alexametrics
mardi 07 mai 2024
Heure de Tunis : 19:34
A la Une
Nidaa Tounes et Ennahdha : L'entente cordiale
04/12/2014 | 19:59
5 min
Nidaa Tounes et Ennahdha : L'entente cordiale

Les jeux sont faits et les membres dirigeants de la nouvelle Assemblée des représentants du peuple ont été élus. Ces élections ont montré que les deux grands partis, Ennahdha et Nidaa Tounes ont trouvé un accord sur la distribution des rôles entre le président de l’assemblée et son premier vice-président. Cet accord permet à certains de tirer certaines conclusions et fera l’objet des analyses des observateurs.


Le vote pour la présidence et la vice-présidence de l’assemblée des représentants du peuple a eu lieu dans l’après-midi du 4 décembre 2014. Mohamed Ennaceur a été élu à la présidence de l’Assemblée avec 176 voix pour, en étant le seul candidat. Son premier vice-président, Abdelfattah Mourou, a été élu par 157 voix contre 33 pour sa concurrente, Mbarka Brahmi. Le poste de deuxième vice-président de l’Assemblée est revenu à l’élue de l’Union patriotique libre (UPL), Faouzia Ben Fodha Chaâr, avec 150 voix.
Un coup d’œil sur les majorités confortables avec lesquelles ont été élus Mohamed Ennaceur et Abdelfattah Mourou montre, incontestablement, qu’il ya eu un accord entre les deux grands partis de l’Assemblée. Les deux principales forces se sont entendues pour se partager les pouvoirs à l’Assemblée en vertu du sacrosaint principe du consensus. Cette entente entre les deux grands partis de l’Assemblée aura permis d’éviter un blocage qui a commencé à pointer son nez dès la séance du mardi.

En effet, il faut rappeler que la séance inaugurale de l’Assemblée des représentants du peuple avait débuté le mardi 2 décembre 2014 sous la présidence de Ali Ben Salem, doyen des députés. Selon la loi, le président de l’Assemblée doit être élu au cours de cette même séance inaugurale. Or, il n’y avait pas de consensus à ce moment là. Par conséquent, les élus ont choisi de maintenir ouverte la séance et de la retarder à aujourd’hui afin de s’accorder sur la distribution des pouvoirs. C’est désormais chose faite.

Cet arrangement entre les deux forces politiques du pays fera couler beaucoup d’encre dans les prochains jours. En effet, il est légitime de voir dans cet accord un début d’entente ente les deux ténors de la politique tunisienne en vue de la présidence de la République. Le soutien d’Ennahdha a été déterminant dans l’accès de Moncef Marzouki au deuxième tour de la présidentielle dans lequel il est en confrontation avec Béji Caïd Essebsi. Cet accord sur la présidence de l’Assemblée pourrait préparer le terrain vers un autre accord à la présidentielle. Une majorité d’observateurs ont analysé cette entente entre les deux parties comme étant la concrétisation d’un accord qui était depuis longtemps dans les tubes et dont on parlait sans jamais l’évoquer vraiment. D’aucuns ont salué le fait d’avoir accordé la vice-présidence à l’opposition dans cette Assemblée comme étant un pas important dans la construction de la démocratie tunisienne.

Ce choix implique également des conséquences au niveau de l’électorat des deux partis que sont Ennahdha et Nidaa Tounes. Pour ce qui est de l’électorat d’Ennahdha, cette entente scelle un accord avec l’adversaire d’hier qu’est Nidaa Tounes. Les doutes que pouvait avoir cet électorat sur le pacte de non agression entendu entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi lors de leur rencontre à Paris devraient être dissipés. Cependant, la question qui se pose est de savoir dans quelle mesure la répartition à l’amiable des pouvoirs va influencer le vote lors du deuxième tour de la présidentielle. Deux éventualités sont possibles : la première est que l’électorat d’Ennahdha s’inscrira en faux par rapport à son part et se radicalisera en votant massivement pour Moncef Marzouki. La deuxième consiste à émettre une consigne de vote pour être neutre lors du deuxième tour de la présidentielle, ce qui va dans la ligne officielle du parti et qui, accessoirement, renforce les chances de succès de Béji Caïd Essebsi lors du scrutin présidentiel.

Pour les électeurs de Nidaa Tounes, la pilule risque d’être plus dure à avaler. Deux types d’analyse se confrontent. La première, la voix de la raison, soutient que le pragmatisme politique impose d’accorder le poste de premier vice-président à Ennahdha si cela peut éviter une confrontation et contribuer à apaiser le pays. Selon cette même vision, cette concession sur la répartition à l’Assemblée évitera de concéder à Ennahdha des postes au gouvernement. Tout du moins, elle atténuera la teneur des concessions à faire lors de la composition de l’équipe gouvernementale. La deuxième voix dénonce la non-cohérence de la ligne politique de Nidaa Tounes voire même un début de trahison. On se remémore dans ce cadre le slogan du « vote utile » utilisé à l’envi par les cadres de Nidaa Tounes durant la campagne pour les élections législatives, qui suggérait qu’il fallait voter en faveur de Nidaa Tounes afin de sortir Ennahdha du pouvoir. Il est compréhensible que les électeurs ayant suivi ce slogan se sentent aujourd’hui floués puisque Nidaa Tounes a contribué à remettre Ennahdha au pouvoir d’une certaine manière.
En effet, le pragmatisme politique de Nidaa Tounes risque de lui jouer de mauvais tours dans l’attente du deuxième tour de la présidentielle. Même s’il était évident depuis l’annonce des résultats des législatives qu’une certaine collaboration devrait se mettre en place Ennahdha et Nidaa Tounes, certains électeurs risquent de s’y perdre. Ils ne s’attendaient pas à une collaboration aussi affichée et aussi ouverte entre les deux partis malgré la guerre électorale qu’ils s’étaient livrés lors des législatives.

Les tractations politiques ont permis d’arriver à un certain consensus autour de la répartition des postes à l’Assemblée nationale. Toutefois, ces mêmes tractations peuvent avoir une influence décisive lors des élections du deuxième tour de la présidentielle. Le pragmatisme politique doit faire face au respect des promesses et de la cohérence politique. Le parti Nidaa Tounes devra jouer sur cette fine nuance et essayer de maintenir la cohésion de son électorat au vu de la prochaine présidentielle. Le défi est de taille.

Marouen Achouri

04/12/2014 | 19:59
5 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires (36) Commenter
@ Mohamed 2 |04-12-2014 23:47
Kairouan
| 06-12-2014 10:17
@Mohamed 2

Si l'on suit votre raisnnement, alors il faudrait annoncer - aussi courageusement - que BCE est le candidat officiel de Nidaa et d'Ennahdha reunis, au second tour des presidentielles.
Mais, Il y en a qui peuvent lui dire (a BCE), "Mabrouk Aliik Leh7san!"; nous qui vous avons porte au premier tour, nous pouvons nous retirer (s'abstenir) puisque vous choisissez une nouvelle monture maintenant!
En politque, mon cher ami, "Real" ou cynique, il ne faut jamais ignorer les reactions psychologiques des gens, dans un sens comme dans un autre!
Mais, ne vous inquietez pas, on patientra ce qu'il faut, pour voir si BCE est un inventeur inspire, comme Bourguiba, ou un cynique manoeuvrier florentin!

Amities

@kameleon78
kimdee
| 06-12-2014 01:59
scénario 2: BCE fait pompeusement des déclarations anti Ennahdha maintenant: il perdra des gens qui votent pour lui et le résultat est que c'est tartour qui gagne. ne soyez pas si sûr du succes car pleins de gens sont trops indifférents pour aller voter. BCE est filou dans les 2 sens.
nous verrons...
La politique a ses raisons que la raison ignore
Tounsi 2014
| 05-12-2014 19:43
La Tunisie ne peut se permettre le luxe de rester en guerre contre elle-même. Les priorités sociales, économiques et sécuritaires doivent passer avant tout autre considération. Nous avons perdu assez de temps, assez d'argent et beaucoup de martyrs pour aboutir à un consensus national qui, je l'espère, sortiront le pays du labyrinthe de la faillite. Qu'on le veuille ou pas, des centaines de milliers de tunisiens ont voté pour le parti « islamique ! ». Nous savons que ces « religieux » sont devenus, par la force des choses, incontournables dans la vie politique de la Tunisie. Nous savons, également, que certains « bons musulmans » qui siègent, actuellement, au parlement sont impliqués dans des affaires criminelles et des magouilles financières qui sont, entre autres, à la base de la catastrophe économique du pays. Une catégorie de nos compatriotes continue, naïvement, à leur faire confiance. Seul le temps pourra, peut être, leur ouvrir les yeux pour saisir la moralité méprisable de ces charlatans sans foi ni loi.
Il me semble que l'équation mathématique actuelle du pays est si complexe qu'aucun parti, majoritaire ou pas, n'est capable de résoudre, seul, cet alambiqué problème. Les alliances déguisées en compromis sont bâtardes, mais, malheureusement, inéluctables.
La durée de cette lune de miel peut durer aussi longtemps que possible à la seule condition que les intéressés gardent, à l'esprit, que l'intérêt du pays doit passer avant tout autre calcul machiavélique dont Enahdha a le secret. Si cette cohabitation quinquennale réussissait et si BCE arrivait à mettre fin au cirque de Carthage, la Tunisie, renouerait, tôt ou tard, avec la prospérité et le bien-être social. Dans le cas contraire, la Tunisie serait condamnée à une mort lente mais certaine. L'Histoire ne pardonne jamais les erreurs et les égarements provoqués par l'homme. Une fois que la chance tourne le dos au destin, elle ne repassera, peut être, qu'après les drames humains de plusieurs générations.
À bon entendeur...
incroyable vraiment
les spécialistes
| 05-12-2014 19:41
@Marouan
Décidément plutôt de démontrer les points positifs de cette stratégie pour une éventuelle stabilité du pays et bien non voilà encore un analyste politique type AFP .***
si vous regardez un peu autour de vous pendant ces 36 mois c était grave mais on doit regarder devant
L'intérêt général du pays avant tout.
Tarek
| 05-12-2014 18:36
Il faut qu'ils travaillent ensembles, ils n'ont pas le choix si on veut que la situation s'améliore au pays et éviter un vote massif au profit d'Ennadha la prochaine fois.
Soyons réaliste et laissons les politiciens travailler et soyons pragmatique et surtout intelligent.
@Hatem Chaieb yout a fait d'accord
lotfi
| 05-12-2014 17:05
C'est ce que je pense également. Pour le bien de notre pays. Et nida est gagnant en fin de compte et le danger N° 1 le tartour Du pays est out. Pourvu que les tunisiens le comprennent.
La conspiration contre notre pays est presque démantelée.
"Embrasse la main...
helara13
| 05-12-2014 16:47
... que tu ne peux couper" !
Pour l'instant, le scenario se déroule conformément à ce que nous prévoyons à travers le double jeu de Ennahda : soutenir Marzougui au premier tour pour pouvoir négocier avec Nida au second.Il s'agit là d'un jeu similaire à "la roulette russe". BCE avait le choix entre deux scénarios : chercher une alliance hors Ennahda pour emporter les présidentielles et gouverner ou bien privilégier un consensus plus large et favoriser "la concordance". L'histoire nous dira se sa stratégie est payante. En tout cas, je crois qu'il ne pouvait risquer une nouvelle crise et une élection tronquée au risque de fragiliser sa légitimité. Pourtant, je crois qu'il avait des chances réelles d'acculer et Ennahda et la "punir" pour son double jeu. Avec la coalition qui se forme autour de Nida, il pouvait lâcher Ennahda, au regard de son comportement lors du 1er tour, qui sortirait défaite avec le fardeau du provisoire du hasard et donc lourdement affaiblie...Disons que la raison la emporté et que probablement l'histoire retiendra que BCE a sauvé Ennahda du naufrage.
@Bourguibiste nationaliste |05-12-2014 14:13
salahtataouine
| 05-12-2014 16:27
EN ATTOUGUA des temps modernes !!!
Tu sais l ami dans ce grand super marché.....les rayons ne sont pas fournis comme on veut bien le dire ..mais on a simplement entassé des produits generiques soldés pour faire "faire" d autres courses aux consommateurs "perdus" entre les rayons !!

Ma reaction à moi etait d envoyer une video des "tabbalas" .....
Je ne veux pas rentrer dans les "details" mais je vais juste te raconter "une danse sous la pluie" dans le quartier latin jusqu au petit matin...c etait au lendemain d une "victoire" un certain 10 mai 1981 !!
La grippe m avait cloué au lit ....et depuis j etais vacciné contre le "retournement de veste"...ayant preferé la devise ....de rester sur mes gardes pour ne pas etre surpris au reveil ..
Je vois venir les choses ..
OUI IL FAUT CHASSER LE TARTOUR ..mais je ne suis pret à regler "toute note" (ou n imorte quelle facture )


Ps

Atoougua ou sadok sassi etait un grand gerdien du CA et de l equipe nationale ...il savait arreter les ballons pour "garder" sa cage ..peu importe le tireur ( j ai encore en memoire tunisie bresil ....à elmenzah 1-4 ....et un grand attougua face à un autre grand bresilien revelino ( je crois que le second n est plus de ce monde ..paix à son ame .....vivant ou dans l au delà)
injustice et hypocgrisie
Tounis
| 05-12-2014 15:26
c'est beau tout ca
mais ou ou etait toute cette clémence au temps d'ettakattol pourquoi l'avoir accuse de trtaitrise alors
@Citoyen_H |05-12-2014 14:05
Bourguibiste nationaliste
| 05-12-2014 14:13
Nous en reparlerons "mon ami".
Après demain, il fera sombre