
12 constituants se sont exprimés ce vendredi 16 juin 2017 dans un manifeste pour exprimer leur étonnement face au rendu des jugements et verdicts prononcés à l’égard des non-jeûneurs. Pour Nadia Chaâbane, Amira Marzouk, Monia Benasr Ayadi, Chokri Yaïch, Karima Souid, Mohamed Nejib Khila, Salma Baccar, Manel Kadri, Ali Bechrifa, Mahmoud El May, Fatma Gharbi et Nefissa Wafa Marzouki, ces jugements contreviennent aux droits et libertés pourtant consacrés par la Constitution.
Des « dérapages » de la part du juge « censé être le protecteur naturel des droits et libertés » qui s’est érigé en « redresseur de l’ordre moral menaçant directement les libertés individuelles » tels sont les termes de ce manifeste-pamphlet dont voici le texte intégral :
Nous Constituant-es tenions à rappeler qu’une des batailles que nous avons menées concernait l’indépendance de la justice. Nous avions des convictions et tenions à ce que notre Constitution soit à la hauteur des attentes de tous ceux et celles qui se sont battus pour les libertés et la dignité. Nous étions convaincus de la nécessité d’avoir une justice indépendante pour bâtir une démocratie. Mais l’indépendance de la justice ne la dispense pas d’être exemplaire dans son rapport à la loi et au droit et de se conformer à son rôle premier, celui de faire respecter la loi et protéger les droits et libertés.
Aujourd’hui, nous tenons à exprimer notre étonnement face à certains jugements où les verdicts sont pour le moins extrêmement curieux car portant atteinte aux droits et libertés, les deux jugements de Bizerte tout récemment illustrent parfaitement ce dérapage. Le juge censé être le protecteur naturel des droits et libertés s’est érigé en « redresseur de l’ordre moral » menaçant directement les libertés individuelles.
La Liberté de religion qui est une liberté fondamentale et absolue(art6) recouvre deux réalités, la liberté de conscience et la liberté de pratique cultuelle. Cette liberté inscrite dans la Constitution de 1959 a été consolidée dans celle de 2014 et ne contient aucune disposition limitative. La loi édicte également qu’il n’est pas permit de porter atteinte aux libertés individuelles et ni à l’égalité des citoyens devant la loi (art21). Il n’est pas non plus permit de remettre en cause l'essence même des droits et libertés (art 49).
En l’absence de texte législatif condamnant des non-jeûneurs dans l’ensemble de l’arsenal législatif tunisien, le jugement de Bizerte est non seulement anticonstitutionnel mais constitue aussi une violation du code pénal.
Dans cette affaire un juge a osé porter atteinte à la Constitution et a détourné la loi. Pour se faire, il a fait référence à un texte pris dans un chapitre du code pénal qui porte sur les agressions sexuelles et les atteintes à la pudeur et l’a utilisé en dehors de son contexte (c’est une violation manifeste du code pénal)…
Se taire face à cet abus de droit, celui de juger, c’est entériner un précédent et ouvrir la porte à une forme d’instrumentalisation des lois. Le juge n’a pas vocation à réécrire la loi mais à l’appliquer. Le principe fondateur du droit pénal, est le principe de la légalité pénale dont la loi est l’unique source. Le juge possède un pouvoir d'interprétation de la loi mais celle-ci doit être restrictive en matière pénale.
Le juge n’a pas le droit de se baser sur ses préférences personnelles et doit appliquer la loi en se dispensant de porter atteinte au texte fondamental qu'est la Constitution. Le juge du tribunal de Bizerte a soit involontairement violé la Constitution par méconnaissance et ce serait grave, soit il l'a fait sciemment et c'est alors encore plus préoccupant.
K.H (avec communiqué)

Commentaires (11)
CommenterComment garantir la Constitution
VOUS ETES LA OU LE PEUPLE VOUS MIS, POUR NOUS GUARANTIR NOS LIBERTES...
OU EST LA COMMISSION de la justice dans ce parlement comique...........
Allah yenalou ainsi que les terroristes frères
compassion du juge aux frères terroristes islamistes
faites votre travail
BIZERTE NE SERA JAMAIS KABUL
Ce qu'on a omis de mettre dans la constitution
"Le devoir de cacher sa joie."
Les non jeûneurs se révoltent face à un pays conquis par les terroristes
Effort louable mais...
La constitution il n'en n'ont cure..comme les promesses, elle n'engage que ceux qui y croient...nous avons un mufti de la république, nous avons un ministre des "affaires religieuses"...la couleur est annoncée...comme le dit souvent Hatem, c'est la politique des étapes...on avance, on teste, si ça réagis on recule pour mieux revenir à la charge un peu plus tard...une SEULE et UNIQUE solution: SEPARATON TOTALET ET DEFINITIVE du religieux et du politique...sans ça, tout le reste ne sera que sparadrap sur jambe de bois!
Hannibal
Y a t il une loi qui permet de punir les juges?
Les Juges doivent se conformer à la loi et à la Constitution
Les Juges (***) doivent mettre de côté leurs convictions politiques et religieuses et faire appliquer la loi selon les modalités de la Justice (Droit) et se référer à la Constitution ***, la Justice tunisienne est très politisée alors qu'elle doit être neutre.
Bravo aux députés, j'espère que ce mouvement fera boule de neige.