont aussi profondes sur les questions du découpage électoral et de la réorganisation des missions et des attributions des collectivités territoriales, sans oublier le seuil à partir duquel une liste peut prétendre à des sièges aux conseils municipaux et régionaux et peut prétendre au remboursement des frais engagés.

 

En tout état de cause et d'après l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), "l'organisation des municipales ne doit aller pas au-delà de l'année 2017, sinon tout un chapitre de la Constitution ne sera pas appliqué", à savoir les dispositions relatives à la gouvernance locale.

C’est ainsi qu’après ce vote, Chafik Sarsar, président de l’ISIE a indiqué, aujourd’hui même, qu’a priori, les élections municipales devraient se tenir entre fin octobre et mi-novembre 2017»,

« Ces délais ont été envisagés en fonction des éventuels recours intentés contre cette loi dans les 7 prochains jours », a expliqué Sarsar. « Au cas où des recours seraient formés, leur examen doit se dérouler dans un délai maximal de 45 jours », a t-il encore précisé

Selon Sarsar, l’Instance se penche depuis 2 mois sur l’élaboration d’un plan préliminaire des élections municipales qui prévoit notamment l’échéancier électoral et le plan opérationnel.

 

L’autre point essentiel de ce projet de loi concerne le seuil des 3% des voix. Ce seuil est  obligatoire pour chaque liste afin d’obtenir un ou plusieurs sièges et bénéficier du remboursement des frais engagés lors de la campagne électorale.

 

Or, des analystes estiment que cette barre est favorable aux grands partis, notamment Ennahdha et Nidaa Tounes, et pourrait défavoriser les petits partis politiques qui se verraient éloignés des postes de conseillers municipaux et régionaux.

 

Ceux qui défendent ce point considèrent  que si on descendait à 2 %, on pourrait retrouver des candidats dans lesdits conseils alors qu’ils n’avaient obtenu que 150 ou 200 voix. Ils ôteraient, ainsi toute crédibilité à ces éventuels élus.

 

 

On ne peut passer sous silence la polémique soulevée par la dernière série de nominations de délégués dans la mesure où ils sont appelés à présider les délégations municipales spéciales. En effet, lesdites désignations sont marquées par le principe de quotas partisans qui ont privilégié les deux principaux partis au pouvoir, en l’occurrence Nidaa et Ennahdha.

Certains partis sont allés jusqu’à réclamer le retrait de ladite liste annoncée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, car ils assurent craindre une probable influence que pourraient exercer les futurs délégués  lors du scrutin municipal.

 

Et si Ennahdha évite toute déclaration à ce propos, Nidaa Tounes, par le biais du chef de son bloc parlementaire, Sofiène Toubel, estime qu’il trouve cette pratique de quotas partisans « normale » et « logique » du moment qu’on a dépassé la période transitoire et qu’on se trouve, désormais, dans une phase de pouvoir définitif et stable après des élections libres et démocratiques.

 

 

C’est dire que même après l’adoption du projet de loi électorale, les choses semblent vouées à d’autres développements et autres complications lors des stades de l’élaboration des textes d’application et de la mise en pratique de la loi.

 

Sarra HLAOUI

01/02/2017 | 19:59
5 min
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Commentaires (6)

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Lincoln
| 02-02-2017 17:59
maintenant avec de vote préparé vous à un dictateur jamais veux dans le payé avec ces vote est avec le temps vous allez voir

Hatem Jemaa
| 02-02-2017 17:49
"le litige ne porte pas uniquement sur ledit vote, mais les divisions sont aussi profondes sur les questions du découpage électoral de la réorganisation des missions et des attributions des collectivités territoriales " C'est le n'ud du problème. Ces divergences de fond ont été momentanément mises entre parenthèses par une entente tacite de différer l'application du chapitre VII de la constitution . Et ceci est inadmissible. La constitution nous oblige tous et sans délais. Le code des collectivités locales DOIT être promulgue avant la tenue des élections. Les électeurs doivent savoir quelles sont les missions des municipalités dans la 2eme République. Je crains fort que ceci ne se réalisera pas. Et encore une fois comme pour les élections de 2011 nous irons voter sans savoir pour quoi voter. Les élections sont un mandat qui oblige le mandate et le mandataire sur l'objet du mandat. Si l'objet est inconnu ou flou il ne peut y avoir de mandat.
Par ailleurs le Ministre des collectivités locales nous informe que l'application du nouveau code des collectivités locales se fera par étapes sur une période de 09 ans!!! Sous prétexte qu'il faut doter les collectivités locales des moyens humains et matériels pour assumer leurs nouvelles missions. Or il s'agit d'un transfert de missions de l'administration centrale vers la collectivité locale et par conséquent le transfert concernera la mission et les moyens de l'assurer. C'est un faux prétexte pour justifier l'entente tacite faite dans le dos du peuple.

takilas
| 02-02-2017 15:25
Pour instaurer des municipalités ou des mairies, il est avant tout impératif d'instaurer les bases nécessaires pour concevoir cette sorte administration.Il s'agit d'abord d'une administration au service du citoyen, et non comme le pensent des sous-développés d'une occasion propice pour gagner la popularité de leur soi-disant ; d'ailleurs il s'agit de partis qui n'ont d'appellation de parti que de profiter de leur nouvelle situation "sociale" à savoir bénéficier de plusieurs avantages les distinguant des autres gens.De le dire "malheureusement" à nahdha, que cela (les principes des administrations quelles qu'elles soient) était appliqué du temps de Bourguiba. Bon ! Il faut dire qu'on ne peut comparer l'incomparable mais, il y a avait énormément d'esprit nationaliste parmi toute la population auréolée par l'extase de indépendance d'une part et de servir et développer le pays, sans pourtant chercher à s'enrichir le plus tôt possible ; et de préférence sans effort, ni formation ni savoir, comme c'est le cas 'depuis à peu près l'année 1984 Comme dit la maxime tunisienne : "le tapis de prière avant la mosquée ".Sinon comment expliquer tout cet engouement à s'accaparer des postes des quatre municipalités dîtes du grand Tunis ?

takilas
| 02-02-2017 13:43
Ce n'est qu'avec la question d'élections municipales que l'économie tunisienne pourrait être sauvée, ni la question de femmes, de jeunes etc...et éviter de passer près de la plaque par des bêtises de décentralisation, car de parler à Tunis (quatre gouvenorats) ce n'est que pure mascarade puisque tous ceux qui ont migré vers Tunis grossomodo, depuis trois quatre décennies, n'oseront jamais retourner à leur vol les ou régions originelles, n'ont parlons de nahdha qui pour eux d'habiter Tunis, il s'agit d'une question sacrée et de ne point citer cette (devenue tabou) de décentralisation ou de "retour"aux bleus (plus question par ailleurs de parler d'équilibre régional (en sachant que c'est seul recours de sauver La Tunisie) car pareillement c'est un sujet tabou. Pour démontrer, en final, qu'il s'agit d'une arnaque toute faite,c'est qu'ils impliquent et intègrent le sabotage (la spécialité de nahdha qui mis le pays tunisien à genou) dans tous les sujets qui concernent la colonisation de la capitale Tunis.
- Est-ce les membres de la municipalité ne doivent-ils pas être (leurs familles et non leurs naissances ) originaires de l'arrondissement ou de la ville dont ils sont originaire ? Autrement la débandade constatée (et provoquée) depuis l'appelé "printemps arabe" s'amplifiera davantage et l'incitation à la haine engendrée par les occidentaux, par le biais de nahdha, augmentera inéluctablement. Or, les solutions pour la réalisation de la décentralisation, sont possibles, quoique nécessitant des spécifiques et des dépenses, mais surtout un compréhension et un nationalisme et ce en retroussant les manches, comme l'ont accompli les pays asiatiques dans un laps de temps très court.

Gg
| 02-02-2017 12:07
Y aura t-il à nouveau des barbus dans les bureaux de vote, pour voir le vote des citoyens ou voter à leur place?

bechir
| 02-02-2017 09:40
les membres de l'ARP qui ont validé ce texte ont-ils lu les articles 18 et 19 de la constitution qui stipulent que les militaires et les sécuritaires sont tenus à la neutralité complète '''''' '''''". Comment peuvent-ils garantir ce hied temm s'ils s'impliquent dans la bataille électorale?