Il est 10h30, ce matin, 14 novembre 2012, et Mahmoud Baroudi est seul dans les couloirs de l’Assemblée constituante au Bardo.
Président de la commission législative chargée des secteurs des services, M. Baroudi attend. « La réunion de notre commission devait débuter à 10h et il n’y a que quatre députés. Selon le règlement intérieur, je dois attendre jusqu’à 11h, et si les membres de la commission n’arrivent pas, je serais dans l’obligation d’annuler la séance », déplore-t-il. Notons que ce cas de figure s’est répété de nombreuses fois, dans plusieurs commissions.

Une heure plus tard, dans la salle de réunion de la commission, 8 députés seulement sont présents. Parmi les 14 élus absents, figurent notamment Rabiâa Najlaoui et Brahim Gassas, du mouvement Nidaa Tounes, Mehdi Ben Gharbia, de l’Alliance démocratique, Slaheddine Zahaf, du parti Al Joumhouri, plusieurs députés d’Ennahdha et d’autres groupes parlementaires.

Mahmoud Baroudi, irrité, décide de rappeler les élus à leurs devoirs. Sana Haddad et Salah Chouaieb, pourtant présents, justifient les absences : « Le calendrier a changé, avant nous avions la semaine des députés, pour qu'ils puissent se rendre dans leur région, une fois par mois, et les commissions se réunissaient le jeudi et le vendredi, pas en début de semaine. Nous avons diverses obligations qui nous empêchent d’assister à la réunion de la commission. La question que je me pose est : qui a pris l’initiative de changer le calendrier et de supprimer la semaine des députés ? », reproche-t-il. Sana Haddad soutiendra les arguments de M. Chouaieb, tout en avançant le fait que d’autres députés sont membres d’autres commissions qui se réunissent en même temps.

Prenant de nouveau la parole, Mahmoudi Baroudi s’indigne : « Nous avons plusieurs projets de loi en standby et nous ne pouvons pas les traiter, car les députés, absents, pourraient affirmer, lors de la séance plénière, qu’ils n’ont jamais approuvé ces projets. Ce qui aurait pour effet de ralentir encore plus les travaux… alors que tous les jours, nous leur envoyons des sms et essayons de les joindre, ils s’absentent quand même ! Je vais tenter de joindre le président de l’Assemblée pour qu’il vienne constater de lui-même le déroulement des séances et les absences », soutient-il.
Répondant aux objections de la députée d'Ennahdha, Sana Haddad, il poursuit: « Vous me parlez des commissions qui se réunissent en même temps, mais la plupart des commissions constituantes ont achevé leurs travaux et ne se réunissent plus. Au pire des cas, seules trois personnes dans cette commission sont concernées par cela, ce qui monterait le nombre des présents à quoi ? 8 ou 9 sur 22 ? Et les autres. Je vous rappelle qu’il y a des élus qui ne sont jamais venus ! », conclut le président de la commission.