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Scepticisme dâEUR(TM)un côté, optimisme de lâEUR(TM)autre
10/03/2008 | 1
min
Scepticisme dâEUR(TM)un côté, optimisme de lâEUR(TM)autre
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La Tunisie se prépare pour les cinq prochaines années à de très gros chantiers pour la construction de nouvelles villes dans le Grand Tunis, le Nord et le Sud en passant par le Sahel. Derrière ces grands projets, figurent des investisseurs européens, mais surtout, fait nouveau, des investisseurs arabes. Assurément, tous ces grands projets vont créer de l’emploi et de la valeur ajoutée. Seulement voilà, quels types d’emploi ces projets vont-ils créer ? Quelle est leur durée et qui sont les visés ? Le sujet a fait le débat de l’émission « Bi Koll Oudhouh » de Khaled Boumiza vendredi dernier sur Tunis 7. Émission durant laquelle on a donné la parole aux demandeurs d’emploi, aux représentants de l’Etat.

Face au scepticisme et appréhensions du lendemain chez les jeunes à la recherche d’emploi, l’émission Bi Koll Oudhouh de Tunis 7 le vendredi 7 mars, a eu le mérite de mettre les points sur les i : les méga projets que va voir la Tunisie dans les prochaines années vont créer de la valeur ajoutée et de l’emploi. Beaucoup d’emplois et de qualité avec une priorité donnée aux Tunisiens.
Ces jeunes pour la plupart diplômés sont aujourd’hui partagés entre le plaisir et la fierté de voir la Tunisie sur la voie des magnificences du haut standing d’une ville moderne avec un rayonnement économique au niveau méditerranéen et continental, et la peur de ne pas vraiment être de la partie.
A voir les jeunes interviewés de l’émission, en micro-trottoir, on a l’impression qu’il y a une absence de confiance en soi dû essentiellement au manque d’expérience. C’est que ces méga projets exigent inévitablement un grand savoir-faire que ces jeunes estiment ne pas avoir. Ceux qui ont de l’expérience, pour leur part, estiment ne pas avoir celle du gigantisme de luxe et des constructions de tours de 80 étages et plus. Les approches sont réellement différentes même pour les industriels qui auront à garantir la qualité tout en multipliant leurs productions par 100, voire par 1000 afin de répondre aux besoins de ces projets.
Est-ce une sensation pré-symptomatique normale avant ce passage (brutal) à la vitesse supérieure ? Ou est-ce une réelle peur du lendemain ?
Du micro-trottoir de l’émission, on dégage les quelques questions suivantes :
• « Quel genre d’emplois vont nous apporter ces grands projets ? »
• « Quelle est la durée de ces emplois et quand débuteront-ils ? »
• « Est-ce qu’il y aura des formations spécifiques au préalable ? »
• « Est-ce que les Tunisiens auront droit à des postes valorisants ? »

Face à toutes ces interrogations, montrant beaucoup de scepticisme, l’émission et ses invités (hommes d’affaires et représentants de l’Etat) a apporté un lot de réponses qui ont la particularité d’être bien optimistes.
Selon Bassem Loukil, patron du Groupe Loukil, « ces grands projets sont une excellente opportunité qui va nous faire bénéficier d’expériences d’une autre dimension et nous permettre par la suite de conquérir des marchés maghrébins et africains. Ce que nous avons à faire de suite, c’est d’aller au-devant des promoteurs de ces grands projets, nous faire connaître et mettre notre potentiel en valeur. »
Du côté de l’administration, on parle de la stratégie mise en place depuis plusieurs mois déjà. On remarquera donc clairement le gap dû essentiellement au manque de communication et d’explication sur ces projets. On a très bien communiqué lors de l’annonce de chacun de ces projets puis beaucoup moins, voire pas du tout, par la suite.
On table ainsi sur la création d’un bon million d’emplois dans les dix années à venir.
Les seuls méga projets créeront quelque 500.000 emplois supplémentaires directs et indirects. Pour les seuls projets de Boukhater, Sama Dubaï et Gulf Financing House, on estime la création de 7.500 dans la phase de lancement et 48.000 en période de pointe. Boukhater a déjà lancé sa campagne d’ailleurs, comme nous le rapportions dans un récent article.
Pour faire face à la demande, le ministère de l’Emploi lance un programme de formation spécifique pour constituer un pool de gens très compétents sur des métiers pointus répondant à la demande de ces promoteurs. La formation axera sur tous (absolument tous) les métiers et répondra aux exigences draconiennes des cahiers des charges de ces grands projets. Idem du côté du ministère de l’Education et de la Formation.
Autre élément à noter et déjà négocié avec les promoteurs eux-mêmes avant même l’annonce de ces grands projets : les emplois à créer bénéficieront essentiellement et avant tout aux Tunisiens, note M. Slim Tlatli, président de la Haute commission des grands projets. On soulignera également lors de l’émission, le souci présidentiel personnel pour que la priorité soit donnée aux Tunisiens.
Enfin, on ne manquera pas de rappeler que si ces investisseurs sont là, c’est que la Tunisie a un gros potentiel, a une infrastructure, des compétences et des perspectives très prometteuses. Ces gros investisseurs ne jettent pas leur argent par la fenêtre et savent où investir (ce ne sont pas les pays et les opportunités qui manquent). Le choix de la Tunisie ne s’est pas fait arbitrairement et a été l’objet d’études très approfondies. En clair, ces investisseurs font déjà confiance en nos jeunes et en notre pays.
M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement économique et de la Coopération internationale affirme, pour sa part, que l’Etat n’a épargné aucun effort pour préserver les intérêts tunisiens lors l’établissement des accords de partenariats qui mentionnent noir sur blanc que la priorité sera donnée à l’entreprise tunisienne et au travailleur tunisien même à potentiel équivalent.
Comme la Tunisie va devenir une plateforme économique et financière de haut niveau ainsi qu’un centre de santé et touristique sur les plans régional, arabe et mondial, les besoins de mains d’œuvre, de techniciens supérieurs et de cadres ne concerneront pas seulement la maçonnerie, la restauration et l’électricité mais aussi les télécommunications, les médicaments, la santé ainsi que l’ensemble des fonctions en rapport avec la finance et le tourisme.
Autre point relevé lors de l’émission : l’entreprise tunisienne et sa part de ces gros marchés. A ce titre, il s’avère que tout le monde n’est pas prêt et le scepticisme est encore de mise concernant la concurrence des nôtres face à leurs homologues européens et américains lors des appels d’offres. La réponse se résume en un point : « regroupez-vous ! » C’est que le chiffre d’affaires global additionné de toutes nos entreprises réunies est inférieur à un seul des marchés à venir. Il faut donc se préparer pour affronter les Vinci et Bouygues pour ne citer que ces deux là ?
L’animateur a interrogé le représentant de l’UTICA, M. Ali Slama, pourquoi n’y a-t-il pas eu de réunion sur le sujet avec les entreprises BTP locales pour les sensibiliser. M. Slama a démenti sans convaincre.
Avec l’aide de l’Etat ou pas, l’entreprise tunisienne devrait faire incessamment d’immenses efforts pour se mettre à niveau.
En résumé, l’optimisme est bien permis en ce qui concerne l’emploi, mais on peut encore gagner nettement davantage si toutes les parties qui seront concernées s’y mettent. Ce serait bien qu’un jeune Tunisien travaille pour ces grands projets, mais ce serait mieux qu’il le fasse pour le compte d’une entreprise tunisienne plutôt que pour celui d’un mastodonte international.
10/03/2008 | 1
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