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Samir Dilou : «Toutes les pages noires de notre passé doivent être remuées et traitées»

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Dans une interview accordée au journaliste Sofiène Ben Farhat, pour le journal La Presse, hier mercredi 1er février, Samir Dilou s’explique sur les prérogatives d’un ministère fraîchement créé, notamment sur le flou qui entoure l’article 3 du décret en date du 19 janvier 2012 portant création et fixant les attributions du ministère des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle.
Selon Samir Dilou,«les textes de loi portant création de ministères, surtout ayant les prérogatives du nôtre, sont parfois intentionnellement généralistes. Deux considérations y président. Le ministère s’occupe en premier lieu des droits de l’Homme et de l’administration de la justice transitionnelle».
Une justice transitionnelle qui constitue une première en Tunisie et qui suscite ainsi «autant d’attentes et de ferveur que de peurs et d’appréhensions» dans un contexte où l’Etat est généralement perçu comme le «principal responsable des violations des droits de l’Homme».
Attribuer les droits de l’Homme à l’Etat est donc une «véritable nouveauté» et c’est pour cette raison que «nous avons délibérément opté pour que l’opération demeure ouverte». Autrement dit, l’Assemblée constituante se chargera d’établir un texte de loi réglementant la justice transitionnelle et la société civile tunisienne aura, selon ses dires, le droit à la décision et à la consultation.
Samir Dilou affirme que composer avec les associations et la société civile est à l’ordre du jour «sans arrière-pensées ni calculs idéologiques ou partisans ou politiques».
Cette justice transitionnelle s’inspirerait, selon Samir Dilou, d’autres modèles internationaux, tels que l’expérience marocaine, péruvienne et même sud-africaine, notamment en matière d’indemnisation et d’écoute.
En attestant qu’«il ne saurait y avoir de justice transitionnelle sans poursuites», Samir Dilou reconnaît tout de même que « dans toutes les expériences internationales, la justice transitionnelle est un compromis » à savoir, «le dédommagement des préjudices matériels et moraux subis par les victimes » mais aussi « le refus de l’impunité».
Pour ce faire, des procédures «intermédiaires» seront de mise : «Nous ne pouvons pas emprunter les mécanismes normaux qui prennent beaucoup de temps et génèrent des coûts élevés». Concrètement, les châtiments seront limités et les réparations et indemnisations, élargies au maximum, «le tout sans tomber pour autant dans l’impunité» avec un «côté pénal présent dans une optique de justice transitionnelle».
Samir Dilou se prononce également sur la période que couvrira la justice transitionnelle « qui dépassera les 23 dernières années » pour remonter «jusqu’à la fondation de l’Etat de l’Indépendance ». Quant à l’ordre des priorités pour les affaires traitées, le ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle déclare : «Ce sont les grandes affaires qui nous interpellent. Celles qu’il faut écrire sur des bases objectives, et non point selon l’optique du vainqueur ou de celui qui gouverne» et d’ajouter «Nous devons rouvrir les dossiers de manière à réhabiliter la vérité historique».
Lors de cette interview, Samir Dilou affirme également que la «justice transitionnelle transcende tout» et qu’elle «n’implique pas que l’Etat», englobant aussi bien des groupes armés que des individus, des groupes ethniques ou des partis politiques.
Selon lui, «toutes les pages noires ou grisâtres de notre passé doivent être remuées et traitées», mais que «le champ d’application de la justice transitionnelle ne doit pas être fixé par le gouvernement ou le ministère. Il doit résulter d’un consensus».
Synthèse de Synda TAJINE
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