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Rentrée scolaire : les élèves encore pris en otage
06/09/2016 | 19:59
5 min
Rentrée scolaire : les élèves encore pris en otage

La rentrée scolaire est un évènement marquant l’année de la majorité des familles tunisiennes. Sauf que, et ce depuis quelques années, la rentrée scolaire n’est plus de tout repos. Parents et élèves restent dans l’attente des décisions des syndicats qui, par leurs mouvements de protestation et multiples menaces de grèves, prennent le contrôle du démarrage des cours.

 

Que ce soit pour l’enseignement primaire ou l’enseignement secondaire, les syndicats ont décidé, encore une fois, d’entamer l’année scolaire par une vague de protestations. Une vague qui prend plusieurs formes de « militantisme », allant des rassemblements de protestation aux menaces de grèves ouvertes, en passant par les journées de colère.

 

Dans ce cadre, la commission administrative sectorielle du syndicat général de l'enseignement secondaire a décidé de suspendre les cours à partir du 21 septembre 2016 s’il n’y a pas, d’ici là, une révision des décisions qualifiées « d’abusives » prises par le ministère de l'Education.

 

Le même syndicat réclame au département de la Jeunesse et des Sports qu’il tienne ses engagements envers les professeurs d'éducation physique.

En effet, les membres de la commission administrative sectorielle de l'enseignement secondaire, réunis aujourd’hui dimanche 4 septembre 2016, ont dénoncé l’arrêt des recrutements par le ministère de l'Education. Cette décision a causé une hausse du nombre des élèves dans une seule classe avec plus d'heures de travail pour les professeurs.

La même commission a décidé aussi de boycotter les mutations des professeurs du secondaire. Les réunions prévues pour le 14 septembre seront, par conséquent, de nature syndicale. Par la suite, des rassemblements auront lieu devant les délégations régionales de l'Enseignement.

 

D’autre part, le syndicat général de l’enseignement de base avait prévu d’organiser des rassemblements de protestation devant les délégations régionales de l’Enseignement le 1er septembre 2016. « Une journée de colère nationale » est, également, prévue le 5 septembre 2016.

 

Selon le secrétaire général adjoint du syndicat, Taher Dhaker, les protestations sont dues à la non activation de plusieurs accords par les autorités de tutelle. Et d’ajouter que le ministère n’a pas respecté l’accord signé le 5 décembre 2015, relatif principalement à la régularisation de la situation des instituteurs remplaçants sur une période s’échelonnant de 4 à 5 ans. « Si le ministère renonce à l’application de cet accord, une grève générale dans toutes les écoles de la Tunisie sera observée le 5 octobre 2016 ». Par ailleurs, il a appelé le ministère à respecter cet accord et à appliquer ses différentes clauses afin d’éviter des éventuelles tensions, notamment, à l’approche de la rentrée scolaire.

 

Réagissant à toutes ces revendications, le ministre de l’Education, Néji Jelloul, a démenti les rumeurs selon lesquelles son ministère aurait arrêté les recrutements ou qu’il n’a pas tenu ses engagements. Il a précisé, dans ce cadre, que son département a recruté 7.000 personnes (3.000 pour les écoles de formation des instituteurs, 3.000 les écoles de formation des enseignants et 1.000 pour les autres recrutements) pour cette année. Cependant, il a souligné que le mode de recrutement a changé et que dorénavant il va falloir passer par une phase d’apprentissage.

 

Concernant ses engagements avec le syndicat, il a précisé qu’ils sont conditionnés par l’ouverture de postes d’emploi et que le ministère est lié par un budget fixé par celui des Finances et par la présidence du gouvernement. «Les instituteurs remplaçants qui sont en sit-in dans les délégations de l’éducation se trompent d’adresse ! Lorsque le ministère des Finances nous donnera les fonds nécessaires pour l’ouverture de postes, on les recrutera car nous avons besoin de les recruter», a-t-il affirmé.

 

Autres révélations alarmantes faites par une source bien informée au ministère de l’Education, « 6.169 postes sont assurés par des enseignants du secondaire qui n’effectuent pas la totalité de leurs horaires de cours ». Pire encore,  « ces 6.169 enseignants du secondaire travaillent l’équivalent de 3 ou 4 heures ou ne font pas leur travail. Idem pour près de 2000 autres dans l’enseignement primaire » ! Ce sureffectif coûte à l’Etat environ 148 millions de dinars chaque année. Une somme qui pourrait être mieux dépensée lorsque l'on connait l'état des écoles et établissements éducatifs aujourd'hui en Tunisie.

 

Si tout le monde s’accorde sur le rôle important des syndicats dans l’équilibre du paysage économique, politique et social, ce rôle reste bien déterminé et les syndicats ne peuvent en aucun cas s’ingérer dans la question de recrutement qui reste du seul ressort de l’Etat. En effet, la politique de recrutement est fixée par la présidence du gouvernement et dépend du budget alloué, préalablement, par le ministère des Finances.

Tous ces conflits et tiraillements entre syndicats et autorités de tutelle ont eu un impact direct sur le citoyen tunisien, qui a perdu confiance dans les établissements scolaires de l’Etat. Ceci s’est traduit par la croissance considérable du nombre des écoles primaires privées en l’espace de cinq années. Depuis l’année scolaire 2010/2011 jusqu’à l’année scolaire 2014/2015, le nombre d’écoles primaires privées a doublé. Il est passé de 109 à 263, constituant, ainsi, une croissance de 141%.

Selon des chiffres rapportés par le PDG de l’institut de sondage Sigma Conseil, Hassan Zargouni, le nombre d’élèves du primaire dans le secteur privé est passé de 24.953 en 2010/2011 à 48.390 en 2014/2015, enregistrant une croissance de 94%.

D’ailleurs, durant 2010/2014 l’enseignement primaire privé ne représentait que 2.4% de l’ensemble des élèves, tandis qu’en 2014/2015 la part du nombre d’élèves inscrits dans le secteur privé représente 4.3%.

 

En balayant ces chiffres, il en ressort que la situation de l’enseignement étatique s’aggrave de jour en jour. La confiance d’un citoyen lambda dans les écoles publiques est totalement rompue, ainsi que celle dans l’encadrement et le contenu académique des cours.

Des mesures urgentes, radicales et fondamentales s’imposent face à cette situation alarmante, d’autant plus que l’enseignement représente l'un des acquis incontestables de la Tunisie moderne qu’il faudra préserver.

 

Sarra HLAOUI

06/09/2016 | 19:59
5 min
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Commentaires (3)

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DHEJ
| 06-09-2016 21:23
Un énergie potentielle ignorée par les ploucs alors impossible d'égaliser les VOLUMES pour comprendre les transformations!


Alors le JALOUL exporte son savoir-faire!

Anonyme
| 06-09-2016 20:58
Les syndicalistes sont , actuellement, le cancer qui "grignote" toutes les parties saines de l'état, il faut donc l'éradiquer avant qu 'une métastase envahisse toutes les structures du pays : Il serait un crime pour le gouvernement nouveau que de continuer de subir les caprices de quelques irresponsables qui frôlent la folie meurtrière de la Tunisie !

observator
| 06-09-2016 20:25
Une enseignante qui enseigne la langue française depuis une trentaine d'années dans un lycée à La Manouba a confondu lors d'un cours en classe de 1ere année (après le collège) le verbe faire et être au passé simple.
"Il fut un temps" elle disait à ses élèves qu'il s'agissait du verbe faire.
Devant la grogne de ces derniers et s'apercevant de son ignorance elle a retiré tous les devoirs concernant ce sujet.

Brabi 30 ans de carrière pour cette enseignante et vous comprenez pourquoi 250 000 diplômés chômeurs.