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Circuit informel, prostitution et clandestinité menacent la profession
06/03/2008 | 1
min
Circuit informel, prostitution et clandestinité menacent la profession
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Depuis quelques temps, plusieurs centres d’esthétique et salles de sport offrent, dans la panoplie de leurs services, des massages réparateurs et de bien être. Fortement appréciés par la clientèle, ces services ont réussi un joli succès en très peu de temps au vu de leurs publicités dans les journaux. Outre les espaces, plus ou moins de grande renommée, beaucoup de particuliers s’y sont mis et ont lancé leur propre commerce, souvent dans un appartement et en toute illégalité, prétendant être des kinésithérapeutes diplômés et offrant leurs services de remise en forme par des massages. Il n’y aurait cependant pas que des massages à offrir dans ces « centres de remise en offre » …

Les Kinésithérapeutes tirent à boulets rouges sur les centres de massage. Il y a de quoi s’intriguer pour ceux qui pensent que les deux activités n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Il s’avèrerait pourtant que si au regard des déclarations de la CSNPR (Chambre Syndicale Nationale des Physiothérapeutes Rééducateurs). C’est que, aujourd’hui, en Tunisie et comme nous l’inspire notre dicton populaire, « frotte toi les cheveux et deviens masseur ! » Une activité réglementée que ne doivent assurer en théorie que des kinés diplômés.
Il se trouve que les vrais kinés sont de plus en plus concurrencés par des centres de massage. La majorité de ces s seraient dans l’illégalité absolue et offriraient à leurs clients des compléments de services particulièrement douteux « frôlant » la prostitution, selon plusieurs témoignages. Des tarifs, de l’ordre de 20, 30 et 50 dinars le massage, sont affichés sans vergogne au grand dam de la corporation des kinésithérapeutes.
Afin de dénoncer ces pratiques illégales et cette concurrence déloyale, la CSNPR a organisé mardi 4 mars une conférence de presse. Officiellement pour présenter la nouvelle convention signée entre la Chambre et la CNAM, permettant désormais de prendre en charge les soins de kinésithérapie.
Mais, le problème majeur évoqué par Yassine Maâzoun, président de la Chambre et vice-président de la Fédération Nationale de la Santé, durant la conférence est cette question de circuit parallèle qui impose ses lois et entrave actuellement l’exercice de l’activité des kinésithérapeutes professionnels et diplômés en la matière.

Une prolifération des Centres de massage douteux

En effet, à tous les coins de rue, en particulier les cités huppées de la capitale, nombreuses sont les masseuses clandestines qui ouvrent les portes de leurs appartements pour une clientèle qui cherche à joindre l’utile à l’agréable. Un massage et plus s’il y a des sonnantes et trébuchantes.
La croissance vertigineuse de cette activité n’est pas sans porter préjudice à l’image et à la réputation du secteur qui est de plus en plus associé à ces pratiques douteuses qui se déroulent dans l’opacité totale, selon la Chambre.
A vrai dire, ces masseuses n’hésitent pas à publier leurs offres dans les colonnes des journaux en mentionnant le numéro de téléphone. Il suffit d’appeler pour décrocher le plus facilement possible un rendez-vous.
Ce qui complique actuellement la mission des physiothérapeutes, c’est qu’ils s’estiment être dans le collimateur du consommateur qui, souvent, ne fait aucune différence entre leurs services et ceux du circuit parallèle des masseuses.
D’autant plus que les séances de massage qui tournent au drame aussi bien à cause d’éventuelles erreurs professionnelles ou en raison des interventions des forces de l’ordre, font de plus en plus peur à nos concitoyens qui préfèrent zapper totalement cette histoire de kinésithérapie.

Les centres de beauté et d’esthétique impliqués

Le Président de la Chambre Syndicale ajoute dans ce même sens que les centres de beauté et d’esthétique ainsi que les salles de sport qui se sont également investis dans les massages, bien avant la prolifération de ces centres clandestins, élisent domicile généralement dans des immeubles. Or, le cahier des charges régissant les salles de sport, interdit formellement la pratique du massage dans ces espaces non adaptés. Pour contourner cette loi et convaincre leur clientèle, certaines salles de sport recrutent des kinésithérapeutes afin d’assurer la prise en charge des massages.
Les centres d’esthétiques n’en demeurent pas moins impliqués dans cette illégalité. « Car, le massage est l’une des spécialités du kinésithérapeute. D’ailleurs, il s’agit d’un massage médical qui ne doit pas être effectué par n’importe qui. Pour preuve que les choses dans ces endroits douteux risquent de prendre des tournures dramatiques, j’ai eu affaire récemment à une patiente qui souffrait d’un lipome à cause d’un massage défectueux », explique un spécialiste présent à la conférence.
Dans ce même ordre d’idées, le président de la Chambre met le doigt sur un autre niveau de cette problématique de concurrence déloyale. Il s’avère en effet que la « prostitution déguisée » qui sévit à travers le massage, n’est que la goutte qui a fait déborder le vase. Il se trouve à cet effet, que les professionnels de la kinésithérapie sont en train de faire valoir leur droit en tant que diplômés du secteur afin d’être considérés et reconnus comme les professionnels de cette spécialité qu’est le massage.
Oubliant qu’ils ne sont habilités à effectuer cette tâche que dans des endroits agréés et sous la tutelle du ministère de la Santé publique, ces diplômés sont eux aussi impliqués dans la dépréciation de la profession. D’après Yassine Maâzoun, la kinésithérapie ne se résume pas au stade du praticien, le lieu est aussi important. Il faut que ces deux conditions soient remplies pour que l’activité réponde aux normes de qualité requises.

Les Kinés sont-ils tous blancs ?

Précisons dans la foulée que les cabinets des kinésithérapeutes sont également dans des immeubles, sous forme d’appartements, et que certains d’entre eux n’échappent pas non plus à des pratiques douteuses, ce qui a pour conséquence de déprécier encore davantage leur profession.
Un autre détail a été soulevé par le syndicat. Selon la réglementation en vigueur, seuls les kinés exerçant dans un cabinet privé, c’est-à-dire les kinés de libre pratique, sont habilités à exercer à domicile. A défaut du cabinet, le spécialiste n’a pas le droit de se rendre au domicile du patient (ce que bon nombre de patients ignorent) car généralement, un kiné, ne peut disposer des équipements et du matériel nécessaires en dehors d’un cabinet.
A ce sujet, la libre pratique est soumise à un cahier des charges, qui exige un arsenal thérapeutique de la part du professionnel. L’investissement dans un cabinet coûte aujourd’hui dans les 90.000 dinars, tandis que le prix de la séance de physiothérapie se situe théoriquement entre 15 et 20 dinars, selon le syndicat. En pratique, certains n’hésitent pas à « alléger » le client (notamment les bébés) de 30 dinars et peut-être plus, dans des cas urgents.
Sur un autre plan, à tort ou à raison, certains praticiens se plaignent que la profession soit lésée parce que la kinésithérapie est très souvent assimilée et réduite à la simple pratique du massage. Or ce dernier n’est qu’un mode de soin parmi une multitude de pratiques.
Cette marginalisation de la spécialité pousse actuellement les kinés à valoriser leur travail et plaider pour un secteur sain. Forces de l’Ordre, autorités de tutelle et médias sont là pour les aider à ce faire. A préciser que la Tunisie enregistre chaque année 200 nouveaux diplômés en la matière.
Cela dit, il est peut-être bon de mettre certaines choses au point. Aucune profession ne peut échapper aux pratiques douteuses de certains énergumènes. Qu’il s’agisse des kinés ou de ces centres de massage, on trouve partout des brebis galeuses, y compris dans le corps médical. Ce qui serait peut-être intéressant pour le citoyen, pour les centres de massage et pour les kinés est une réglementation à jour. Qu’on le veuille ou pas, ces centres de massages et les services qu’ils offrent sont fortement appréciés. C’est une tendance internationale qu’on trouve aussi bien en Tunisie que dans le monde. On ne voit vraiment pas pourquoi les kinés voudraient empêcher l’activité d’un « corps de métier » naissant et en vogue. Le législateur pourrait leur accorder des autorisations sous forme de centre de bien-être par exemple qui peuvent dispenser des massages thaï et autres, comme on le voit partout dans le monde. Ces centres pourraient, eux aussi, se regrouper dans un syndicat sous l’UTICA, ce qui leur supprimerait cette « illégalité » , organise le secteur et clarifie la situation pour le client.
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