
Le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aissa, s’est voulu, dans une déclaration à Mosaïque Fm ce mercredi 29 avril 2015, rassurant quand à la mise en œuvre du projet de loi portant création du Conseil supérieur de la magistrature.
«On vit actuellement une période difficile de gestation, où les débats vont se poursuivre et la commission de législation générale de l’ARP continuera à apporter les modifications qu’elle juge nécessaires à ce projet», a estimé M Ben Aissa, ajoutant «personnellement, je suis optimiste quant au respect des délais, comme précisé par le Tribunal administratif, et quant au contenu du texte de la loi. Je suis sûr qu’on va parvenir à une formule consensuelle de ce projet».
Pour sa part, la présidente de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Raoudha Karafi, était sceptique. «Nous espérons que l’ARP va interagir positivement avec les demandes et doléances des magistrats relatives au projet de loi portant création du Conseil supérieur de la magistrature», a-t-elle affirmé.
Mme Karafi a prévenu, par contre, que si la situation continue sur cette lancée, vers une volonté de mettre la main à nouveau sur le pouvoir judiciaire et vers sa soumission et son contrôle, les magistrats vont continuer leur mouvement afin de ne pas retourner à l’ancien système judicaire.
On rappelle que l’AMT avait décrété une grève générale les 28 et 29 avril courant dans tous les tribunaux.
I.N
J'ai oublié de vous dire aussi que j'ai aimé le qualificatif de "Rachem" auquel le ministre de la justice serait bientôt réduit.
Ce terme me rappelle effectivement "Tourh CHKOUBA" au café du SOUK.
Vous semblez quand même ignorer que les prérogatives du ministre seraient plus étendues puisqu'il sera chargé de suivre la construction des tribunaux, méritant aussi le qualificatif de « Chef Chanti », il s'occupera aussi de la maintenance, et de bien d'autres tâches ingrates .
Bref notre ministre de la justice serait, grâce à la révolution du « jasmin » le plus illustre des « Factotum » avec rang de ministre, et pourquoi pas ministre d'État.
Gouvernement de juges, vous dites, eh bien sachez que les magistrats tunisiens creusent leurs tombes de leurs propres mains. Ils se dénigrent les uns les autres, participent à l'élaboration de listes pour se démettre les uns les autres, jouent des coudes pour se positionner dans la hiérarchie du corps de la magistrature et usent de calculs pour se hisser aux postes des uns les autres.
Le mal de la justice a, de tout temps, résidé dans le fait que l'État n'a jamais 'uvré, réellement, à l'élaboration d'une véritable charte consacrant le principe de neutralité des juges, notion plus large que l'indépendance , seule à même de permettre de cantonner le juge dans sa mission première , c.à.d. celle dire le droit et de trancher les litiges entre justiciables, loin des querelles médiatiques et politiques.
À force de vouloir s'arroger tous les pouvoirs, le bureau exécutif de l'AMT conduit le corps de la magistrature, tout droit, vers l'affrontement avec un pouvoir politique qui finira par prendre le dessus sur les velléités hégémoniques d'un groupuscule de magistrats qui ne représentent nullement la profession.
Ceci dit, j'ai aimé quand même que vous vous interrogiez sur la capacité des magistrats à " être les meilleurs hommes à nous gouverner".
Moi, de ma part, j'en doute fort.
La justice a fait l'objet, depuis la révolte des gueux, à une action de destruction systématique débouchant sur l'effritement de l'appareil judicaire et la mise à la retraite des hauts magistrats, ceux-là même qui auraient pu tenir l'organe judiciaire loin des querelles et des influences politiques.
Les artisans de cette débâcle sont bien connus des gens de justice, toutes professions confondues, avec à leur tête les anciens membres du bureau exécutif de l'association des magistrats, l'ancien bâtonnier des avocats, certains droits de l'Hommiste, se révélant être à la solde de chancelleries étrangères et bien évidemment Mohamed Ghanouchi qui, pour sauver sa tête, était prêt à donner tout le monde.
À suivre la situation, il semble qu'elle illustre bien l'état de la justice tunisienne, jamais aussi mise à mal par ses propres enfants en quête de positionnement pour des postes de fonction et de privilèges plutôt que pour redorer le blason d'une justice qui était bien plus au service du citoyen et de la préservation des intérêts de l'État, du temps de Bourguiba et de Ben Ali, quels que soient les griefs qu'on lui attribue, que cette justice délirante en quête de l'installation d'un « Gouvernement des juges », comme si les magistrats étaient les meilleurs hommes à nous gouverner .
Le ministre actuel de la justice, avec ses grands airs de révolutionnaire, sera bientôt réduit à un simple « Racham » dans un jeu de cartes, et la « Chkouba » de Rahmouni &Co ne tardera pas à le heurter de plein fouet si jamais l'État ne se ressaisit pas en consacrant l'indépendance de la justice tout en se gardant d'abandonner ses prérogatives en matière d'exercice de l'action publique, du ressort de l'État dans toutes les démocraties du monde.