Arrivée devant l’ANC au Bardo, l’immense foule composée de plusieurs dizaines de milliers de personnes de tout âge, avoisinant les 100.000 manifestants, a commencé à entonner l’hymne national. Plusieurs manifestants portaient, en plus des drapeaux de la Tunisie,  de grands portraits de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. D’autres encore endossaient des tee-shirts avec les portraits des deux martyrs.

Jean Luc Mélenchon qui avait assisté au recueillement sur la tombe de feu Mohamed Brahmi, était aussi  présent ce soir à cette manifestation au Bardo aux côtés de Basma Khalfaoui.


Echauffée par l’émotion, la foule scandait tantôt des slogans hostiles au gouvernement tels que : « Ghannouchi assassin », « le peuple veut faire tomber le régime » ou encore « Dégage », tantôt des slogans ironiques à l’encontre du parti au pouvoir comme «Aujourd’hui Ennahdha va tomber, rentre chez toi parti du chocotom ».


Les députés et des personnalités de la société civile, ainsi que les enfants de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi  tenant les portraits de leurs pères ont chanté l’hymne national sur l’estrade face à la foule qui les accompagnait de son chant avec émotion et ferveur.

Lors de son intervention, Hamma Hammami a annoncé l'intention de monter la protestation d'un cran réclamant le départ du gouvernement et annoncé la grève de la faim qu'ont décidé d'entamer certains députés.

Le leader du Front populaire a par ailleurs annoncé la tenue d’un sit-in mené par le Front du Salut à la Kasbah à partir du lundi 9 septembre avant de s’étendre sur tout le territoire national.


Ensuite un cheikh a tenu un prêche à la foule dans lequel il a condamné la remise en doute de l’islamité des Tunisiens par un parti politique, les meurtres politiques et le terrorisme.


Pour finir, Béji Caïed Essebsi a tenu un discours rassurant et rassembleur. Rassurant sur l’union entre tous les partis de l’opposition et rassemblant dans la mesure où il a insisté sur la nécessité de rester unis et solidaires face à l’ennemi pour sortir la Tunisie de la profonde crise dans laquelle elle se débat. Le leader de Nidaa Tunis a affirmé que « seul le peuple est détenteur de la légitimité » et « aucune légitimité n’est supérieure à celle du peuple ». Raison pour laquelle il sortira vainqueur de cette bataille.

Béji Caïed Essebsi a fortement condamné les meurtres de Lotfi Nagdh, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi  et a ponctué ses propos par des versets du Coran, déclarant qu’ils sont morts en martyr et non inutilement.

Pour l’anecdote : quand on lui a tendu un verre d’eau pendant qu’il faisait son discours, Béji Caïed Essebsi n’a pas manqué l’occasion d’ironiser, par sous-entendu, sur les dernières déclarations de Rached Ghannouchi selon lesquelles tout va bien en Tunisie puisque les Tunisiens jouissent de l’eau, de l’électricité et leurs salaires sont versés à temps.

Il a conclu par la promesse  que la mobilisation et le combat continueront jusqu’à ce que la Tunisie sorte de l’étau qui la serre et il a ajouté « qu’il n’y aura de cesse avant que la vérité sur les meurtres des martyrs ne soit faite, que leurs assassins et surtout leurs commanditaires ne soient identifiés et révélés».