
La Conférence sur le dialogue politique national initié par l’UGTT, aujourd’hui, 16 octobre 2012, au Palais des Congrès, a réuni de nombreuses personnalités politiques, économiques et de la société civile, dont, le président de la République Moncef Marzouki, le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaâfar, le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, le président de la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme, Abdessattar Ben Moussa, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Chawki Tabib, la présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, et Ahmed Mestiri, ancien ministre de Bourguiba.
Lors de son discours d’ouverture, Houcine Abassi, Secrétaire général de l’UGTT, a mis cette initiative dans son contexte et à rappelé les impératifs d’un dialogue national afin de parvenir à un consensus entre les différentes parties concernées par la réussite de la transition démocratique.
Lors de son discours, Moncef Marzouki, qui a finalement décidé d’être présent à la Conférence, soutient que l’initiative de l’UGTT est « un signe de maturité politique ». Il affirme que « la crise actuelle a contraint toutes les parties à opter pour le dialogue. C’est dans les grandes crises que naissent les grandes décisions et que disparaissent les calculs étroits et les considérations personnelles et partisanes ». Et d’ajouter : « Il est important dans cette phase décisive et délicate de l’histoire de la Tunisie et de sa Révolution de parvenir à un consensus national qui respecte et appuie la légitimité électorale mais qui n’hésite pas à employer les moyens de pression légitimes pour établir une feuille de route claire et précise susceptible d’éclairer les Tunisiens sur le chemin suivi ».
Moncef Marzouki se montre optimiste quant à l’issue du dialogue national et affirme « qu’il n’y a actuellement aucun désaccord sur le régime mixte à adopter, le refus du retour de la dictature, l’indépendance de l’ISIE, de l’instance des magistrats et des médias ainsi que la fixation de la date des prochaines élections, et ce, avant l’été prochain ».
Moncef Marzouki a également appelé à ce que des propositions claires soient rendues le 18 octobre, afin que « le 23 octobre soit un jour de fête et non de crise ».
Pour sa part, Mustapha Ben Jaâfar a salué l’initiative de l’UGTT et a confirmé l’engagement de l’ANC au dialogue, sur la base de la légitimité électorale, et son appui au Congrès du dialogue national.
Il a également insisté sur la légitimité de l’ANC, « autorité suprême du pays », et a affirmé que « si le consensus est de nature à renforcer la légitimité électorale, il ne pourra en aucun cas, s’y substituer ». Il a appelé à la création d’instances indépendantes pour les élections, la magistrature et la réforme des médias et a insisté sur l’ouverture des dossiers de la justice transitionnelle, « susceptible de garantir le succès du processus de transition ».
Le chef du gouvernement Hamadi Jebali a, de son côté, affirmé que les priorités de la période transitionnelle impliquent un consensus sur la nature du régime politique, la date des prochaines élections, la mise en place de l'Instance Supérieure Indépendante pour les Elections, de l’instance de la magistrature et celle des médias, et du mode de scrutin.
Le président de la Ligue Tunisienne des droits de l'Homme, Abdessattar Ben Moussa, a tenu à préciser, quant à lui, que la légitimité électorale était importante, mais insuffisante et qu’elle devait être complétée par une légitimé consensuelle. Il a affirmé que « le dialogue est une nécessité absolue, compte tenu de la crise politique, sécuritaire et sociale que traverse le pays actuellement ».
Dans son allocution, Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat a insisté sur l’importance de la civilité de l’Etat et du régime républicain et que la situation économique actuelle du pays, nécessitait d’urgence, un consensus autour d’une feuille de route politique, claire et précise.
Chawki Tabib, bâtonnier du Conseil de l'Ordre national des avocats, a regretté « le retard et les lacunes à relever dans ce dialogue national », mais qui « n’arrive cependant pas trop tard ». Il a également insisté sur l’ajustement à opérer sur le processus transitionnel afin de sauver la transition démocratique.
Il a affirmé qu’ « aucune solution, aux dossiers brûlants que nous n’arrivons pas encore à résoudre, ne nous sera imposée sous couvert d’une démocratie provisoire, préparant le chemin à une dictature naissance, qu’on prépare en coulisses, sous une nouvelle appellation ».
Enfin, Ahmed Mestiri, ancien ministre de Bourguiba, a tenu à mettre en garde contre les menaces identitaires qui pèsent actuellement sur la Tunisie et qui menacent son mode de vie.
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