Tribunes
Démocratie, dictature, démocrature … Quel choix pour la Tunisie ?

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Par Mohamed Sahbi Basly*
Comme il était prévisible , le dialogue national tant attendu par le peuple , pourtant initié par une certaine classe politique et longtemps revendiqué par celle-ci , à coup de démonstrations publiques souvent festives à la rupture du jeûne pendant le mois de Ramadan ,puis par un sit-in , fort sympathique qui n'avait plus sa raison d'être à la rentrée lorsque les citoyens ont préféré accompagner leurs enfants à l'école à l'occasion d'une rentrée scolaire - presque sans ministre de l'éducation- pour bien montrer qu'un ministre n'est plus aussi indispensable aujourd'hui, mais qui, par contre, démontre fort bien que nos gouvernants ont hérité d'une administration performante qu'ils ont , délibérément tenté sans résultats à ce jour, de la disloquer ou de la domestiquer .
Ce dialogue disais-je, a mis du temps pour commencer, renvoyé à plusieurs reprises , lorsqu'il a démarré seulement il y a quelques semaines déjà, ce fut dans un climat de méfiance et parfois de défiance, résultat logique d'une accumulation d'erreurs de part et d'autres, de confrontations inutiles, de malentendus, que la toute nouvelle classe politique en assume pleinement la responsabilité. Apprentissage de la démocratie me diriez-vous ...? Pas uniquement cela ... Essayons d'analyser la situation politique de la Tunisie trois années après le 14 Janvier 2011.
Pour commencer, il faut savoir qui a initié ce dialogue et dans quels buts..? Il faut également connaître les acteurs de ce dialogue qui souhaitent vouloir passer de la légitimité électorale à la légitimité consensuelle ou si vous préférez au consensus National, par ailleurs nécessaire si on souhaite encore à ce jour que cette transition politique soit démocratique et pacifique.
Ceux qui ont initié ce dialogue d'abord , sont essentiellement deux organisations professionnelles importantes ,qui se sont souciées de leurs intérêts immédiats ,- ce qui est fort louable - tellement leurs intérêts, ceux des travailleurs et de l'entreprise économique , convergent avec l' intérêt supérieur de l'état et celui de la population, préoccupations que les politiques toutes tendances confondues ont presque totalement négligées une fois arrivés au pouvoir, obnubilés qu'ils sont à ce jour par les échéances électorales futures que nous attendons depuis un peu plus de deux ans et qui d' ailleurs tardent à venir.
Quant aux acteurs de ce dialogue, une poignée de partis politiques qui semble-il sont représentés à l'Assemble constituante...? Sauf que la moitié de ces partis présents à ce jour à ce dialogue qu'on ose qualifier de national, n'ont à ma connaissance pas participé aux échéances électorales du 23 octobre 2011. De quoi s'agit-il ? Est ce que des députés élus parce qu'ils sont indépendants, ne le sont plus depuis le 23 octobre ? Ou bien s'agit-il d'un opportunisme politicien qui met les échéances électorales prochaines plus importantes que la mission pour laquelle ils ont été élus ..? Je n'ose pas imaginer que leur statut de députés à été purement et simplement acheté par des opportunistes politiques, comme on achète de la marchandise au souk du coin ....? Je ne souhaite pas imaginer que des élus du peuple trahissent à ce point le contrat moral qui les liait aux électeurs ...?
Pourtant tout porte à croire que nous abordons Cette deuxième république tunisienne avec des valeurs qui n'ont rien avoir avec celles de 1959, lorsque de vrais militants pour la liberté et la dignité ont payé de leurs vies pour que la Tunisie soit libre et indépendante.
Ce dialogue avait buté dès le début sur le choix d'un président du gouvernement pour quelques mois. Ce blocage interpelle plus d'un, en effet, il est permis de penser que si le choix d'une personne pour diriger un autre gouvernement provisoire, n'a pu recueillir l'unanimité des "forces" en présence aussi facilement ,c'est qu'il y a déjà danger que ce gouvernement se pérennise comme l'ont fait messieurs les députés de l'Assemblée constituante qui, au passage, sont payés deux fois plus que les députés tunisiens d'avant le 14 Janvier 2011 . Si tel est le cas, l'argument selon lequel nous souhaitons un gouvernement non politisé et indépendant pour garantir la transparence des prochaines échéances électorales devient dans ce cas un leurre, et un subterfuge pour cacher une autre vérité celle de vouloir déloger avant terme des partis arrivés au pouvoir, en brandissant l'arme de l'intérêt général et national, à défaut de pouvoir les déloger par les urnes ..
Dans toutes ces situations, on oublie de dire que le peuple qui observe depuis le 23 octobre 2011 cette mascarade politique, sera tenté de sanctionner toute cette classe politique par un abstentionnisme aux prochaines élections ; ce qui malheureusement préparera le terrain pour les extrémismes de droite comme de gauche. Qui doit assumer les conséquences d'un tel résultat ? Un gouvernement de technocrates comme on essaye de nous le faire ingurgiter telle une potion magique ...? Certainement pas, la classe politique toutes catégories confondues, se doit d'assumer les conséquences d'une transition démocratique, que nous souhaitons pacifique, et qui répond aux aspirations du peuple encore en attente d'un véritable changement et non des promesses qui n'ont que trop duré depuis le 14 janvier 2011.
Plus que jamais, le peuple a besoin qu'on lui parle, qu'on épouse ses craintes et ses doutes, plus que jamais il a besoin d'un discours sincère ....! Et ce ne sont pas les technocrates qui vont satisfaire sa soif de liberté ....! Tout le monde s'accorde à dire que la Tunisie ne peut être gouvernée qu'au centre, cependant force est de constater que ce centre constitue aujourd'hui le ventre mou de l'ossature politique qui forme la Tunisie actuelle.
Quels scénarios donc pour notre engagement sur le chemin de la démocratie, pour la dignité, la prospérité et l'emploi, et comment pourrions-nous marcher ensemble pour une nouvelle république débarrassée de ses anomalies, sans rancune, ni regrets, résolument orientée vers un avenir commun et prospère pour tous les Tunisiens sans discrimination aucune. C'est la que réside le défi essentiel de demain.
Pourtant de sérieux dangers guettent cette révolution citoyenne, risques inhérents à l'absence de culture politique, et à l’absence de la tradition du vivre ensemble tout en étant différents. Cette société à l'instar de toutes les sociétés arabo-musulmanes a toujours souhaite un guide qui lui tient lieu de boussole, un vrai leader, qui inspire la force tranquille, juste et loyal, qui sert la République et son peuple et qui défend les intérêts supérieurs de la Tunisie à savoir son indépendance et sa souveraineté . Cet homme est dans l'imaginaire de tout Tunisien, sauf que cet homme n'existe pas et n'existera plus. Car l'avenir se conjugue au féminin, la seule que nous devons suivre c'est : La liberté. C'est la recette qui sied le mieux aux Tunisiens de disposer d'eux mêmes aujourd'hui, c'est aussi conforme à notre façon d'être et notre façon de faire.
J'avance cette thèse d'autant plus convaincu , qu'il n'est plus permis de penser à un retour en arrière dans le processus engagé.
Force est de croire que la Tunisie ne redeviendra plus une dictature car ces trois années passées malgré leurs lots d'incertitudes ont pu enraciner des valeurs nouvelles et contribuer à la consolidation d'une société civile à même de défendre à tout prix les acquis de la République et ceux de la Nation.
Ancien Ambassadeur, Président du parti Al Mustakbal
Comme il était prévisible , le dialogue national tant attendu par le peuple , pourtant initié par une certaine classe politique et longtemps revendiqué par celle-ci , à coup de démonstrations publiques souvent festives à la rupture du jeûne pendant le mois de Ramadan ,puis par un sit-in , fort sympathique qui n'avait plus sa raison d'être à la rentrée lorsque les citoyens ont préféré accompagner leurs enfants à l'école à l'occasion d'une rentrée scolaire - presque sans ministre de l'éducation- pour bien montrer qu'un ministre n'est plus aussi indispensable aujourd'hui, mais qui, par contre, démontre fort bien que nos gouvernants ont hérité d'une administration performante qu'ils ont , délibérément tenté sans résultats à ce jour, de la disloquer ou de la domestiquer .
Ce dialogue disais-je, a mis du temps pour commencer, renvoyé à plusieurs reprises , lorsqu'il a démarré seulement il y a quelques semaines déjà, ce fut dans un climat de méfiance et parfois de défiance, résultat logique d'une accumulation d'erreurs de part et d'autres, de confrontations inutiles, de malentendus, que la toute nouvelle classe politique en assume pleinement la responsabilité. Apprentissage de la démocratie me diriez-vous ...? Pas uniquement cela ... Essayons d'analyser la situation politique de la Tunisie trois années après le 14 Janvier 2011.
Pour commencer, il faut savoir qui a initié ce dialogue et dans quels buts..? Il faut également connaître les acteurs de ce dialogue qui souhaitent vouloir passer de la légitimité électorale à la légitimité consensuelle ou si vous préférez au consensus National, par ailleurs nécessaire si on souhaite encore à ce jour que cette transition politique soit démocratique et pacifique.
Ceux qui ont initié ce dialogue d'abord , sont essentiellement deux organisations professionnelles importantes ,qui se sont souciées de leurs intérêts immédiats ,- ce qui est fort louable - tellement leurs intérêts, ceux des travailleurs et de l'entreprise économique , convergent avec l' intérêt supérieur de l'état et celui de la population, préoccupations que les politiques toutes tendances confondues ont presque totalement négligées une fois arrivés au pouvoir, obnubilés qu'ils sont à ce jour par les échéances électorales futures que nous attendons depuis un peu plus de deux ans et qui d' ailleurs tardent à venir.
Quant aux acteurs de ce dialogue, une poignée de partis politiques qui semble-il sont représentés à l'Assemble constituante...? Sauf que la moitié de ces partis présents à ce jour à ce dialogue qu'on ose qualifier de national, n'ont à ma connaissance pas participé aux échéances électorales du 23 octobre 2011. De quoi s'agit-il ? Est ce que des députés élus parce qu'ils sont indépendants, ne le sont plus depuis le 23 octobre ? Ou bien s'agit-il d'un opportunisme politicien qui met les échéances électorales prochaines plus importantes que la mission pour laquelle ils ont été élus ..? Je n'ose pas imaginer que leur statut de députés à été purement et simplement acheté par des opportunistes politiques, comme on achète de la marchandise au souk du coin ....? Je ne souhaite pas imaginer que des élus du peuple trahissent à ce point le contrat moral qui les liait aux électeurs ...?
Pourtant tout porte à croire que nous abordons Cette deuxième république tunisienne avec des valeurs qui n'ont rien avoir avec celles de 1959, lorsque de vrais militants pour la liberté et la dignité ont payé de leurs vies pour que la Tunisie soit libre et indépendante.
Ce dialogue avait buté dès le début sur le choix d'un président du gouvernement pour quelques mois. Ce blocage interpelle plus d'un, en effet, il est permis de penser que si le choix d'une personne pour diriger un autre gouvernement provisoire, n'a pu recueillir l'unanimité des "forces" en présence aussi facilement ,c'est qu'il y a déjà danger que ce gouvernement se pérennise comme l'ont fait messieurs les députés de l'Assemblée constituante qui, au passage, sont payés deux fois plus que les députés tunisiens d'avant le 14 Janvier 2011 . Si tel est le cas, l'argument selon lequel nous souhaitons un gouvernement non politisé et indépendant pour garantir la transparence des prochaines échéances électorales devient dans ce cas un leurre, et un subterfuge pour cacher une autre vérité celle de vouloir déloger avant terme des partis arrivés au pouvoir, en brandissant l'arme de l'intérêt général et national, à défaut de pouvoir les déloger par les urnes ..
Dans toutes ces situations, on oublie de dire que le peuple qui observe depuis le 23 octobre 2011 cette mascarade politique, sera tenté de sanctionner toute cette classe politique par un abstentionnisme aux prochaines élections ; ce qui malheureusement préparera le terrain pour les extrémismes de droite comme de gauche. Qui doit assumer les conséquences d'un tel résultat ? Un gouvernement de technocrates comme on essaye de nous le faire ingurgiter telle une potion magique ...? Certainement pas, la classe politique toutes catégories confondues, se doit d'assumer les conséquences d'une transition démocratique, que nous souhaitons pacifique, et qui répond aux aspirations du peuple encore en attente d'un véritable changement et non des promesses qui n'ont que trop duré depuis le 14 janvier 2011.
Plus que jamais, le peuple a besoin qu'on lui parle, qu'on épouse ses craintes et ses doutes, plus que jamais il a besoin d'un discours sincère ....! Et ce ne sont pas les technocrates qui vont satisfaire sa soif de liberté ....! Tout le monde s'accorde à dire que la Tunisie ne peut être gouvernée qu'au centre, cependant force est de constater que ce centre constitue aujourd'hui le ventre mou de l'ossature politique qui forme la Tunisie actuelle.
Quels scénarios donc pour notre engagement sur le chemin de la démocratie, pour la dignité, la prospérité et l'emploi, et comment pourrions-nous marcher ensemble pour une nouvelle république débarrassée de ses anomalies, sans rancune, ni regrets, résolument orientée vers un avenir commun et prospère pour tous les Tunisiens sans discrimination aucune. C'est la que réside le défi essentiel de demain.
Pourtant de sérieux dangers guettent cette révolution citoyenne, risques inhérents à l'absence de culture politique, et à l’absence de la tradition du vivre ensemble tout en étant différents. Cette société à l'instar de toutes les sociétés arabo-musulmanes a toujours souhaite un guide qui lui tient lieu de boussole, un vrai leader, qui inspire la force tranquille, juste et loyal, qui sert la République et son peuple et qui défend les intérêts supérieurs de la Tunisie à savoir son indépendance et sa souveraineté . Cet homme est dans l'imaginaire de tout Tunisien, sauf que cet homme n'existe pas et n'existera plus. Car l'avenir se conjugue au féminin, la seule que nous devons suivre c'est : La liberté. C'est la recette qui sied le mieux aux Tunisiens de disposer d'eux mêmes aujourd'hui, c'est aussi conforme à notre façon d'être et notre façon de faire.
J'avance cette thèse d'autant plus convaincu , qu'il n'est plus permis de penser à un retour en arrière dans le processus engagé.
Force est de croire que la Tunisie ne redeviendra plus une dictature car ces trois années passées malgré leurs lots d'incertitudes ont pu enraciner des valeurs nouvelles et contribuer à la consolidation d'une société civile à même de défendre à tout prix les acquis de la République et ceux de la Nation.
Ancien Ambassadeur, Président du parti Al Mustakbal
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