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Comment restructurer les banques tunisiennes
05/10/2010 |
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Comment restructurer les banques tunisiennes
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L’implantation du cabinet « Ineum Consulting », en Tunisie a été une occasion propice, pour Mohamed Rekik, directeur des banques et des dépôts à la Banque centrale de Tunisie (BCT), pour redorer le blason du paysage de la restructuration bancaire. Un secteur assailli de partout par les critiques, que ce soit des experts et analystes ou encore des simples citoyens bancarisés. Mohamed Rekik présente une contre analyse, voire une contre-lecture, ainsi que des pistes de réflexions sur la question.

La restructuration bancaire, engagée par la Tunisie il y a quelques années, s’est fondée sur des choix répondant toujours aux orientations stratégiques arrêtées pour l’économie nationale. A ce titre, Mohamed Rekik, directeur des banques et des dépôts à la Banque centrale de Tunisie (BCT), indique que la création d’un compartiment off-shore en 1976 pour répondre aux besoins des entreprises non résidentes dans le cadre de l’ouverture progressive de l’économie sur l’extérieur, en témoigne largement. Mais encore, on n’omettra pas la création des banques mixtes tuniso-arabes pour stimuler l’investissement dans le cadre de la diversification du tissu économique à travers la consolidation du secteur industriel et le développement du secteur touristique.
A cela l’orateur rappelle la rationalisation de l’intervention de l’Etat, via la fusion-absorption par la STB de la BDET et la BNDT et la privatisation de 3 banques publiques (UIB, BS et BTK), avec en prime l’élargissement et la diversification de l’offre financière pour répondre à des besoins spécifiques tels que le financement de leasing et la micro-finance.

D’un autre côté, les atouts dont dispose le système bancaire tunisien sont nombreux. Il s’agit d’abord, d’un système diversifié, aussi bien par le nombre des institutions, et les domaines de ses interventions que de la clientèle cible.
Ensuite, c’est un système équilibré, tels que le montrent la structure d’actionnariat partagée entre l’Etat (26,5%), les actionnaires privés tunisiens (39,1%) et les actionnaires étrangers (34,4%) et aussi le nombre des institutions, selon la nature du capital (5 banques publiques, 5 privées, 5 à capitaux mixtes et 6 à capitaux à majorité étrangère).

Et, enfin, c’est un système fortement ancré sur le marché local en tant que base arrière sur laquelle il peut s’appuyer pour accéder au marché extérieur avec notamment, souligne Mohamed Rekik, un total actif qui représente presque une fois le PIB ; des crédits qui sont totalement couverts par les dépôts ; et une forte bancarisation de l’économie comparée aux pays similaires (soit un taux de bancarisation d’une agence pour 8400 habitants et un compte bancaire pour deux habitants).
Néanmoins, le directeur des banques et des dépôts à la Banque centrale de Tunisie (BCT), reconnaît que c’est un secteur fortement atomisé, avec 4 grandes banques gérant 51 % des actifs du secteur et détenant chacune une part d’actifs dépassant 10% ; 5 banques moyennes accaparant ensemble 34% du total actif du secteur ; 11 petites banques partageant les 15% restants du total actif ».
On se demanderait alors, et c’est légitime, quelles sont les chances de la restructuration du secteur bancaire tunisien, d’autant plus que c’est un secteur appelé à relever un certain nombre de défis, et de concrétiser des objectifs ambitieux, du programme présidentiel, « La Tunisie, un pôle de services bancaires et une place financière régionale». Le secteur bancaire en est même de l’avis de plusieurs, l’axe stratégique de cet objectif précis.

« La nouvelle configuration du paysage bancaire tend à réaliser trois objectifs stratégiques. Il s’agit, d’abord, d’une contribution efficace du secteur bancaire dans la réalisation des objectifs macro-économiques surtout en matière d’impulsion de l’investissement et d’emploi à travers un secteur bancaire public mieux structuré, efficace et compétitif. Ensuite, d’un accroissement de l’efficience et de la compétitivité du secteur bancaire en encourageant les opérations de rapprochement et de regroupement. Et enfin, d’une extension de l’activité bancaire pour atteindre les pays du Maghreb et de l’UMAO (Union Monétaire des pays de l’Afrique de l’Ouest) en s’appuyant sur des expertises évidentes », a déclaré Mohamed Rekik.

Partant, ajoute l’orateur, les axes arrêtés concernent, notamment, l’orientation vers une fusion entre la STB et la BH. Elle vise, la réalisation des économies d’échelle et un financement plus approprié des secteurs stratégiques ; la création d’un pôle spécialisé dans le financement des petites et moyennes entreprises, sous la forme d’un holding qui regroupe la BFPME, la SOTUGAR et les SICAR régionales, pour harmoniser l’intervention de ces différentes structures et de faciliter davantage l’accès au financement. Objectif ultime : renforcer l’efficacité du dispositif de création, de développement, d’innovation et de transmission des PME et ce, en offrant à la fois des services de financement, de garantie et de conseils aux promoteurs. Quant à la création de « Tunisian Foreign Bank», après la restructuration de l’« Union Tunisienne des Banques », elle tend à consolider la présence, en France et en Europe, de cette banque tunisienne, notamment à travers les services financiers offerts aux Tunisiens résidents à l’étranger.

Mohamed Rekik a, par ailleurs, précisé que l’objectif présidentiel sera concrétisé, via la création d’un pôle bancaire tuniso-libyen, à partir des banques tuniso-libyennes (ALUBAF-NAIB-BTL)
et l’implantation d’une structure filiale de ce pôle en Libye ; l’encouragement de toute initiative d’exportation de l’expertise tunisienne surtout en matière de financement de l’habitat et du leasing sur la région du Maghreb et de l’Afrique et, pourquoi pas après, sur d’autres marchés. Toutes ces initiatives et ces actions à engager, ou en cours de réalisation, tendent à faire de Tunis une place financière internationale, d’autant plus que la Tunisie a promulgué un Code de prestation des services financiers aux non résidents.

Maintenant, toute la question est de réussir la restructuration du système bancaire, afin qu’elle soit utile. Mais, quelles sont les marges de manœuvre, dans ce sens ? Pour Mohamed Rekik, il est évident que toute initiative de restructuration bancaire ne doit pas éloigner le système de sa mission essentielle : le financement de l’économie et la contribution à la réalisation des objectifs macro-économiques. Car, il est essentiel, a-t-il ajouté, que le renforcement des capacités financières des banques soit complété par une consolidation des capacités organisationnelles et institutionnelles pour une meilleure maîtrise du risque ».
Mais encore, il est nécessaire de rester fidèle à notre tradition dans l’adoption des meilleures pratiques et standards internationaux en matière de régulation financière.

Ceci étant, la Tunisie est résolument engagée dans la poursuite de la réforme et de la restructuration du système bancaire. Pour les besoins de concrétisation des objectifs ambitieux, du programme présidentiel, plusieurs chantiers sont déjà en cours, dont la décision de l’Etat d’envisager une fusion entre deux grandes banques publiques, afin d’en faire un géant bancaire certes. Mais, c’est aussi un signal fort lancé aux banques privées, afin qu’elles réagissent et pourquoi pas faire autant, en se consolidant pour mieux faire face à la concurrence internationale, et acquérir une place, hors des frontières nationales ?

05/10/2010 |
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