Les enfants tunisiens regagnent les bancs des écoles ce mardi 15 septembre. Une rentrée de toutes les appréhensions pour les parents qui ont encore en tête les déboires de l’année précédente. Pour cause, un bras de fer qui n’en finissait pas entre le syndicat de l’enseignement de base et le ministère de l’Education nationale. Une rentrée qui sera également marquée par des nouveautés et de nouvelles mesures, en vue d’améliorer les conditions dans les établissements scolaires mais aussi le niveau de l’enseignement, en chute libre depuis plusieurs années.
La rentrée scolaire se déroulera-t-elle sans anicroches ? Rien n’est plus sûr, si l’on se base sur les récentes décisions prises par le syndicat qui, à l’approche de la rentrée 2015-2016, multiplie les mouvements de protestations. L’escalade est bien là et cela n’augure, pour l’instant, rien de bon.
La semaine dernière, le syndicat de l’enseignement de base a organisée une «journée nationale de la colère» à la place de la Kasbah. Les instituteurs avaient déjà annoncé l’organisation de cette protestation à l’échelle nationale après une série des journées semblables dans les régions. Au cours de la manifestation les slogans et les pancartes, appellent à faire tomber le gouvernement, s’attaquent directement au ministre, sur fond de revendications. Nos instits réclament l’application des accords conclus avec les autorités de tutelles, sous peine d’encore plus de grabuge.
Les conflits ne sont pas prêts de s’arrêter là, d’autant plus que le syndicat a annoncé une grève générale les 17 et 18 septembre, alors même que les négociations sont toujours en cours. Par ailleurs, les mouvements de protestation pourraient, selon Mastouri Gamoudi, secrétaire général du syndicat, se transformer en des sit-in ouverts dans tous les commissariats régionaux de l’éducation. Ce même Mastouri Gamoudi qui avait proféré des propos surréalistes, concernant la corrélation entre le timing des attaques terroristes et les tentatives de faire échouer les mouvements de protestation des enseignants… Tout ça pour une prime ! Lui eut répondu Néji Jalloul, martelant que le coup d’envoi du match est fixé pour le 15 septembre et qu’il sera bien joué. Voilà qui est dit !
Un Néji Jalloul qui ne nie pas pour autant la situation matérielle difficile que vivent les instituteurs tunisiens, conscient qu’aucun progrès du système éducatif n’est possible tant que leur situation ne serait pas améliorée. Il a tout de même appelé les enseignants à ne pas priver les enfants de la joie de la rentrée et de se mettre sérieusement à la table des négociations, sans cet esprit de vindicte, afin de trouver des solutions qui satisferaient toutes les parties prenantes.
Outre les revendications syndicales, cette rentrée s’annonce difficile, d’après M. Jalloul, de par les différentes réformes qui devraient être mise en œuvre cette année. Au cours d’une récente interview accordée à Business News, le ministre a évoqué l’état de stagnation qui touche son ministère et le désistement général qu’il a constaté, en prenant les rênes. Il a révélé que la volonté de mettre en application les réformes, ô combien primordiales, n’y était pas. « Notre système éducatif est en défaillance, personne ne peut le nier. Pourtant, nous avions les moyens d’y remédier, mais malheureusement, les réformes sont longtemps restées que des paroles en l’air, sans qu’il y ait cette volonté ou cette audace de les concrétiser. Ce temps-là est révolu et cela sera mon cheval de bataille ».
Parmi ces réformes, on trouvera l’instauration du port obligatoire du tablier, pour les filles et les garçons. Le ministre explique qu’il s’agit là d’un premier pas pour mettre en place une équité entre les élèves et un sentiment d’appartenance, qui sera suivi pas le port de l’uniforme dans tous les établissements scolaire. Autre priorité, le rétablissement de la discipline et le respect de l’institution scolaire et des enseignants, des notions, effectivement, en déliquescence, depuis un certain temps. En outre, le ministère aura à réétudier le calendrier scolaire et le système d’évaluation, pour qu’ils soient plus adaptés aux élèves et aux normes internationales en la matière. Réinstauration des concours de la 6ème et de la 9ème est au programme, ainsi que la diversification des filières et des activités culturelles et artistiques, avec un seul mot d’ordre instaurer l’excellence. Des écoles se verront dès cette année, suivre un système de deux séances : une matinale consacrée aux cours et celle de l’après-midi pour les activités culturelles.
Toutes ces réformes se feront bien évidemment progressivement et le coup d’envoi est pour cette rentrée. Une rentrée qui ne sera pas de tout repos, au vu des conflits avec le syndicat et l’immense chantier qu’est celui des réformes et de la restructuration du système éducatif. Les changements ne seront pas forcément facilement acceptés. Rien qu’aujourd’hui le syndicat s’est élevé contre les nouveaux emplois du temps qui comportent des heures supplémentaires pour les enseignants. Mais ce chantier est plus que nécessaire pour que les générations futures puissent accéder à une formation de qualité. Il en va de l’avenir de la Tunisie.
Ikhlas Latif
