Le sport tunisien entre mirage et désillusion, une lecture chiffrée...
Par Hassen Zargouni
En Tunisie, le nombre de licenciés évoluant dans près de 800 clubs sportifs sous l'égide d'une quarantaine de fédérations (football, basket-ball, ... handisport, ... Échecs...) est de l'ordre de 150.000 jeunes, soit près 3% des 9 à 35 ans. Ce taux est de 1% dans le sud-ouest et de 5% au centre-est. En comparaison, la moyenne européenne est de l'ordre de 25% ! Avec les programmes d'encouragement de la pratique sportive en Europe (Sport pour tous), près de 60% des Européens auraient participé à ces activités sportives organisées par les communes et les collectivités locales européennes. Il est à rappeler qu'en Tunisie, la mise à disposition d'équipements sportifs et l'encouragement à la pratique sportive est du ressort des 350 municipalités.
En termes de budgets, le sport accapare près de 300 millions de dinars, dont la majorité est financée par des privés souvent au black allant à 80% au football et dont 90% vont vers 4 clubs seulement.
Le sport d'élite reçoit très peu de budget de l'Etat, malgré ce qu'il apporte à la Tunisie en termes de visibilité dans les joutes sportives internationales.

Le programme sport pour tous et la démocratisation de la pratique des différents sports ne dispose pas de budget significatif. La grande partie du budget public provient des recettes du Promosport, qui est concurrencé aujourd'hui par les jeux clandestins (Planet...) qui font un ravage chez nos jeunes désœuvrés.
Le paradoxe est que même pour ce qui concerne le football, le nombre de licenciés est d'à peine 40.000 jeunes, chiffre très faible compte tenu de l'engouement populaire que suscite ce sport, le basketball 7000...
Après il ne faut pas s'étonner de nos performances sportives à l'échelle nationale et internationale. Il ne faut pas s'étonner que les gens réagissent mal quant à nos résultats aux jeux olympiques car ils ne comprennent pas ce qu'est le sport de haut niveau et ses contraintes (ne l'ayant jamais côtoyé), il ne faut pas s'étonner de l'obésité, des cardiopathies et autres maladies dues à une mauvaise hygiène de vie. Il ne faut pas s'étonner que l'esprit olympique de l'éthique sportive soit absent, en témoignent les malheureux incidents de Sousse du 16 août. Il ne faut pas s'étonner que beaucoup de nos jeunes soient attirés par les chants des sirènes terroristes car la pratique sportive est souvent un bouclier contre l'extrémisme.
Enfin, si vous cherchez sur Internet l'image de notre pays, la Tunisie, tous secteurs confondus (art, culture, économie...) vous allez vous rendre compte que près de 80% des attributs de bonne image viendraient des performances de nos athlètes dans les sports individuels...
Il faut changer tout ça !