Le vote concernant les amendements proposés à l’article 73 suscite des polémiques. Il y a déjà eu l’incident provoqué par Samia Abbou qui a accusé les élus d’Ennahdha d’être des traîtres, mais il y aura certainement, et sans aucun doute, d’autres élus des différents blocs, qui seront visés par la même accusation.

Le texte original de cet article 73 propose une limite d’âge de 75 ans au candidat à la présidence de la République et que celui-ci ne soit pas titulaire d’une autre nationalité.
L’amendement propose de faire sauter cette limite d’âge, à l’instar de tous les pays démocratiques, et un engagement du candidat à la présidence d’abandonner toute autre nationalité s’il est élu président.
Cette proposition a fait réagir Samia Abbou (et d’autres) qui y voient un marché entre Ennahdha et Nidaa Tounes et qui veut ouvrir la voie à Béji Caïd Essebsi.

C’est au moment du vote de l’amendement qu’on constate les incohérences des députés. L'incompréhension est de mise et on ne sait plus qui est avec qui.

Parmi ceux qui ont voté pour l’amendement, d’après les enregistrements réalisés par l’observatoire Marsad, on retrouve par exemple des CPRistes comme Slim Ben Hmidène et Ikbal Msadâa dont le groupe est pourtant fort déterminé à imposer cette limite d’âge, afin de barrer la voie aux anciens RCDistes. Toujours dans l’incohérence, Samia Abbou qui a déclenché la polémique et crié sur tous les toits qu’elle tient à cette limite d’âge a voté pour l’amendement, c'est-à-dire à ouvrir la voie à tout candidat quel que soit son âge.

De l’autre côté, c'est-à-dire ceux qui ont voté contre l’amendement, on retrouve sans surprise des élus comme Habib Ellouze, Azed Badi, Samir Ben Amor ou Abdelwaheb Maâtar. Mais avec eux, on retrouve des élus du bloc démocratique tels Issam Chebbi, Maya Jeribi, Karim Krifa ou Mahmoud Baroudi.

Parmi les abstentionnistes, toujours selon les observations de Marsad, on retrouve Haythem Belgacem et Amor Chetoui (CPR), Habib Khedhr (Ennahdha) et Mohamed Fadhel Moussa (Massar).
Au total, au niveau du CPR, on retrouve 8 pour l’amendement et 3 seulement contre, ce qui est totalement illogique avec l’esprit de ce groupe.
Au niveau du groupe démocratique, on retrouve 20 pour l’amendement (ce qui est logique) et 5 contre.
Les plus conséquents sont les élus du groupe Wafa qui enregistre sept refus, mais une acceptation quand même !

Interrogé par Business News, l’élu Mahmoud Baroudi s’explique quant à son vote et déclare que le texte est ambigu et propose deux parties, l’une consacrée à l’âge et l’autre consacrée à la nationalité exclusive. Pour lui, le texte de l’amendement doit être réécrit de telle sorte qu’on sépare ces deux parties pour que l’on puisse voter clairement la question de l’âge et encore plus clairement la question de la nationalité. D’après lui, il ne veut pas de limite d’âge pour le candidat du président de la République, mais refuse catégoriquement qu’une personne ayant une autre nationalité se présente aux élections sans avoir abandonné ses autres nationalités d’abord.
C’est ce qui explique l’incohérence d’après Mahmoud Baroudi qui reste confiant que les choses reprendront leur cour normal dès aujourd’hui dimanche 12 janvier 2014.