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La Turquie reconquiert le cœur des Tunisiens!
05/06/2012 | 1
min
La Turquie reconquiert le cœur des Tunisiens!
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Une annonce surprise vient de surgir de nulle part, celle de la décision d’intégrer la langue turque dans notre système éducatif ; une annonce faite par le ministre de l’Education nationale dimanche 3 juin 2012 et qui depuis, a suscité plusieurs interrogations. Pourquoi cet intérêt soudain à la langue et, par conséquent, la culture turque?
Et quelles sont les motivations sociopolitiques d’une telle décision? A-t-on succombé au charme des feuilletons turcs et à la beauté de ses acteurs et actrices? Ou bien serait-ce une volonté politique de la Turquie ou de la Tunisie? Et enfin, pourquoi le choix de ce timing précis de l’annonce, au moment où les élèves et les parents sont concentrés sur les examens et les résultats scolaires?


Abdellatif Abid, ministre de l’Education nationale vient donc d’annoncer la nouvelle du démarrage des cours de la langue turque dans nos lycées, à partir de la prochaine rentrée scolaire. Accordant une interview à Shems Fm, le ministre a précisé qu’il ne s’agit pas d’un choix personnel mais plutôt d’une ligne directrice de l’Etat.
Il a rappelé que d’ores et déjà plusieurs langues sont enseignées dans nos lycées dès la deuxième année secondaire, à savoir, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le russe et le chinois. «Alors, pourquoi pas la langue turque également, surtout que la Turquie représente désormais une force grandissante et nos deux pays entretiennent des relations bilatérales développées et promettent de la devenir davantage», a-t-il expliqué.

M. Abid a également précisé que le projet de l’apprentissage de la langue turque a commencé dès la visite d’Etat du président turc Abdullah Gül en Tunisie au début du mois de mars 2012. L’idée est donc de créer une collaboration linguistique et académique, avec la possibilité aux étudiants tunisiens de poursuivre leurs études supérieures dans les universités turques. Le ministre tunisien de l’Education a ajouté que ces cours commenceront, dans une phase expérimentale, à Tunis, Nabeul et Bizerte uniquement. Ensuite, les cours seront propagés dans le reste du pays progressivement. Ces cours seront assurés par des «native speakers», donc évidemment des enseignants de nationalité turque.
Evoquant les charges que pourraient engendrer l’instauration de cette nouvelle langue dans notre système éducatif, M. Abid s’est montré évasif en affirmant que la question matérielle (qu’il a qualifiée de «détail») n’a pas encore été discutée avec l’Etat turc, et que le nombre d’enseignants au départ ne dépassera pas 4 à 6 enseignants. Quant au timing, il coïncide bien avec des démarches diplomatiques des plus dynamiques.

Contactant l’ambassade turque à Tunis, concernant la réaction officielle et les éventuelles mesures prévues pour collaborer dans la réalisation de cette décision, la conseillère de l’ambassadeur a confirmé à Business News que la décision d’intégrer la langue turque émane à la base d’une proposition faite par le président turc lors de sa visite et que l’approbation de cette proposition a évidemment beaucoup réjoui les autorités turques. En outre, elle a précisé que les Turcs comptent bien venir en aide à la Tunisie en matière de recrutement d’un nombre suffisant d’enseignants turcs dans notre pays et œuvreront à fournir les livres scolaires adéquats.
Elle a rappelé que, concernant l’enseignement supérieur, deux enseignants ont déjà été affectés en Tunisie, un à l’université de Tunis et l’autre à celle de La Manouba, en attendant de renforcer l’équipe selon les besoins académiques, selon ses dires.

Par ailleurs, la Turquie s’est montrée assez coopérative en matière d’éducation et de culture avec l’instauration depuis le début de cette année scolaire d’une école privée de langue turque dans la capitale, ouverte au grand public, avec une équipe d’enseignants turcs.

En outre, l’Etat turc organise annuellement à l’échelle internationale, «l’Olympiade» de la langue turque qui consiste à enseigner leur langue à des jeunes adolescents dans 135 pays des quatre coins du monde. Les candidats sélectionnés prennent part à l’événement qui se tient en mi-juin à Istanbul, avec de la poésie et du chant en turc ; un événement cosmopolite qui réunit des enfants de toutes nationalités, toutes races, toutes religions, tous continents, et dont la vedette principale est bien la langue turque. Il est à noter que cet événement culturel est totalement pris en charge par les ambassades turques dans les pays participants.

Cette année, et pour la 10ème édition de l’Olympiade turque, la Tunisie participe pour la première fois. Une douzaine d’adolescents entre 13 et 16 ans ont donc eu droit à des cours intensifs et gratuits de langue turque, à raison de 8 heures par semaine pendant 5 mois. Ensuite cinq parmi eux ont été sélectionnés pour partir à Istanbul et participer à l’Olympiade du 14 au 30 juin courant.

Sur les plans purement politique et économique, les relations tuniso-turques prospèrent plus que jamais. Outre la visite du chef de l’Etat turc Abdullah Gül, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait effectué en septembre 2011 une visite officielle à notre pays. Notons également que Zafer Caglayan, ministre de l’économie turc, avait également accompli une visite en Tunisie dans le cadre du forum d’investissement et de commerce tuniso-turc organisé le 23 janvier 2012 à Gammarth.

Du côté tunisien, les visites officielles des membres du gouvernement se sont multipliées également. En effet, le ministre de l’Intérieur Ali Laârayedh avait effectué du 24 au 27 avril 2012 une «visite d’amitié et de travail», le ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem s’est déplacé en Turquie en janvier et en avril 2012, sans oublier bien entendu, l’actuelle visite du chef du gouvernement Hamadi Jebali à Istanbul du 4 au 7 juin, une visite qui rentre dans le cadre de sa participation aux travaux du forum économique mondial.

Des visites multiples qui intensifient la collaboration économique, politique mais également civilisationnelle et culturelle, une vraie volonté des deux parties concernées à se rapprocher sur tous les plans, et des intérêts à moyen et long termes à réaliser, principalement économiques du côté tunisien et essentiellement civilisationnels du côté turc.

Dorra Megdiche Meziou
05/06/2012 | 1
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