
Le procès en cour d’Appel de Ala’ Yaâcoubi alias Weld El 15 s’est déroulé aujourd’hui 25 juin à la Cour d’Appel de Tunis pendant des heures en présence d’une dizaine d’avocats qui ont plaidé en sa faveur. Des députés de l’Assemblée nationale constituante et avocats de métier ont, également, assisté à l’audience, on y a vu Samia Abbou, Saida Garach et Karima Souid venues porter leur soutien à la cause de la liberté d’expression.
Au début du procès, le juge à procédé à l’interrogatoire de l’accusé Weld El 15 qui a écopé, en première instance, de deux ans de prison ferme. Cet interrogatoire a été interrompu par l’avocat Mokhtar Trifi qui a interpellé le juge sur sa façon de reprendre les réponses de Weld El 15 avec une certaine ironie, l’accusant ainsi de prendre position avant le jugement et l’appelant à faire preuve de plus d’impartialité et de neutralité. Weld El 15 avait répondu au juge qu’il s’excuse auprès des gens honnêtes qu’il avait blessés mais pas aux autres.
Les avocats se sont relayés pour traiter, chacun, d’un aspect de l’affaire du rappeur tunisien, remettant en cause la manière dont a procédé le tribunal de première instance qui, a selon l’un des avocats, avait statué à la hâte et sans même examiner toutes les preuves et les éléments présentés dans le dossier. Les avocats ont, en outre, relevé des vices de procédures qui seraient à même d’annuler tout le procès. Aussi, l’un d’entre eux a fait remarquer au juge que celui du tribunal de première instance n’a pas voulu reconnaître le décret 115 comme loi juridique sur laquelle il fonderait son verdict.
Maître Mounir Ben Salha et maître Naceur Laâyouni ont mis l’accent sur le fait que le jugement de privation de liberté relève des pratiques de l’ancien régime et serait même pire encore, car aucun rappeur tunisien n’a été jugé de la sorte à l’époque de Ben Ali. Aussi Me Ben Salha a attiré l’attention du juge ainsi que de l’auditoire que l’inculpation de Weld El 15 s’apparente à une diversion entreprise par les autorités tunisiennes dont l’objectif est d’éviter que le peuple se préoccupe de la constitution, des élections et autres affaires importantes.
L’ensemble des avocats ont demandé un non lieu dans l’affaire de Weld El 15 et en cas où le jugement sera ajourné, ils ont demandé la libération conditionnelle immédiate de l’accusé.
Par ailleurs, nous avons noté la présence assez massive de rappeurs tunisiens devant le siège de la Cour d’Appel de Tunis ainsi que quelques figures artistiques de la scène nationale à l’instar de Nouri Bouzid et Aicha Ben Ahmed ainsi que des militants et des journalistes.
Nadya B’CHIR

