Chroniques
De l'art de défoncer des portes ouvertes

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Par Marouen Achouri
"Le terrorisme, c'est mal ! ", "Donner la parole aux terroristes, ce n’est pas bien ! ", "Les terroristes, on doit tous les tuer !". Voilà le niveau du débat aujourd'hui en Tunisie quand on parle de terrorisme et surtout quand on parle du traitement médiatique de ce phénomène nouveau qu'est le terrorisme.
Justement, la première des questions qui se posent, est ce vraiment un phénomène nouveau en Tunisie? Il est établi que la Tunisie a déjà eu maille à partir avec le terrorisme bien avant la révolution et les récents événements. Dans les sciences de la psychologie, il est avéré et prouvé scientifiquement que le degré de possibilité perçue d'un événement dépend directement de la fréquence à laquelle la personne est exposée dans les informations. Pour faire plus clair, quand on regarde aux infos des nouvelles sur des attentats terroristes, la probabilité d'en être soi même victime augmente inconsciemment. Pourtant, cette réalité n'est étayée par aucune donnée statistique. Les accidents de la route tuent beaucoup plus que les attentats terroristes. Cette réalité fait que le terrorisme aujourd'hui est traité avec un biais certain.
Le terrorisme est également traité en Tunisie sous un scope religieux. Différents cheikhs se sont succédé sur les plateaux télé pour nous expliquer, tantôt, que certains des terroristes tués sont en fait des martyrs, tantôt, pour nous dire que la religion n'a rien à voir là dedans. Les deux approches sont fausses et ne permettent pas d'aborder le problème comme il se doit. Evidemment, il est hors de question de considérer les terroristes tués comme étant des martyrs. Ce ne sont pas des héros et toute personne qui se livre à de telles activités ne peut se prévaloir du haut degré de reconnaissance attribué aux martyrs. De l'autre côté, le fanatisme qui conduit aux pratiques terroristes prend bien naissance dans une certaine compréhension de la religion. Une compréhension largement partagée dans certaines mosquées et dans certains discours fanatiques. Par conséquent, la mauvaise compréhension de certains préceptes de la religion alimentée par des discours haineux et fondamentalistes est l'une des pistes qui mènent vers le terrorisme.
Il existe une autre piste qui se trouve négligée dans le traitement de ce phénomène qu'est le terrorisme. A-t-on vu des terroristes riches? A-t-on entendu parler de terroristes issus des beaux quartiers de Tunis? Il est évident que les personnes recrutées pour devenir des terroristes, surtout opérationnels, appartiennent à des milieux sociaux défavorisés. Plusieurs travaux ont établi ce lien entre la situation sociale de certains jeunes et leur propension à devenir des terroristes à travers la recherche de repères, la recherche de soi et la recherche d'objectifs.
Ce constat n'est pas une particularité du terrorisme supposé "musulman" auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Toutes les sectes, toutes les idéologies trouvent un terreau favorable dans ces myriades de jeunes perdus, défavorisés et en perte de repères. La rhétorique des pauvres discriminés et des horizons bouchés a de tout temps été utilisée pour recruter et embrigader. L'Etat et la société civile se doivent de conjuguer leurs efforts pour casser cette dynamique qui alimente les rangs des terroristes. Lors d'une conférence de presse tenue à la suite des événements de Raoued, le ministre de l'Intérieur a évoqué le chiffre de 8000 jeunes qui auraient été empêchés de rejoindre les rangs des terroristes en Syrie. Chiffre effrayant.
Pourquoi nos jeunes sont-ils dans un tel état de désarroi et de perdition? Pourquoi 8000 jeunes tunisiens sont si désespérés qu'ils adhérent à une idéologie violente et poussent le vice jusqu'à vouloir se sacrifier et se battre dans un pays qui n'est pas le leur pour des intérêts qui les dépassent?
C'est une véritable crise de valeurs dont souffre la Tunisie aujourd'hui et ce n’est pas en martelant des évidences et en distribuant les jugements que cette crise se résoudra. Ce ne sera pas « Captain Obvious » qui sauvera notre pays de la perdition dans laquelle il patauge. Le terrorisme n'est qu'un des symptômes de ce mal profond qui nous ronge. Le terrorisme reste un phénomène douloureux qui engendre des victimes bien réelles. C'est aussi un événement largement couvert et commenté par les médias. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. La crise de valeurs engendre également un discours politique de bas niveau, un débat social médiocre et une violence latente, quotidienne et continue.
Le traitement de cette crise peut se faire sur deux plans parallèles, le répressif et le préventif. La répression doit se faire au niveau du combat contre le terrorisme mais également par la condamnation, par les instances spécialisées, des manifestations de cette perte de valeurs. Il n'est pas question de censurer ou de réprimer le progrès, mais il s'agit de protéger l'ensemble de valeurs communes qui font des Tunisiens une société ayant une culture commune.
La prévention, quant à elle, doit commencer à l'école en inculquant à nos enfants un socle de valeurs communes, un minimum de principes sociaux qui permettent une cohabitation pacifique et créatrice entre les personnes. Il n'est pas question de brider les aspirations ou de museler les talents. Il s'agit de nous placer sur un piédestal de hautes valeurs morales.
"Le terrorisme, c'est mal ! ", "Donner la parole aux terroristes, ce n’est pas bien ! ", "Les terroristes, on doit tous les tuer !". Voilà le niveau du débat aujourd'hui en Tunisie quand on parle de terrorisme et surtout quand on parle du traitement médiatique de ce phénomène nouveau qu'est le terrorisme.
Justement, la première des questions qui se posent, est ce vraiment un phénomène nouveau en Tunisie? Il est établi que la Tunisie a déjà eu maille à partir avec le terrorisme bien avant la révolution et les récents événements. Dans les sciences de la psychologie, il est avéré et prouvé scientifiquement que le degré de possibilité perçue d'un événement dépend directement de la fréquence à laquelle la personne est exposée dans les informations. Pour faire plus clair, quand on regarde aux infos des nouvelles sur des attentats terroristes, la probabilité d'en être soi même victime augmente inconsciemment. Pourtant, cette réalité n'est étayée par aucune donnée statistique. Les accidents de la route tuent beaucoup plus que les attentats terroristes. Cette réalité fait que le terrorisme aujourd'hui est traité avec un biais certain.
Le terrorisme est également traité en Tunisie sous un scope religieux. Différents cheikhs se sont succédé sur les plateaux télé pour nous expliquer, tantôt, que certains des terroristes tués sont en fait des martyrs, tantôt, pour nous dire que la religion n'a rien à voir là dedans. Les deux approches sont fausses et ne permettent pas d'aborder le problème comme il se doit. Evidemment, il est hors de question de considérer les terroristes tués comme étant des martyrs. Ce ne sont pas des héros et toute personne qui se livre à de telles activités ne peut se prévaloir du haut degré de reconnaissance attribué aux martyrs. De l'autre côté, le fanatisme qui conduit aux pratiques terroristes prend bien naissance dans une certaine compréhension de la religion. Une compréhension largement partagée dans certaines mosquées et dans certains discours fanatiques. Par conséquent, la mauvaise compréhension de certains préceptes de la religion alimentée par des discours haineux et fondamentalistes est l'une des pistes qui mènent vers le terrorisme.
Il existe une autre piste qui se trouve négligée dans le traitement de ce phénomène qu'est le terrorisme. A-t-on vu des terroristes riches? A-t-on entendu parler de terroristes issus des beaux quartiers de Tunis? Il est évident que les personnes recrutées pour devenir des terroristes, surtout opérationnels, appartiennent à des milieux sociaux défavorisés. Plusieurs travaux ont établi ce lien entre la situation sociale de certains jeunes et leur propension à devenir des terroristes à travers la recherche de repères, la recherche de soi et la recherche d'objectifs.
Ce constat n'est pas une particularité du terrorisme supposé "musulman" auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Toutes les sectes, toutes les idéologies trouvent un terreau favorable dans ces myriades de jeunes perdus, défavorisés et en perte de repères. La rhétorique des pauvres discriminés et des horizons bouchés a de tout temps été utilisée pour recruter et embrigader. L'Etat et la société civile se doivent de conjuguer leurs efforts pour casser cette dynamique qui alimente les rangs des terroristes. Lors d'une conférence de presse tenue à la suite des événements de Raoued, le ministre de l'Intérieur a évoqué le chiffre de 8000 jeunes qui auraient été empêchés de rejoindre les rangs des terroristes en Syrie. Chiffre effrayant.
Pourquoi nos jeunes sont-ils dans un tel état de désarroi et de perdition? Pourquoi 8000 jeunes tunisiens sont si désespérés qu'ils adhérent à une idéologie violente et poussent le vice jusqu'à vouloir se sacrifier et se battre dans un pays qui n'est pas le leur pour des intérêts qui les dépassent?
C'est une véritable crise de valeurs dont souffre la Tunisie aujourd'hui et ce n’est pas en martelant des évidences et en distribuant les jugements que cette crise se résoudra. Ce ne sera pas « Captain Obvious » qui sauvera notre pays de la perdition dans laquelle il patauge. Le terrorisme n'est qu'un des symptômes de ce mal profond qui nous ronge. Le terrorisme reste un phénomène douloureux qui engendre des victimes bien réelles. C'est aussi un événement largement couvert et commenté par les médias. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. La crise de valeurs engendre également un discours politique de bas niveau, un débat social médiocre et une violence latente, quotidienne et continue.
Le traitement de cette crise peut se faire sur deux plans parallèles, le répressif et le préventif. La répression doit se faire au niveau du combat contre le terrorisme mais également par la condamnation, par les instances spécialisées, des manifestations de cette perte de valeurs. Il n'est pas question de censurer ou de réprimer le progrès, mais il s'agit de protéger l'ensemble de valeurs communes qui font des Tunisiens une société ayant une culture commune.
La prévention, quant à elle, doit commencer à l'école en inculquant à nos enfants un socle de valeurs communes, un minimum de principes sociaux qui permettent une cohabitation pacifique et créatrice entre les personnes. Il n'est pas question de brider les aspirations ou de museler les talents. Il s'agit de nous placer sur un piédestal de hautes valeurs morales.
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