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Tunisie - Devant l'UTICA, Moncef Marzouki rassure et menace

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Invité aujourd’hui 23 décembre 2011 par l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA), Moncef Marzouki, président de la République provisoire a tenu un discours devant un parterre d’hommes d’affaires, afin de rassurer les entrepreneurs quant à la situation économique et sociale difficile que vit la Tunisie.
En guise d’introduction au discours du président, Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a fermement dénoncé « la poursuite des sit-in, manifestations, ou autres grèves de la faim qui ont cours partout dans le pays, ayant entraîné la fermeture de nombreuses entreprises », réaffirmant l’attachement de l’Union au droit au travail et à la consolidation des acquis sociaux, Wided Bouchamaoui tire la sonnette d’alarme quant à ces pratiques dangereuses pour la reprise économique, n’incitant pas à l’investissement et entraînant l’augmentation du chômage et la paupérisation de la population. La présidente de l’UTICA a ainsi appelé au respect de la loi et au retour à la stabilité et à la sécurité.
Le président Marzouki a pris la parole par la suite, sous les applaudissements nourris de l’assemblée. « Le système démocratique est menacé de mort si la situation ne se stabilise pas, déclare-t-il, les gens veulent bien sûr la liberté, mais s’ils n’ont pas de quoi manger, ils préfèreront retourner à un système dictatorial qui leurs assurera leurs besoins vitaux ». Le président de la République a affirmé en effet qu’une révolution à l’intérieur de la révolution ou une contre-révolution attisée par ces mouvements sociaux mènerait le pays au désordre, à l’insécurité et au chaos.
« Nous avons une responsabilité historique, poursuit Moncef Marzouki, celle de relever le pays et le reconstruire sur des bases solides. Les entrepreneurs ne sont pas incités à investir et vivent une période difficile ». Mais il nuance quelque peu ses propos : « Certes, ce désordre et ces manifestations irritent et découragent, mais il faut également comprendre les causes de ces revendications. A chacun de faire un effort pour réparer l’injustice qu’ont subie des milliers de travailleurs. Les gens meurent de faim, comment leur faire entendre raison alors que le désespoir est immense ? ».
Le président dit alors comprendre les causes de ces agitations, mais ne met pas moins en garde contre les fauteurs de troubles : « Il faut néanmoins faire comprendre que c’est ce genre de comportement qui nous mène droit au mur. Ces sit-in et manifestations sont des opérations-suicide, renchérit-il, sous les applaudissements, et ceux qui en sont à l’origine sont responsables de la situation catastrophique dans laquelle se trouve actuellement le pays. Je me tourne vers eux, au nom du patriotisme, pour l’amour de la patrie, je réitère ma demande d’une trêve de 6 mois. Si rien n’est fait d’ici là, j’en prends l’entière responsabilité, mais maintenant lâchez les routes et laissez les gens se rendre sur leur lieu de travail ! Sinon toutes les entreprises vont fermer et partir, et à ce moment-là où est-ce qu’on va trouver les moyens de subvenir à nos besoin ? Il n’y a pas un pays dans le monde qui pourrait accepter ce suicide programmé ! ».
Marzouki demande à tous de faire preuve d’un peu de patience, mais si cette trêve n’est pas obtenue par le dialogue, il affirme fermement que les autorités feront respecter la loi. Il a déploré, par ailleurs, une mentalité d’assisté et de bureaucratie administrative qui est répandue en Tunisie et a appelé à l’esprit d’entreprise et d’initiative, sans attendre que ce soit l’État qui résolve tous les problèmes des citoyens.
S’adressant, enfin, aux hommes d’affaires, il leur a assigné quatre devoirs. Ils se doivent ainsi de respecter les droits du travailleur, respecter l’environnement, payer leurs impôts et participer à la lutte contre le chômage. Enfin, il leur a adressé un message politique, leur demandant de ne pas participer au financement des partis et ajoutant que le CPR avait toujours refusé l’argent politique. Une parenthèse qui s’éloigne sensiblement des raisons pour lesquelles Moncef Marzouki était présent à l’UTICA.
L’Assemblée semblait conquise par ce discours, ferme et déterminé, et montrait son approbation par de nombreux applaudissements, ponctuant chacune des phrases du président. Ce dernier n’ayant pas les prérogatives de ses engagements, sa présence était symbolique, dans l’attente certainement du nouveau gouvernement, auquel les entrepreneurs demandent des garanties.
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