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Chroniques
Les aventures de Calamity Sihem !!!
02/10/2013 | 1
min
Les aventures de Calamity Sihem !!!
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Par Marouen Achouri

Il y a les tsunamis, les tremblements de terre, les inondations et les éruptions volcaniques…et il y a Sihem Badi. Dans son infinie sagesse, Dieu a choisi d’affubler la Tunisie d’une ministre de la Femme qui non seulement défigure le prestige de l’Etat mais en plus travaille à la détérioration des droits des femmes. Retour sur l’activité d’une ministre controversée.

Sihem Badi occupe le poste de ministre de la Femme et des Affaires familiales depuis le 24 décembre 2011 à la faveur de la concomitance de son parti, le CPR, avec le parti islamiste Ennahdha. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son bilan à la tête de ce ministère est mitigé. Clôturant bientôt deux ans d’activité, Sihem Badi n’aura été bonne qu’à créer des polémiques et à alimenter son propre égo à la tête de ce ministère. Agée de 46 ans, la ministre de la Femme est un vrai personnage. Elle aura le mérite, au moins, de ne laisser personne indifférent. Les femmes dites libérées et les associations la détestent et les islamistes voient en elle l’incarnation de la femme de principe, courageuse, qui est devenue ministre à la force du poignet mais qui n’oublie pas ses valeurs arabo-musulmanes.

Sihem Badi s’est illustrée par ses propos et par les polémiques qu’elle a suscités plus que par son apport à la cause des femmes tunisiennes à tel point qu’elle est devenue ce qu’on appelle « une bonne cliente » pour les médias. En invitant la ministre de la Femme sur un plateau télé ou dans une émission de radio, on est sûr d’avoir une petite phrase ou une déclaration qui fera le bonheur de la sphère internet tunisienne. La réplique de « buvez l’eau de la mer » a fait couler beaucoup d’encre et a suscité des milliers de commentaires et de réactions sur les réseaux sociaux. Toutefois, on ne peut lui prêter cette expression avec certitude en l’absence d’enregistrement.
Par contre, on peut lui prêter avec certitude le fait qu’elle considère le mariage coutumier (orfi) comme une liberté personnelle. La polémique suscitée par de tels propos l’a poussée à faire un rétropédalage quelques jours plus tard. On peut également affirmer que la ministre de la Femme s’est illustrée, malgré son penchant pour les apparitions médiatiques, par une absence complète sur des dossiers qui concernent pourtant directement son département. Nous n’avons pas le souvenir d’une position claire et tranchée de la ministre concernant les affaires d’Amina, la Femen tunisienne. Elle a également brillé par son absence lors de la polémique concernant le prédicateur koweitien Nabil Al Aouadi qui s’était mis à voiler de petites filles dans la région de Zarzis. A la décharge de la ministre, ce prédicateur avait été accueilli à l’aéroport par Imed Daïmi, son patron au CPR.

Un seul article ne suffirait pas à dresser un bilan de l’activité débordante de la ministre de la Femme durant ses presque deux années d’exercice. Cependant, on peut rappeler certains faits graves qui mettent à mal, non seulement l’image du ministère, mais l’ensemble de l’Etat tunisien. Quand une ministre est soupçonnée de favoritisme et de népotisme, en employant la fille d’un autre ministre ou en octroyant des avantages à des membres de sa famille en envoyant sa sœur au Caire aux frais de la princesse par exemple, le discrédit est jeté sur l’ensemble de l’exécutif. Quand une plainte est déposée contre une ministre car elle engloutit des centaines de litres d’essence par mois, c’est toute la crédibilité, déjà chancelante, du gouvernement qui est touchée. Le plus ironique, c’est que Sihem Badi compte parmi les défenseurs les plus farouches de la « rupture avec les méthodes de l’ancien régime », un des chantres de « la punition des symboles de l’ancien régime ». Ceci ne l’empêche pas d’acquérir une somptueuse villa en bord de mer…

Sihem Badi s’illustre également sur le plan politique. Ses participations aux meetings du CPR et surtout d’Ennahdha restent celles d’une ministre habitée par un discours d’exclusion, de haine et de populisme. Quand Sihem Badi déclare au cours d’un meeting d’Ennahdha que « le CPR est un parti croyant », que pourrions-nous en déduire ? La première et la plus évidente des conclusions est que la ministre tente de se « vendre » auprès des décideurs d’Ennahdha pour qu’elle puisse garder son minuscule siège de ministre. Certaines rumeurs disent qu’elle aurait très mal pris la démission de Hamadi Jebali suite au meurtre de Chokri Belaïd car cela l’avait placée de facto sur la sellette.

A l’instar de son président, Moncef Marzouki, et de ses compères du CPR, Sihem Badi s’est illustrée par un attachement viscéral à son siège de ministre qu’elle ne semble pas prête à quitter malgré toutes les polémiques dont elle fait l’objet suite aux bourdes qu’elle a commises. Renvoyer la directrice du CREDIF, Dalenda Larguéche, alors que tous les acteurs de la société civile et les cadres du ministère s’accordent à dire que cette dame est extrêmement compétente n’est pas de nature à faire peur à notre ministre.
Pire encore, la ministre Sihem Badi ne bronche pas en énonçant des contre vérités. Interrogée sur la situation actuelle de la fillette de 3 ans qui avait été violée dans une crèche, Sihem Badi avait affirmé que son ministère prodiguait à l’enfant un suivi psychologique et social et que cette fillette est entourée de la meilleure des manières qui soient ! Manque de pot pour la ministre, le père de la fillette est intervenu en direct sur les ondes pour démentir les propos de Sihem Badi et pour demander à la ministre de le laisser, ainsi que sa famille tranquilles…

Sihem Badi illustre à elle seule l’incompétence, l’arrogance et le manque d’honnêteté du gouvernement actuel. C’est peut être pour cela qu’elle cristallise autour d’elle tant de rejet. Le ministère de la Femme n’est pas un poste honorifique, il y a un réel travail à faire. Jihad Ennikah, la prostitution, le travail des fillettes, les écoles coraniques, les agressions sexuelles sur mineurs sont autant de sujets douloureux et brûlants dont souffre la société tunisienne. Ce n’est certainement pas grâce à Sihem Badi que l’on commencera à les résoudre…

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