Comme ça l'Aleca ruinera l'économie Tunisienne mais nous serons tous déjà partis chez les G'werra.

Le responsable des négociations sur l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) pour la Tunisie, le Maroc et les Etats Unis, Ignacio Garcia Bercero, a rencontré, mardi 19 avril 2016, des journalistes tunisiens pour répondre à leurs interrogations concernant ce sujet.
En effet, le 1er round des négociations sur l'ALECA entre la Tunisie et l'UE ont démarré, lundi 18 avril, à Tunis.
Selon M. Bercero, ce nouvel accord vise à élargir l'Accord d'association signé en 1995 concernant la zone de libre échange pour les produits manufacturés et qui prévoyait uniquement l'élimination des tarifs douaniers pour le commerce des produits industriels. Donc, le seul avantage des produits tunisiens étaient de pouvoir être exportés vers l'UE à droit de douane nul. L'ALECA permettra d'inclure d’autres secteurs et permettra d’établir une convergence réglementaire dans laquelle la Tunisie s’engage dans certains domaines à faire coïncider sa règlementation avec celle de l’UE.
La décision de se lancer dans ces négociations a été murement réfléchie par les deux parties, affirme M. Bercero, en expliquant que ce premier round était plutôt un exercice de qualification où la partie tunisienne a pu poser ses interrogations sur les propositions de l’UE.
Autre point sur lequel le négociateur a insisté est le fait que les deux parties ont opté pour une transparence totale des négociations en rendant publics les textes de négociation, afin de favoriser l’implication constructive de la société civile et de dissiper les malentendus.
Bien que la date du prochain round n’ait pas encore été fixée, M. Bercero estime qu’elle se fera vers la fin de l’année prochaine, le temps que les études d’impacts de cet accord sur l’économie tunisienne, commandées par les autorités du pays, soient disponibles.
Ignacio Garcia Bercero a précisé que les négociations seront faites sur la base de deux principes : l'asymétrie (en prenant en considération l’écart important entre le niveau de développement entre la Tunisie et l’UE) et la progressivité (selon un calendrier mis en place par les deux parties sur des domaines et des produits en particulier choisis par la Tunisie, en bénéficiant d’une mise à niveau pour accéder au marché européen).
Interrogé sur le fait que cet accord sera basé sur une étude commandée par l’Union européenne, le responsable a précisé que la Tunisie va commander ses propres études, d’ailleurs c’est pour cela que le prochain round ne se fera pas avant la fin de cette année le temps que ces études soient prêtes.
Interrogé par Business News sur les thèmes sensibles, M. Bercero a reconnu que l’agriculture sera un thème où les négociations seront délicates, vu que certaines filières ne sont pas compétitives, mais il a rappelé que la Tunisie possède un potentiel important dans la production d’huile d’olive et de fruits.
Autre point, Business News a rapporté au négociateur les mises en garde émises par l’ancien ministre du Commerce et membre dirigeant du CPR Abdelwahab Matâar, qui estime que l’accord va déboucher vers des changements dramatiques pour le pays dans tous les domaines et qu’il va avoir des répercussions instantanées et directes sur les choix économiques et l’avenir du pays, en opérant des changements dans le modèle économique de la Tunisie et en mettant en échec les revendications de la révolution. En outre, M. Matâar considère que l’ALECA favorisera le commerce non-équitable et donnera la priorité aux opérateurs européens, notamment dans le domaine de l’énergie.
Réagissant à ces propos, bien que sur le coup le négociateur paraissait abasourdi, il a consenti que le débat sur cette association est légitime, en expliquant qu’il ne veut pas intervenir dans le débat politique sur ce sujet. Il a souligné que le débat sera public en toute transparence et que n’importe quel Tunisien pourra suivre l’évolution des débats.
Ignacio Garcia Bercero a précisé que c’est le gouvernement tunisien qui choisit son modèle économique et que c’est également sa volonté d’aller vers une intégration plus poussée de la Tunisie dans l'économie européenne : c’est à la partie tunisienne de définir où l’accord sera le plus avantageux pour elle et que cette négociation entre dans le cadre d’un choix stratégique des gouvernants de la Tunisie de maintenir des liens forts avec l’Europe. Il a noté que rien n’empêche le pays de développer des relations commerciales approfondies avec d’autres parties. «Ce n’est pas un choix exclusif !», a-t-il indiqué.
M. Bercero a expliqué, en outre, que l’Europe ne demande pas des privilèges pour ses investisseurs mais une non-discrimination en ayant la possibilité de participer à des marchés.
Les négociations tourneront autour de 13 volets. Les délais varieront entre deux ans et demi à trois ans, a précisé le négociateur en soutenant que le plus important est que le rythme soit adéquat pour la partie tunisienne. Selon sa propre expérience, il estime que deux années sont suffisantes pour achever ce genre de négociation mais qu’il faudra attendre au moins un an pour que les textes soient adoptés par le parlement européen, et tout ceci sans compter le temps d’entrée en vigueur selon le calendrier qui sera mis en place.
Pour la mobilité des personnes, l’ALECA ne débattra que de la mobilité des professionnels, ce qu’il appelle le "Mercato".
Pour Ignacio Garcia Bercero, il est évident que les deux parties tunisienne et européenne vont trouver un terrain d’entente, qui sera dans leur intérêt mutuel et qui sera en réponse à un choix stratégique de la Tunisie. Bien sûr, la Tunisie devra se mettre au diapason de l’UE en termes de norme et cette dernière va fournir à notre pays, à cet effet, une aide de coopération technique, une mise à niveau et une aide financière (dont le montant sera fixé durant les négociations, selon les domaines de priorités identifiées par les autorités tunisiennes)
«Les Tunisiens sont très bien préparés et ils défendront leurs intérêts», a-t-il conclu.
Imen NOUIRA

Commentaires (5)
CommenterOk en contrepartie de la suppression des visas Schengen
Comme ça l'Aleca ruinera l'économie Tunisienne mais nous serons tous déjà partis chez les G'werra.
wait and see
Kali la wa dimna
@gg l'économie entière menacée
s'ouvrir à l'europe sans limites équivaut à une ouverture mondiale ex : le textile made in bangladesh transitera par l'Italie ou la France pour atterrir en Tunisie sans frais de douane et bam. autrement dit le moindre secteur ou on est pas leader mondial sera foutu avec cet accord et que je sache on est nul part leader mondial
Attentiooooooon!
En Europe, ce type de concurrence entre les pays de l'Est et le noyau dur historique de l'UE, a créé des situations dramatiques pour les premiers.
Il se trouve que j'ai travaillé durant quelques mois à Tunis, l'an dernier. La différence de rendement avec les pays de l'UE, au niveau du temps de travail (réellement travaillé) et de la productivité, est telle qu'on peut attendre des effondrements de secteurs entiers de l'économie tunisienne.
Vraiment, il va falloir établir des garde-fous efficaces, sinon ce sera la catastrophe pour la Tunisie.