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Forum du futur : Point de politiques pertinentes et viables sans une vision sociétale commune !
24/02/2016 | 19:58
6 min
Forum du futur : Point de politiques pertinentes et viables sans une vision sociétale commune !

Ce n’est un secret pour personne, la Tunisie traverse une étape difficile et décisive sur les plans social et économique. Après la révolution et les espoirs qu’elle a suscités quant à une amélioration de la situation économique, le désenchantement a été d’autant plus ressenti. Le pays étant aujourd’hui face à un besoin urgent de trouver un accord sur un projet socio-économique répondant aux attentes des Tunisiens,  l’Association tunisienne des économistes, en coopération avec le Forum des études économiques, a organisé un forum national portant sur tous les grands choix économiques et sociaux, nécessaires pour asseoir un climat propice à une reprise.

 

 

Le Forum du Futur qui se tient les 24 et 25 février 2016 se déroule en la présence de plusieurs intervenants et invités de renoms. Outre Mohamed Haddar, président de l’Association, on citera, les principaux acteurs et intervenants, notamment Mustapha Kamel Nabli, Anouar Ben Khelifa, Sofiane Ghali, Habib Zitouna, et Mongi Boughzala. 

L’accent a été mis au cours de ce forum sur un nombre limité de grandes problématiques qui conditionnent la capacité de la Tunisie à réaliser un développement durable et rapide, et ce compte tenu des principaux facteurs humains, institutionnels et politiques, qui influent sur le rythme du processus de développement.

 

Se basant sur une approche participative et interactive, ainsi que sur des études préparées au préalable, il a été procédé au cours de cette rencontre à l’examen de différents axes : Quelles sont les réformes et les procédures à mettre en œuvre pour que le développement puisse répondre au mieux aux exigences et profiter à toutes les couches sociales et à toutes les régions.

Quelles politiques poursuivre pour que le développement puisse générer  des emplois convenables et répondant suffisamment aux besoins, notamment au profit des jeunes, des femmes et des régions défavorisés.

Quelles sont les réformes qu’il faut prioritairement entreprendre au niveau des institutions de l’Etat, plus particulièrement de l’administration, en vue d’améliorer le niveau de sa contribution au projet de développement, de valoriser ses prestations, de bonifier sa gouvernance et d’accroitre sa capacité à faire face à la corruption. Telles sont les questions examinées et tant d’autres, pour tenter de répondre et de trouver des solutions à la situation précaire que traverse le pays.

 

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Perspectives de croissance économique et choix fondamentaux économiques et sociaux


Pour l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, la Tunisie n’a pas réussi à percer le plafond de croissance économique de 5% sur le long terme, d’autant plus que depuis la révolution la situation s’est détériorée et le taux de croissance a été proche de zéro en 2015. La question de la croissance économique est devenue cruciale pour l’avenir du pays.

 

Mustapha Kamel Nabli explique que si nous n’arrivons pas à augmenter la productivité du travail, le taux de croissance global du PIB restera dans la marge de 2-3,5% par an. Ce taux restera en deçà de ce qui est nécessaire pour répondre aux aspirations des tunisiens, ce qui nécessite de relever le taux de croissance de la productivité du travail bien au-delà de 2% par an. Ceci montre la nécessité de donner la priorité, pendant la prochaine phase, à deux types de réformes.

 

Le premier est relatif à l’insertion de groupes sociaux qui n’ont pas été intégrés suffisamment dans le marché du travail pendant la période passée, à savoir les femmes et les jeunes. Le deuxième aspect est relatif aux réformes dans le domaine de l’éducation et de la formation pour faciliter l’insertion de ces catégories sociales et régionales dans le marché du travail et l’amélioration de la qualité de la main d’œuvre et du capital humain en vue d’une plus forte croissance. Toutes ces questions posent la question du marché du travail et des réformes nécessaires pour améliorer sa performance, y compris celle des relations de travail.

 

Par ailleurs, l’ancien gouverneur de la BCT estime que l’investissement et l’accumulation de capital constituent un premier facteur qui permet d’augmenter la productivité du travail.

« L’expérience comparée montre que le succès en termes de croissance économique exige des taux d’investissement beaucoup plus élevés, pouvant atteindre 36% ou plus. Ces mêmes expériences nous suggèrent que le secteur privé a toujours été le moteur essentiel de cet investissement, avec une part atteignant les 80% du total de l’investissement, et un taux d’investissement du privé dans le PIB atteignant 28-30%, alors que ce taux est resté dans la limite de 14-15% en Tunisie », relève-t-il.

 

Pour lui, la prochaine étape nécessite non seulement le retour du taux l’investissement au niveau d’avant la révolution (soit 24-25% du PIB) mais son accroissement de 10 points pour atteindre 35% du PIB ou plus, ce qui permettra une augmentation de la productivité du travail de 1,5 à 2 points. « Le secteur privé doit jouer le rôle essentiel dans cette augmentation, en même temps que l’investissement public qui doit aussi atteindre 8-10% du PIB », a-t-il souligné.

 

Des défis qui posent ainsi plusieurs questions de réformes, en l’occurrence concernant la délimitation du rôle du secteur privé, qui doit être essentiel dans le processus du développement du pays, mais également en ce qui se rapporte à la réforme du secteur financier et de sa capacité à financer l’investissement.

 

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Pour une économie plus inclusive et équitable en Tunisie

 

Le président de l’Association tunisienne des économistes, Mohamed Haddar relève pour sa part que l’inclusion des jeunes, des femmes et des régions ainsi que l’équité sociale et régionale supposent un système productif qui crée suffisamment de richesses et d’emplois.

Docteur Haddar a fait savoir que le système fiscal et de dépenses publiques permet aussi une correction des inégalités à travers une fiscalité juste et équitable et des transferts sociaux ciblés.

Par ailleurs, le système de protection sociale permet de protéger les citoyens de certains risques tels que le chômage, la maladie, la vieillesse, la vulnérabilité et la marginalisation, affirme-t-il.

 

Et de souligner : « En Tunisie, c'est l'absence de réformes ou leur superficialité qui a été le grand handicap aux progrès de l'inclusion et de l’équité. Il est paradoxal que les politiques et programmes n'aient subi pratiquement aucune remise en cause sérieuse depuis une longue date, alors que le contexte a évolué depuis fort longtemps ». De ce fait, M. Haddar attire l’attention que la Tunisie a gardé un système de transferts inefficient et une répartition inéquitable de la charge fiscale, expliquant qu’un certain nombre de choix fondamentaux sont à définir et qui détermineront dans quelle mesure les objectifs d’inclusion et d’équité peuvent être atteints.

 

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Le Forum du Futur dans sa première édition a réuni, de par l’importance des sujets évoqués, plusieurs dirigeants de partis, d’institutions bancaires, de députés, d’anciens ministres ou d’universitaires. Le principal message qui ressort de cette première journée est qu’en Tunisie démocratique, la stabilité du pays ne pourrait être garantie sans inclusion et sans justice sociale. D’autre part, la réalisation d’un taux de croissance acceptable est tributaire de la volonté politique de mettre sur les rails des réformes profondes et souvent, il est vrai, difficiles.

 

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 Ikhlas Latif


24/02/2016 | 19:58
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Commentaires (34)

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Tunisienne
| 28-02-2016 09:42
Non seulement les modèles économiques ne prédisent pas grand-chose, mais les économistes continuent à faire de la fuite en avant, y compris en essayant de faire dire à leurs modèles réducteurs et datés et d'y trouver (en aval) les explications des crises économiques et financières à répétition, ce qui est une insulte à la réalité ! Ils pensent que, de la sorte, ils contournent l'imposture et maintiennent leur crédibilité. Mais cet entêtement à continuer à fonctionner avec des postulats qui ne tiennent plus la route ne peut que les décrédibiliser encore, en amplifiant l'imposture !
Quant à la "rationalité du consommateur", il me semble qu'elle est aussi tronquée que les "rationalités des autres acteurs économiques", et peut-être même un peu plus ! Car si "rationalité" il y a, elle est tout autant affective, sociale, culturelle, de classe... Donc objet de toutes les subjectivités, ce qui offense le sens commun du "rationnel". Et encore plus dans les sociétés post-modernes où le consumérisme est le maître-mot, où le sacro-saint Marketing manipule à souhait le consommateur et érige le suivisme en règle et condition d'acceptabilité sociale (en continuant à décrire avec cette fausse innoncence le "comportement du consommateur" qu'il écrase à souhait avec le Marketing dans toutes ses déclinaisons), et où la consommation devient un marqueur social et même un facteur d'inclusion et d'exclusion...
Puisque le choix des mots est important, peut-être conviendrait-il de parler de "logiqueS d'action du consommateur"...
Excellent dimanche et respectueuses salutations !

Bahloul
| 26-02-2016 15:57
Soit. Ils font des mathématiques pour élaborer des modèles. Les modèles servent entre autres à faire des prédictions comme vous le dites fort judicieusement. Il se trouve que les économistes ne prédisent pas grand chose et surtout pas les crises économiques et financières à répétition ,et au moins depuis 2008 pour les plus récentes d'entr'elles. Alors ,faut- il penser que les modèles sont trop simples ou trop compliqués ou ,et de manière encore plus profonde, sont fondés sur des concepts de base erronés , lesquels concepts ou axiomes ,pour leur conserver leur filiation mathématique , sont le produit de la science économique? Que pensez-vous ,par exemple du principe( fondamental, me semble-t-il) de la sacro-sainte rationalité du consommateur? Salutations et respects.

Tunisienne
| 26-02-2016 09:22
Je suppose que c'est parce qu'ils veulent comprendre, MODELISER et PREDIRE (et corrélativement, avoir/ donner des leviers de la prise de décision économique et politique). Malheureusement, modéliser implique imparablement appauvrir et réduire pour simplifier et généraliser, ce qui finit par laisser pour compte L'EXPLICATION REALISTE ET PERTINENTE qui est censée être le coeur de tout ce processus !
Et ce n'est nullement un reproche adressé aux Mathématiques, mais à toutes les sciences qui les utilisent sans alterner/ diversifier leurs démarches de recherche de "Vérité(s)" !
Excellente journée !

Tunisienne
| 26-02-2016 09:07
Tout ce que vous dites à propos des patrons du privé est foncièrement vrai. Mais dans notre pays, ce constat est amplement contrebalancé par les réalités de la productivité du travail (ou devrais-je dire l'improductivité du travail) dans les entreprises et institutions publiques, quoique avec le même degré de perversité ! En effet, les "patrons" n'ont pas cette "liberté" de se défaire de ceux jugés les moins productifs ; la moindre remontrance est prétexte à un surplus d'improductivité; les incitations (formations, implication...) deviennent prétexte à plus d'absentéisme et à la revendication de postes supérieurs, donc dans tous les cas, à la vacance de postes. Sans oublier que le mot même d'évaluation est tabou. Le poste (comptable) des charges du personnel, déjà gonflé, devient donc encore plus gonflé lorsqu'on cherche à le maîtriser !
Quant à votre très philosophique "remettre en cause les lois de l'économie", je ne peux qu'y souscrire sans réserves ! C'est que les postulats mêmes de cette science économique ne peuvent plus tenir la route (dont -et non des moindres- ceux de l'homo 'conomicus, ces postulats devant faire l'objet de beaucoup de "plus", de "moins" et "autres attributs"...). En outre, dans un monde hyper-complexe et enchevêtré, l'entêtement à la fermeture disciplinaire n'est plus soutenable...
Je vous souhaite une très bonne journée !

Bahloul
| 26-02-2016 07:36
Bonjour. Pourquoi les économistes font-ils des mathématiques? (Je devrais dire plutôt, question méta- économique)

mourad
| 25-02-2016 21:13
je suis parfaitement sur tout. Un seul point m'intrgue en ce qui vous concerne, et ça se rapporte à ben ali. Non ben ali n'était rien, ben ali a trouvé en 87 un pays doté d'institutions et fort. Ben ali n'a pas su préserver l'unité des tunisiens, et pour preuve les facéties de 2011 et l'arrivée des islaamistes qui ont fait main basse sur tout le pays avec l'aide de pas moins de 1 million 400000 sympathisants ayant voté encore pour eux en 2014. Oui, je hais ben ali, pour la bonne raison, que moi, et durant trente ans et aprés mon retour en Tunisiee fardé de mes diplômes dont un phd ingénieur grande école et un autre diplôme en économie j'ai été purement écarté des centres de décision car je n'ai jamais accepté de figurer au RCD. Oui ben ali était ainsi et j'en suis l'exemple et la preuve vivante dans ce pays qu'est la Tunisie, et pour lequel j'ai sacrifié une carrière des plus riches en Europe pour venir y travailler et contribuer à son développement. Ben ali...un inculte qui l'est devenu encore plus aprés son mariage avec une moins que rien, leila trabelsi. Alors...De grace cher léon, dites ce que vous voulez mais ne glorifiez jamais ce "général" (grace à son beau père) de ben ali.

Kasbaoui
| 25-02-2016 20:27
Alors que nous avons un ministre de l'économie et des finances des plus dynamiques et des plus visionnaires.
Mais hormis cette non-plaisanterie, ce forum est pour rappeler à tous les tunisiens l'évidence que c'est l'Économique qui détermine le Politique.

Bahloul
| 25-02-2016 20:00
Je plaide que face à l'ampleur des problèmes économiques nous devons tenter " la philosophie du non". C'est à dire l'idée que la science économique peut proposer des idées ,des hypothèses qui recoivent de la part de l'économie ou des activités économiques qui sont censées être decrites par elles une réponse négative.Il ya des situations où l'économie dit à la science : non,vos idées ne sont pas les bonnes! Salutations

DHEJ
| 25-02-2016 19:13
Ah magnifique de dire qu'il faut remettre en cause les lois de l'économie!

Ingénieur
| 25-02-2016 19:10
C'est un forum qui mérite tout encouragement, il contribue à sensibiliser tout le monde aux défis économiques que rencontre la Tunisie. D'autre part, les tunisiens francophones ne voient généralement que les faibles expériences (Française, par exemple) et ne donnent aucune importance aux fortes expériences (Japonaise, par exemple). L'état est le seul responsable de la planification stratégique d'un pays, il doit orchestrer les trois secteurs de l'économie (agriculture, industrie, services) pour le bien du présent et du futur (court, moyen, et long).