Une session extraordinaire de l’Assemblée nationale constituante a été tenue aujourd’hui, 8 mars 2012, afin de décider des mesures à entreprendre suite aux récents événements survenus au sein de l’université de la Manouba, notamment l’offense qui a été faite au drapeau tunisien.
Le drapeau national était à l’honneur, devant le pupitre de la quasi-totalité des élus. Un consensus a été trouvé pour la rédaction d’un communiqué exprimant la condamnation de l’Assemblée constituante des faits qui se sont produits.

Noureddine Bhiri s’est notamment exprimé sur la nécessité de cesser les tensions entre les Tunisiens, pour qu’ils soient unis et afin d’éviter l’escalade des violences. Il a réaffirmé sa condamnation de tels actes qui devront être traduits en justice.
Succédant au ministre de la Justice, Maya Jribi a jugé que les déclarations étaient insuffisantes et qu’il serait souhaitable que le gouvernement prenne ses responsabilités et qu’il se présente devant l’Assemblée afin de présenter des mesures concrètes afin de mettre un terme à la violence et aux outrages perpétrés contre les symboles de la nation.

Représentant du groupe Al Aridha, Brahim Gassas a, quant à lui, fait part de son indignation face aux travaux de la Constituante qu’il considère comme étant une mascarade, prenant violemment à partie Mustapha Ben Jaâfar (lire notre article à ce sujet). Brahim Gassas verra son intervention coupée à de nombreuses reprises, et laissera finalement la parole aux autres élus.

Issam Chebbi, élu du PDP, intervient alors, dans une allocution empreinte d’émotion. Il ne manquera pas de rendre hommage à la jeune femme, militante de l’UGET, qui a fait face au salafiste sur les toits de la faculté de La Manouba, pour tenter de remettre en place le drapeau qu’il avait enlevé. Issam Chebbi s’est également indigné du silence du gouvernement face aux multiples dérives qui se sont produites à travers le pays. «Ces gens sont ceux de Bir Ali Ben Khelifa, ce sont ceux qui ont accueilli Wajdi Ghenim, ce sont ceux qui définissent la démocratie comme une mécréance, ce sont les mêmes qui entraînent la sédition entre musulmans et ceux qu’ils qualifient de mécréants, et ceux enfin qui ont fini par offenser notre drapeau». Tous ces actes doivent être condamnés, poursuit Issam Chebbi, affirmant que le gouvernement est très souvent silencieux face à ces dérives et ne prend pas les mesures nécessaires pour y mettre fin.

Souad Abderrahim a, pour sa part, salué le courage des femmes et leur combat pour l’égalité, qui leur est due, en cette journée internationale de la Femme, affirmant que cette égalité n’est pas contraire aux préceptes de l’Islam. Elle a également salué le passé d’opposantes de nombreuses femmes tunisiennes, citant notamment Maya Jribi.

Après une pause prière qui a largement dépassé le quart d’heure autorisé, les élus ont longuement débattu de questions concernant le temps de parole et la poursuite même de cette session extraordinaire. Une pièce de théâtre, jugeront les observateurs, où, pendant des dizaines de minutes, les élus débattront de ces questions d’organisation, sans évoquer le sujet pour lequel ils ont été convoqués. Finalement la séance est levée, avec pour décision la consultation du bureau en charge de l’organisation, afin de prévoir une autre session avec les membres du gouvernement et les représentants des étudiants et des universités, particulièrement celle de La Manouba, dans le but de trouver une sortie de crise aux problèmes et dérives qui ont été soulevés.