Chroniques
Mehdi Jomâa face aux opportunistes de la révolution
Par Nizar BAHLOUL
Un mois qu’il est là et il est déjà face aux premières critiques. Ce que reprochaient les fans aveuglés des gouvernements successifs de Hamadi Jebali et Ali Laârayedh aux médias et aux partis de l’opposition est en train de se renouveler par ces mêmes gouvernants. Hier, ils criaient sur tous les toits « laissez-les travailler, cessez de leur mettre des bâtons dans les roues ! ». Aujourd’hui, ce sont eux qui s’ingèrent dans le travail de l’actuel gouvernement en trouvant à redire.
A Mehdi Jomâa, on reproche les limogeages d’incompétents placés au pouvoir. A Lotfi Ben Jeddou, on reproche une arrestation dite musclée d’un voyou de quartier. A Amel Karboul, on reproche sa présence dans une grande fiesta arrosée. Même Hamadi Jebali et Ali Laârayedh, tenus par une obligation de réserve, n’ont pas su tenir leur langue et se sont crus obligés de critiquer l’actuel gouvernement. Les martyrs assassinés depuis le 23 octobre 2011 se retournent dans leurs tombes. Tout comme les manifestants tués devant l’ambassade américaine un certain 14 septembre 2012 ou encore les salafistes décédés après une longue grève de la faim. Eux n’ont pas eu l’honneur de voir des députés aller tancer le ministre de l’Intérieur…
La lettre de mission de Mehdi Jomâa est claire. Il est tenu de remettre le pays sur les rails après trois ans de crise. On lui demande de réviser les nominations partisanes, de dissoudre les Ligues de protection de la révolution et de réussir à organiser les prochaines élections.
Le travail qu’on lui demande a commencé et les premiers résultats se font déjà sentir. Il a réussi ses visites en Algérie et au Maroc. Le dinar commence à retrouver une certaine fraîcheur face au dollar et à l’euro (une appréciation respective de 3,9% et 4,2%) et on a mis hors d’état de nuire des dizaines de terroristes. Le FMI a débloqué un prêt vital. Imed Deghij dont les vidéos quasi-quotidiennes appellent à la haine et insultent les forces vives du pays est arrêté. Et puis, il prépare une visite d’Etat aux États-Unis d’Amérique.
La vérité est que le succès, tout relatif, de Mehdi Jomâa dérange. En trente jours, il n’a pas été lynché par les médias et l’opposition comme l’a prophétisé Moncef Marzouki lors de la cérémonie de passation de pouvoirs. Barack Obama l’a invité à la Maison Blanche, alors qu’il n’a jamais téléphoné à ses deux prédécesseurs, ni à Marzouki.
Et puis, il y a ces sondages qui horripilent certains et qui placent Mehdi Jomâa en deuxième position avec 17,6%, loin devant Marzouki (14,3%), Jebali (5,2%) et Laârayedh (2,9%).
Rien que pour cela, il s’est créé trois ennemis jaloux de ne pas avoir obtenu, en deux ans et demi, une reconnaissance que lui a obtenue en un mois ! La jalousie est un péché capital et tout est bon pour décrédibiliser cet homme qui monte aux yeux de l’opinion publique.
Les chiffres des instituts de sondage qui le placent dans des positions confortables seront mis en doute.
La vérité est que les dirigeants de la non-regrettée Troïka vivent toujours dans une tour d’ivoire qui les pousse au déni de la réalité.
Ils refusent d’admettre que « leurs » médias révolutionnaires ne réussissent pas à dépasser les 1% d’audience. Ils remettent donc en doute ces résultats et pensent que les Moutawassat, TNN, Zitouna, Al Dhamir ou Al Fejr sont les plus regardés et les plus lus en Tunisie.
Ils refusent d’admettre que les sondages de Sigma, Emrhod, 3C sont réels. Ils remettent en doute ces résultats et opposent les leurs sans rire. Et les leurs ont été réalisés dans les cafés populaires, comme l’a dit un jour un certain Mohamed Henid, chargé de la communication du président de la République.
Ils refusent d’admettre que les partenaires étrangers n’acceptent pas de traiter avec des incompétents, quand bien même ils seraient légitimes.
La vérité est que les dirigeants de l’ancienne Troïka ne connaissent pas vraiment la Tunisie et les Tunisiens et n’ont aucune idée du fonctionnement de l’Etat.
Partant du principe qu’ils ont été militants, ils se sont crus plus patriotes que les autres et plus légitimes que tout le monde pour occuper des postes de haute responsabilité.
Ils ont oublié que les Tunisiens étaient face à la gueule du loup et menaient, quand même, un rythme de vie qui leur faisait oublier l’oppression.
Alors qu’ils s’attendaient à des lendemains meilleurs, ce mode de vie est depuis trois ans remis en question. Les médias ne leur parlent plus de Zine El Abidine Ben Ali et Imed Trabelsi, certes, mais maintenant c’est pire. Ils leur parlent désormais d’Abou Iyadh, de Kamel Gadhgadhi et d’Imed Deghij. Au lieu de les hisser vers le haut, les oppressés d’hier les attirent vers le bas.
L’arrivée de Mehdi Jomâa sonne le début du commencement d’un petit bout de rêve. Le rêve de voir une Tunisie gouvernée par des hommes d’Etat et non par des hommes à la solde d’un sidi cheïkh. Le rêve de voir un président charismatique unissant tous les citoyens et non un président qui leur parle de toilettes et qui divise les Tunisiens en azlem et révolutionnaires, en niqabées et en séfirate. Le rêve de voir des dirigeants proposer des solutions pour l’avenir et non des dirigeants revanchards cherchant à régler leurs comptes personnels.
Mehdi Jomâa a une feuille de route bien définie par le Quartet. Il devrait compter désormais avec cette nouvelle donne : ses prédécesseurs ne vont pas le laisser travailler correctement. Ils ont profité de la révolution durant deux ans et demi et entendent continuer encore. Ça leur déplait fortement qu’il réussisse là où eux ont échoué. Le succès de Mehdi Jomâa signifiera leur échec aux prochaines élections puisque les preuves de leur incompétence éclateront devant leurs propres sympathisants. Il ne s’agit plus de médias de la honte et de sondages truqués, il s’agit maintenant de faits palpables. Que l’on ne s’étonne pas alors, les prochains jours, de voir des élus illégitimes de l’ANC convoquer les membres du gouvernement pour un oui ou pour un non. Que l’on ne s’étonne pas de leurs déclarations sulfureuses contre Mehdi Jomâa et ses ministres. Ils feront tout pour retrouver le pouvoir quitte à défendre les voyous, à crédibiliser les sondages de café et à passer les rayons de soleil au tamis en plein printemps post-révolutionnaire.
Un mois qu’il est là et il est déjà face aux premières critiques. Ce que reprochaient les fans aveuglés des gouvernements successifs de Hamadi Jebali et Ali Laârayedh aux médias et aux partis de l’opposition est en train de se renouveler par ces mêmes gouvernants. Hier, ils criaient sur tous les toits « laissez-les travailler, cessez de leur mettre des bâtons dans les roues ! ». Aujourd’hui, ce sont eux qui s’ingèrent dans le travail de l’actuel gouvernement en trouvant à redire.
A Mehdi Jomâa, on reproche les limogeages d’incompétents placés au pouvoir. A Lotfi Ben Jeddou, on reproche une arrestation dite musclée d’un voyou de quartier. A Amel Karboul, on reproche sa présence dans une grande fiesta arrosée. Même Hamadi Jebali et Ali Laârayedh, tenus par une obligation de réserve, n’ont pas su tenir leur langue et se sont crus obligés de critiquer l’actuel gouvernement. Les martyrs assassinés depuis le 23 octobre 2011 se retournent dans leurs tombes. Tout comme les manifestants tués devant l’ambassade américaine un certain 14 septembre 2012 ou encore les salafistes décédés après une longue grève de la faim. Eux n’ont pas eu l’honneur de voir des députés aller tancer le ministre de l’Intérieur…
La lettre de mission de Mehdi Jomâa est claire. Il est tenu de remettre le pays sur les rails après trois ans de crise. On lui demande de réviser les nominations partisanes, de dissoudre les Ligues de protection de la révolution et de réussir à organiser les prochaines élections.
Le travail qu’on lui demande a commencé et les premiers résultats se font déjà sentir. Il a réussi ses visites en Algérie et au Maroc. Le dinar commence à retrouver une certaine fraîcheur face au dollar et à l’euro (une appréciation respective de 3,9% et 4,2%) et on a mis hors d’état de nuire des dizaines de terroristes. Le FMI a débloqué un prêt vital. Imed Deghij dont les vidéos quasi-quotidiennes appellent à la haine et insultent les forces vives du pays est arrêté. Et puis, il prépare une visite d’Etat aux États-Unis d’Amérique.
La vérité est que le succès, tout relatif, de Mehdi Jomâa dérange. En trente jours, il n’a pas été lynché par les médias et l’opposition comme l’a prophétisé Moncef Marzouki lors de la cérémonie de passation de pouvoirs. Barack Obama l’a invité à la Maison Blanche, alors qu’il n’a jamais téléphoné à ses deux prédécesseurs, ni à Marzouki.
Et puis, il y a ces sondages qui horripilent certains et qui placent Mehdi Jomâa en deuxième position avec 17,6%, loin devant Marzouki (14,3%), Jebali (5,2%) et Laârayedh (2,9%).
Rien que pour cela, il s’est créé trois ennemis jaloux de ne pas avoir obtenu, en deux ans et demi, une reconnaissance que lui a obtenue en un mois ! La jalousie est un péché capital et tout est bon pour décrédibiliser cet homme qui monte aux yeux de l’opinion publique.
Les chiffres des instituts de sondage qui le placent dans des positions confortables seront mis en doute.
La vérité est que les dirigeants de la non-regrettée Troïka vivent toujours dans une tour d’ivoire qui les pousse au déni de la réalité.
Ils refusent d’admettre que « leurs » médias révolutionnaires ne réussissent pas à dépasser les 1% d’audience. Ils remettent donc en doute ces résultats et pensent que les Moutawassat, TNN, Zitouna, Al Dhamir ou Al Fejr sont les plus regardés et les plus lus en Tunisie.
Ils refusent d’admettre que les sondages de Sigma, Emrhod, 3C sont réels. Ils remettent en doute ces résultats et opposent les leurs sans rire. Et les leurs ont été réalisés dans les cafés populaires, comme l’a dit un jour un certain Mohamed Henid, chargé de la communication du président de la République.
Ils refusent d’admettre que les partenaires étrangers n’acceptent pas de traiter avec des incompétents, quand bien même ils seraient légitimes.
La vérité est que les dirigeants de l’ancienne Troïka ne connaissent pas vraiment la Tunisie et les Tunisiens et n’ont aucune idée du fonctionnement de l’Etat.
Partant du principe qu’ils ont été militants, ils se sont crus plus patriotes que les autres et plus légitimes que tout le monde pour occuper des postes de haute responsabilité.
Ils ont oublié que les Tunisiens étaient face à la gueule du loup et menaient, quand même, un rythme de vie qui leur faisait oublier l’oppression.
Alors qu’ils s’attendaient à des lendemains meilleurs, ce mode de vie est depuis trois ans remis en question. Les médias ne leur parlent plus de Zine El Abidine Ben Ali et Imed Trabelsi, certes, mais maintenant c’est pire. Ils leur parlent désormais d’Abou Iyadh, de Kamel Gadhgadhi et d’Imed Deghij. Au lieu de les hisser vers le haut, les oppressés d’hier les attirent vers le bas.
L’arrivée de Mehdi Jomâa sonne le début du commencement d’un petit bout de rêve. Le rêve de voir une Tunisie gouvernée par des hommes d’Etat et non par des hommes à la solde d’un sidi cheïkh. Le rêve de voir un président charismatique unissant tous les citoyens et non un président qui leur parle de toilettes et qui divise les Tunisiens en azlem et révolutionnaires, en niqabées et en séfirate. Le rêve de voir des dirigeants proposer des solutions pour l’avenir et non des dirigeants revanchards cherchant à régler leurs comptes personnels.
Mehdi Jomâa a une feuille de route bien définie par le Quartet. Il devrait compter désormais avec cette nouvelle donne : ses prédécesseurs ne vont pas le laisser travailler correctement. Ils ont profité de la révolution durant deux ans et demi et entendent continuer encore. Ça leur déplait fortement qu’il réussisse là où eux ont échoué. Le succès de Mehdi Jomâa signifiera leur échec aux prochaines élections puisque les preuves de leur incompétence éclateront devant leurs propres sympathisants. Il ne s’agit plus de médias de la honte et de sondages truqués, il s’agit maintenant de faits palpables. Que l’on ne s’étonne pas alors, les prochains jours, de voir des élus illégitimes de l’ANC convoquer les membres du gouvernement pour un oui ou pour un non. Que l’on ne s’étonne pas de leurs déclarations sulfureuses contre Mehdi Jomâa et ses ministres. Ils feront tout pour retrouver le pouvoir quitte à défendre les voyous, à crédibiliser les sondages de café et à passer les rayons de soleil au tamis en plein printemps post-révolutionnaire.
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